Publié le 19/01/2021

Les Pénitents des Mées : balade sur des géants plurimillénaires, témoins de la formation des Alpes

La curiosité géologique des Alpes-de-Haute-Provence “Les Pénitents des Mées” constitue un témoin singulier de la formation des Alpes. Le géosite est une porte d’entrée naturelle de la Réserve nationale géographique de Haute Provence et de l’UNESCO Géoparc de Haute Provence. Visite du sentier de découverte, au coeur de la flore méditerranéenne présente sur le site, en compagnie d’un précieux guide, Claude Dominici.

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Les Pénitents des Mées sont une curiosité géologique, patrimoine des Alpes-de-Haute-Provence. Constituée de roches sédimentaires, est construit à ses pieds le village Les Mées.

"Leur légende cristallisée en rocher (…) murmure étrangement avec le vent" Jean Giono

La formation des Pénitents des Mées

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Les Pénitents des Mées depuis le village de Montfort.

Dominant la vallée de la Durance sur plus de deux kilomètres de long, les longs et étroits rochers des Pénitents des Mées culmine à une hauteur de 100 mètres. Les rochers ont été sculptés par l'érosion dans une roche composée de galets cimentés appelée poudingue. Masse d'anciens dépôts alluviaux, ce poudingue résulte de l'accumulation de matériaux arrachés aux Alpes lors de leur élévation. Les fleuves qui drainaient alors la région déversaient sables et galets dans une plaine ouverte vers la Méditerranée. Le dépôt de poudingue s'échelonne sur une période allant de 2 à 12 millions d'années.

Au fil du temps, et soumis à des processus physiques et chimiques, les alluvions meubles se sont transformées en roche dure. L'abondance des galets solidement cimentés a conféré au massif rocheux sa dureté et sa résistance à l'érosion. Avec le soulèvement alpin, l'ancienne plaine alluviale a donné naissance aux plateaux de Valensole et de Puimichel. Au cours des phases d'érosion du quaternaire, le lit de la Durance s'encaisse au sein de ses anciens dépôts ; les poudingues des Mées résistent et forment une haute barrière au-dessus de la plaine. Ce paysage plurimillénaire continue de se transformer, naturellement et aussi sous l'action de l'Homme.

Les Pénitents des Mées et ses légendes

Devant un paysage si particulier, inhabituel, est automatiquement née une légende largement ébruitée. Vers l’an 800, le comte Rimbaud, victorieux contre les Sarrasins, rapporta des croisades sept de leurs plus belles femmes afin de les conduire en son château et pouvoir en abuser… Menacé d’excommunication pour son comportement, le comte dut se résoudre à relâcher ses affriolantes prisonnières et à les livrer à un monastère près d’Arles.

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A l’occasion de ce transfert, les moines de la montagne de Lure furent chargés de former une longue haie pour protéger les belles infidèles jusqu’à la Durance, où une embarcation devait les accueillir. Les moines portaient de vastes capuchons rabattus sur leur visage, histoire de ne pas succomber au désir… Mais la légende soutient que le diable fit souffler un tel mistral que les capuchons se soulevèrent au passage des belles Sarrasines, offrant l’occasion aux moines de se délecter du spectacle. Aussitôt, le châtiment fut exemplaire : le tonnerre frappa les religieux et les pétrifia, les transformant en long cortège figé pour toujours dans la roche.

Une flore et une faune protégées

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Au-delà de son identité géologique, le site des Pénitents des Mées possède une flore et une faune diversifiées typiquement méditerranéenne dont certaines espèces sont protégées.

Au niveau de la flore, une espèce protégée est présente sur le site : la Molinie tardive (Kengia serotina). Elle est bien représentée à la chapelle Saint-Roch. Une autre espèce à enjeu est visible dans le vallon sud des Pénitents : l'Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia). Celle-ci est essentielle à la biodiversité du site puisque les chenilles de papillons patrimoniaux telles la Diane (Zerynthia polyxena) et la Proserpine (Zerynthia rumina) se nourrissent de ses feuilles.

Au niveau de la faune, le hibou Grand-duc d'Europe (Bubo bubo), le plus grand rapace nocturne d'Europe, niche dans les falaises du versant nord. Dans la forêt de ce versant, il est possible d'observer le Lucane cerf-volant (Lucanus cervus). Ce gros coléoptère occupe les souches et troncs de vieux arbres dépérissant. Les larves de Lucane consomment le bois mort et se développent dans le système racinaire des arbres.

Sources : Commune Les Mées