Publié le 06/02/2020

Jean-Marie Blanchard, nommé à la direction générale de l’Orchestre de Cannes : “Travailler Ensemble”

Jean-Marie Blanchard - Direction Orchestre de Cannes

Il est nommé, depuis le 1er janvier 2020, à la tête de l’Orchestre de Cannes-Provence-Côte d’Azur. Lui, c’est Jean-Marie Blanchard, un homme à l’empathie communicative, un directeur passionné, un homme-orchestre polymorphe, éclectique, lumineux : Rédacteur en chef de la revue Musical, Conseiller artistique au Théâtre du Chatelet, Administrateur général de l’Opéra Paris-Bastille, Directeur Général de l’Opéra de Nancy et Lorraine, Directeur Général du Grand Théâtre de Genève, poste prestigieux s’il en est, qui a permis à Jean-Marie Blanchard de propulser le Grand Théâtre de Genève au premier rang des maisons lyriques européennes.

Nul doute que, par le talent de Jean-Marie Blanchard, novateur infatigable, son credo le plus cher, élargir le public de l’Orchestre de Cannes, est voué au succès.

« La Méditerranée, un cadeau quotidien »

Nous l’avons rencontré. Lors d’une conversation à bâtons rompus, il avoue être un homme de l’Est, un peu brumeux. Découvrir le soleil et la Méditerranée est, pour lui, un cadeau quotidien. Mais, quels que soient les points cardinaux, les institutions qu’il est chargé de défendre, ainsi que la manière dont elles s’adressent aux publics présents avec un grand S, la réalité régionale qui est la leur, est pour Jean-Marie Blanchard, un point crucial incontournable.

À notre question sur l’influence de la lumière sur la musique classique, Jean-Marie Blanchard répond en connaisseur :

« C'est une grande affaire allemande, une grande affaire italienne, une bonne affaire anglaise, une petite affaire française, une petite affaire espagnole. C'est un peu cela si on le schématise. Prenons l'Allemagne, Autriche, Hongrie d'un côté puis l'Italie de l'autre, ce sont des musiques contrastées, qui ne sonnent pas de la même manière, quelles que soient les époques d'ailleurs. »

« Essayer de prendre la barre et vérifier que l'on prend la bonne direction. »

L'Orchestre est à un moment relativement important de sa vie. Créé il y a une quarantaine d'année, avec comme directeur musical, un chef permanent qui en même temps, était son fondateur : Philippe Bender, l'Orchestre a engagé depuis trois ans, un jeune chef, Benjamin Levy.
Jean-Marie Blanchard renforce une équipe, il ne prend la place de personne. Il reste persuadé que la conjonction entre cet orchestre qui a 40 ans,  et l'arrivée d'un jeune chef habité par l'envie de faire entendre la musique différemment,  fait sortir la musique de ces grands rituels. Pour cela, pour la saison dite d'abonnements, il veut inventer un concept différent pour chaque concert, marquant ainsi un tournant important.
Et pour accompagner ce tournant, à travers cette petite organisation, Jean-Marie Blanchard nous dit modestement qu’il espère: « Essayer de prendre la barre et vérifier que l'on prend la bonne direction. »

« Travailler ensemble, dans le même esprit »

Jean-Marie Blanchard place l’humain au centre de sa tâche, insistant sur l’importance de l’esprit qui anime le chef et les musiciens, une envie de faire de la musique ensemble dans un esprit de complicité ou de communion.

« Nous sommes ici, dit-il, pour travailler ensemble. Je suis toujours triste lorsque je vois une espèce de dichotomie qui s'établit entre les artistes d'un côté, et de l'autre, l'administration.
 Nous allons tous dans la même direction. Notre devoir, notre mission, c'est de mettre en relation des œuvres importantes, à la fois issues d'un patrimoine ou bien contemporaines, avec les publics les plus larges et les plus variés possibles. Je crois que cela peut se passer uniquement dans un esprit de collaboration, d'échange, et de simplicité. J'espère que l'on arrivera à cela. Je suis assez confiant. Avoir des rapports sains pour essayer d'atteindre cet objectif. »

« Privilégier la qualité, l'approfondissement, au nombre »

L’Orchestre de Cannes se distingue par son dynamisme en ce qui concerne les actions pédagogiques s’adressant au jeune public, voire très jeunes, jusqu’aux étudiants. Enormément d’initiatives remarquables ont été faites. Jean-Marie Blanchard s’attachera à ce que la communication soit plus importante. La qualité, l’approfondissement, et non le nombre, seront pour le directeur un souci constant dans l’accompagnement des jeunes à la découverte de la musique. Il sera attentif à tous ces parcours avec, comme objectif, de permettre à ceux qui y participent d’entrer en profondeur dans l’émotion musicale.

« Élargir le public »

Jean-Marie Blanchard a pour objectif supplémentaire de travailler sur le public adulte, par la médiation afin de faire de ce public des auditeurs mieux informés, plus réceptifs, cette médiation s'appliquant à tous les publics, y compris les publics fidèles, dit mélomanes. Benjamin Levy a d'ailleurs instauré une relation avec le public assez particulière, où il s'adresse beaucoup au public pendant les concerts. Il se tourne vers eux. Nous avons constaté que les publics, tous, aiment beaucoup cela, y compris ceux qui suivent cet orchestre depuis près de 20 ans.

« Continuer ce que Benjamin Levy a déjà instauré auprès du public, en souhaitant de tout coeur que l'on puisse élargir petit à petit. »

S’il est une expression que le nouveau Directeur abhorre, c’est « Renouveler le public. » Ce n’est pas, dit-il, une nouvelle garde-robe ! Son souhait : garder le public présent, lui donner à écouter des choses qui le nourrissent et qu’il y ait, autour de ce public, de nouvelles gens qui viennent assister aux concerts.

« J'ai une chance extraordinaire de travailler dans ce monde où vit la musique. »

La musique a pris très tôt place dans sa vie de Jean-Marie Blanchard. Avec un père, extrêmement mélomane et pour qui, en dehors de son travail, la musique était la grande passion ; avec l’écoute de la musique dès tout petit –ce qu’il adorait déjà-, avec les concerts où il allait, même très jeune, avec son étude du violon, bien qu’il ait vite compris que le violon n’était pas fait pour lui. Adolescent, le jeune Jean-Marie rêvait de cinéma. Après une courte période d’enseignement, c’est par l’édition qu’il rencontre le monde de la musique, un monde qui deviendra son univers.

Avec Jean-Marie Blanchard le merveilleux Orchestre de Cannes s’enrichit d’un Directeur amoureux fou de culture, fourmillant d’idées et d’un pragmatisme absolu.