Publié le 14/12/2017

Adrienne Lecouvreur à Opéra de Monte Carlo “L’amour assassiné dans la tempête des passions”

Si l’histoire que nous conte l’opéra d’Adrienne Lecouvreur est tirée d’un fait réel, elle n’en est pas moins une tragédie à l’égal de la vie d’une des plus grandes actrices de la Comédie Française.

Francesco Cileo, le compositeur de cet ouvrage lyrique, est peu connu du grand public, et pourtant cette œuvre fait partie du grand répertoire à l’affiche des plus prestigieuses maisons d’opéra, comme le Convent Garden, le Metropolitan Opera, la Scala ou l’Opéra de Paris.

Créé en 1902 à Milan, l’opéra “Adrienne Lecouvreur” sera représenté par Raoul Gunsbourg à l’Opéra de Monte-Carlo en 1934.

“Costumé, avec goût, de tenue parfaite et chanteur remarquable”.
C’est en ces mots que le journal de Monaco du 29 mars 1934 mentionne la prestation du chanteur Formichi dans le rôle du régisseur Michennet et qualifie Mademoiselle Dalla Rizza de “plus ardente et vibrante que jamais dans le rôle d’Adrienne Lecouvreur”.
A mentionner également la participation des Ballets Russes dans cette production.

“Parmi les ouvrages de l’époque, c’est celui de Scribe et Legouvé qui m’a le plus marqué”.

Ainsi, le compositeur est impressionné et tombe sur le charme de cette pièce donnée à la Comédie Française en 1849.
Le livret d’Arturo Calautti évoque la passion des sentiments, la jalousie dont l’intrigue sera un acte criminel qui fanera la beauté angélique de la plus célèbre comédienne de l’époque de la Comédie Française. Drame par excellence, la musique de Cilea donne le ton de l’ivresse de l’amour, des relations amoureuses interdites et cachées, ainsi que des rivalités dans leur paroxysme extrême, l’empoisonnement par un bouquet de violettes.
Comble de l’horreur, l’être cher assassiné est une comédienne et donc, en 1730, elle est excommuniée par l’église. Cela lui vaudra, malgré son immense talent, le refus d’une sépulture religieuse.
Voltaire, dans sa révolte, en écrira ces vers : “Au temple des Merveilles, Lecouvreur à Londres aurait eu des tombeaux. Parmi les beaux esprits, les rois et les héros, quiconque a des talents à Londres est un grand homme.”
“Dieu ! Pourquoi mon pays n’est t-il plus la patrie et la gloire de nos talents !

Une nouvelle mise en scène à l’Opéra de Monte Carlo, du drame à la fascination

Cette nouvelle production de l’Opéra de Monte Carlo est mise en scène avec beaucoup de talent par Davide Livermore qui transforme avec intelligence le drame dans l’univers fascinant de la Belle Epoque. Tout met en valeur l’intrigue, les décors, les costumes et les éclairages.

La distribution des rôles est choisie avec la plus juste pertinence, Barbara Frittoli est sublime et Alberto Mastromarino sait subjuguer le public par la perfection de son interprétation, tout comme Roberto Alagna en un marquis de Saxe séducteur et intriguant jusqu’à la trahison de ses sentiments.
Pour la petite histoire, George Sand est l’arrière petite fille du marquis de Saxe.

A mentionner également l’excellente direction de Maurizio Benini à la tête de l’orchestre et des chœurs de l’Opéra de Monte Carlo qui est en parfaite harmonie avec l’ouvrage de Francesco Cilea.

“Une Sarah Bernhardt, saisissante dans le rôle d’Adrienne Lecouvreur !”

Une magnifique soirée avec un opéra on ne peut plus poignant tiré d’une histoire obscure. Sublime comédienne tout comme Adrienne Lecouvreur, Sarah Bernhardt en fut une des interprètes majeures. Un spectacle symbolique puisque c’est Sarah Bernhardt qui inaugura l’Opéra de Monte Carlo le 1879.

Enfin, pour clore cet article, je donne volontiers la parole à Francesco Cilea : “Parmi tous les ouvrages, celui de Scribe et Legouvé m’a frappé… La passion du drame, l’amour passionnel de la protagoniste touchèrent mon cœur et enflammèrent mon imagination”.

Crédit Photo à la Une : Alain Hanel