- Auteur Thierry de Lestang-Parade
- Temps de lecture 4 min
A Nîmes, la découverte du blues de Ravel avec le festival Les Volques
Retour sur le concert du samedi 6 décembre au Festival Les Volques à Nîmes. Un dialogue entre hommage à Maurice Ravel et création de Rebecca Saunders, où la jeunesse, le brio, l’excellence, et même la découverte du blues sont au rendez-vous !

Isabelle Druet, mezzo-soprano, les solistes de l’Orchestre des Siècles, sous la direction musicale de Raphaël Merlin ©MCS
Le festival Les Volques a célébré à Nîmes Ravel et Rebecca Saunders, une compositrice anglaise contemporaine, pendant une semaine, du lundi 1er au dimanche 7 décembre 2025.
La qualité de cette aventure musicale dépend du programme concocté par Carole Roth-Dauphin, directrice artistique, de l'engagement des musiciens et aussi du public.
C'est une des signatures du rendez-vous marqué le samedi 22 novembre par une grande parade dans la ville associant toutes les générations pour jouer le Boléro de Ravel.
À la découverte du blues de Ravel avec le festival Les Volques, à Nîmes
Un élève doué
Il y a vraiment le rôle crucial de la jeunesse. Des élèves du conservatoire bénéficient des classes animées par des personnalités reconnues, des pédagogues affirmés.
Oui du jazz chez Ravel !

Dans ce registre, la participation des jeunes, la présentation de deux oeuvres de Ravel le samedi 6 décembre au théâtre Christian Liger, méritent d'être soulignées. Guillaume Boyer, élève en classe de piano au Conservatoire de Nîmes, se distingue par le soin apporté à l'analyse de deux pièces, la sonate pour piano et violon et les chansons Médécasses.
Dans ces choix d'oeuvres, on retrouve l'empreinte de Carole Roth-Dauphin. Elle sait mettre en lumière des compositions novatrices.
Quand Ravel compose du ... blues
Quelle émotion d'entendre par Jean-François Heisser au piano et Renaud Capuçon Sonate pour violon et piano écrite entre 1923 et 1927.
Les bravos fusent. Les applaudissements crépitent.

« Le deuxième mouvement intitulé blues est sans doute le plus surprenant.
Oui du jazz chez Ravel ! Mais attention pas une simple copie : Ravel va s'inspirer des rythmes afro-américains et de la musique jazz qu'il affectionne plus particulièrement » remarque finement Guillaume Boyer.
Une dénonciation
Que dire à propos des chansons Madécasses associant le piano, la flûte, le violoncelle et la voix d'Isabelle Druet mezzo-soprano.
C'est incroyable. Le texte d'Evariste de Parny, poète du XVIIIème, condamne le colonialisme. Il s'inspire de Madagascar avec les paroles « méfiez vous des blancs.»
Personne ne peut douter du génie de Ravel à l'écoute de ces pièces différentes, bouleversantes, en avance sur leur époque.
Les animaux et les hommes
Cette soirée, sans la participation prévue de Mathieu Amalric pour la lecture de poèmes de Mallarmé, prend un aspect comique avec la déclamation de textes de Jules Renard tirés de Histoires naturelles de 1896. Le paon braille, le cygne siffle. Ces expressions de plusieurs animaux sont, sans doute, des invitations à rendre les hommes plus sages.
Quand la contrebasse vrombit

©MCS
Rebecca Saunders, présente à ce spectacle, marque les esprits avec Fury pour contrebasse seule. L'instrument est plus haut que la musicienne Catherine Peach, soliste de l'orchestre Les Siècles. Il est imposant comme un homme aux épaules larges et à la peau cuivrée. La contrebasse vrombit comme un bombardier en mission de guerre. C'est une plongée dans la colère, une dénonciation de la violence vaine pour la compositrice.
Des fiançailles entre deux mondes
Avec Carole Roth-Dauphin, à l'alto solo, l'exercice est différent. La partition visite bien des possibilités sonores.
C'était les fiançailles de Ravel et de la musique contemporaine lors de ce concert. Une belle union basée sur les différences et les proximités.











