Publié le 22/11/2017

Aubagne, au pays de Marcel Pagnol et des santons

Marcel Pagnol - Aubagne

« Je suis né dans la ville d’Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers. Garlaban, c’est une énorme tour de roches bleues, plantée au bord du Plan de l’Aigle, cet immense plateau rocheux qui domine la verte vallée de l’Huveaune. La tour est un peu plus large que haute (…), elle monte très haut dans le ciel de Provence, et parfois un nuage blanc du mois de juillet vient s’y reposer un moment. Ce n’est donc pas une montagne, mais ce n’est plus une colline : c’est Garlaban » (Marcel Pagnol – La gloire de mon père).

Comment ne pas penser à Marcel Pagnol en parcourant les rues de la vieille ville d’Aubagne qui nous mènent tout en haut, devant l’église Saint-Sauveur, d’où l’on peur admirer cette vue imprenable sur le fameux Garlaban qui domine la plaine d’Aubagne du haut de ses 730 mètres. On raconte d’ailleurs que les marins Phéniciens s’en servaient de repère lorsqu’ils naviguaient dans la baie de Marseille.
Aujourd’hui c’est aux amoureux de la Provence qu’il sert de phare … venir à Aubagne c’est venir en pèlerinage sur les terres de Marcel Pagnol qui sont aussi celles des santonniers.

Aubagne,  une terre où abonde l’argile

L’artisanat santonnier s’est développé à Aubagne grâce à la présence importante d’argile dont l’utilisation est connue depuis l’Antiquité pour la fabrication de briques, tuiles et carreaux. Au XVIe siècle c’est la faïence, poterie en terre cuite vernissée ou émaillée, qui va contribuer à la prospérité de la ville ; au XVIIe siècle un quart des 8000 habitants d’Aubagne sont ouvriers dans les fabriques de faïence.

Le santon en terre pour les crèches familiales :

Tel que nous le connaissons, ce petit personnage est né à Marseille à la fin du XVIIIe siècle des mains d’un certain Lagnel ou Agnel.
Il est en terre cru, moulé, séché au soleil, peint et présente l’avantage d’être accessible à la plupart des bourses mais sa fragilité demeure un inconvénient.
Pour remédier à cela, une Aubagnaise, Thérèse Neveu (1866-1946), a trouvé la solution : faire cuire les petits personnages de terre. Thérèse est une pionnière : première à utiliser la cuisson, première  santonnière professionnelle. A l’emplacement de sa maison et de son atelier, aujourd’hui disparus, a été mise en place la « cité de l’art santonnier ». Un bel hommage à celle que Frédéric Mistral appelait « ma belle santonnière ».

Aujourd’hui parmi les grands noms de santonniers figure la Maison Escoffier, installée à Aubagne.

Si les santons représentent les personnages issus de la Bible mais aussi la société provençale du XIXe siècle, des nouveautés font leur apparition chaque année dont la fameuse « partie de cartes » issue de « Marius » par Marcel Pagnol. Les puristes grincent des dents mais être « santonnifié » est une consécration, même pour des personnages fictifs !

Aubagne, berceau de Marcel Pagnol

Sur l’actuel cours de Barthélémy, au numéro 16, vous pouvez visiter la maison où Marcel Pagnol a vu le jour le 28 février 1895.
On peut facilement s’imaginer son père, Joseph, jouant avec succès à la longue (jeu de boules ancêtre de la pétanque) en bas de leur maison.

On le sait moins, mais avant d’être écrivain et cinéaste, Marcel Pagnol a été professeur d’anglais. Il se fait connaître en 1928 pour son livre « Topaze » puis, les années suivantes, avec sa fameuse trilogie marseillaise « Marius, Fanny, César ».
Plus tard, le succès viendra également de ses films gravés dans la mémoire collective : « La femme du boulanger » ou encore « La fille du puisatier » mais surtout de l’écriture de ses souvenirs : « La gloire de mon père », « Le château de ma mère », « Le temps des secrets » et « Le temps des amours ». Il décède en 1974 et repose au cimetière de La Treille.

Malheureusement, plusieurs de ses films se trouvent dans un état de conservation préoccupant. Nicolas Pagnol, œuvre depuis plusieurs années pour mener à bien la restauration des pellicules et perpétuer le souvenir de son célèbre grand-père.
Le monde provençal de Pagnol et la farandole de ses personnages font partie du patrimoine. On peut les retrouver dans une exposition permanente intitulée « Le petit monde de Marcel Pagnol » dans ancien kiosque à musique, esplanade De Gaulle, constituée de plus de 200 santons et d’une bande-son. On retrouve son cadre de vie, ses amis, les personnages qu’il a créés comme César incarné par Raimu, Fanny par sa compagne Orane Demazis, Irénée du Schpountz avec les traits de Fernandel.

D’autres curiosités qui valent le détour …

– Dans le village, rue Torte, un four à pain de boulanger datant de la fin du XVIIIe siècle ou du début du XIXe siècle. Découvert en 1993, c’est aujourd’hui le siège de l’association « Les Amis du Vieil Aubagne ».

Le clocher triangulaire de l’Observance, sur la place du même nom, daté de 1623. Cette architecture atypique est le vestige du couvent des Observantins installés à Aubagne en 1610.

Le Centre d’Art de la ville, qui se déploie dans l’ancienne chapelle des Pénitents noirs depuis 2011 et propose des expositions et animations de qualité.

– Hors de la ville, chemin de Thuilière, le musée de la Légion étrangère.