- Auteur Philippe Depetris
- Temps de lecture 8 min
L’Orchestre national de Cannes, nouveaux rendez-vous Arlucs Symphonique, pour un voyage entre Orient et Occident
Après une première édition consacrée aux musiques des Îles Britanniques, l’Orchestre national de Cannes embarque le public pour une croisière en Méditerranée ! Un voyage autour des sonorités ensorcelantes et parfums enivrants des musiques orientales, provençales, italiennes ou encore espagnoles, pour de nouvelles expériences exceptionnelles.
Amel Brahim-Djelloul – “Les chemins qui montent” ©Patrick Fouque
Après une première édition consacrée aux musiques des Îles Britanniques, l’Orchestre national de Cannes pour sa saison 2024-2025, embarque le public pour une croisière en Méditerranée ! Un voyage autour des sonorités ensorcelantes et parfums enivrants des musiques orientales, provençales, italiennes ou encore espagnoles, pour de nouvelles expériences exceptionnelles.
Arlucs Symphonique, cinq rendez-vous rythmeront cette nouvelle saison
Les Chemins qui montent - Amel Brahim-Djelloul
Premier rendez-vous, sur les bords de la Méditerranée en se rendant sur les côtes algériennes où la soprano Amel Brahim-Djelloul rendra hommage à son pays natal avec Les Chemins qui montent.
De Mozart à Brahms - Kristian Benzuidenhout
Deuxième arrêt, De Mozart à Brahms, avec le pianiste Kristian Benzuidenhout, spécialiste du répertoire mozartien.
Concierto d’Aranjuez - Marie-Pierre Langlamet
Puis, départ vers l’Espagne avec la harpiste Marie-Pierre Langlamet et le Concierto d’Aranjuez dans une transcription pour harpe et orchestre.
Du Tigre au Danube - Johan Farjot
La poésie arabe s’entremêlera au programme musical pour illustrer le voyage Du Tigre au Danube avec le chef d'orchestre Johan Farjot.
De Naples à Venise - Anastasia Kobekina
Enfin l’Orchestre national de Cannes terminera son voyage en Italie De Naples à Venise pour une exploration musicale de ce pays aux multiples facettes accompagné de la violoncelliste Anastasia Kobekina, sacrée « Révélation musicale de l’année » par Opus Klassik.
Les Arlucs Symphonique, pour un voyage poétique et musical entre Orient et Occident !
Pour profiter de ces concerts au meilleurs tarifs, l’Orchestre national de Cannes propose un abonnement « Arlucs Symphonique » regroupant les cinq concerts de la formule !
Les chemins qui montent ... Amel Brahim-Djelloul, Orchestre national de Cannes, Benjamin Levy
Pour le premier rendez-vous Arlucs Symphonique, le public pourra entendre la soprano franco-algérienne Amel Brahim-Djelloul d’origine kabyle, le jeudi 14 novembre à 19h15 le dimanche 17 novembre à 11 heures à l'Auditorium des Arlucs à Cannes La Bocca, avec l’Orchestre national de Cannes placé sous la direction de Benjamin Levy dans un programme original intitulé « Les chemins qui montent » autour de chants de Kabylie et de compositions de Thomas Keck.
Amel Brahim-Djelloul qui passe avec bonheur des répertoires lyriques classiques au chant traditionnel arabo-andalou, rendra hommage à sa culture et à son pays natal à travers les chants de Kabylie qui l'accompagnent depuis son enfance. Le programme comprendra aussi des pièces classiques inspirées par une vision orientale comme l’Ouverture de Djamileh et « les adieux de l’hôtesse arabe » (orchestration de Thibault Perrine) de Georges Bizet et « Rêverie du soir » extrait de la Suite Algérienne opus 60 de Camille Saint-Saëns. Ce concert original prend tout son sens ici à Cannes sur les bords de la Méditerranée et se veut un message de partage et de fraternité dans la musique. Ce voyage musical et poétique constitue un magnifique trait d'union entre Orient et Occident. Il est aussi une manière de déconstruire les clichés et de transcender les clivages dans ces moments où le monde connait tant de souffrances.
Interview de la soprano Amel Brahim-Djelloul
Les chemins qui montent
Quel est votre parcours ?
Amel Brahim-Djelloul : Je suis née et j’ai grandi en Algérie dans une famille de musiciens. Mon grand-père jouait du tuba dans un orchestre « occidental » mais jouait aussi dans un ensemble de musique traditionnelle, transmise essentiellement de manière orale. La musique était au cœur de notre vie. J’ai appris la musique classique tout en étant baignée par ces chants de kabylie qui m’accompagnent depuis mon enfance. J’ai joué d’abord du violon mais j’étais fascinée par la voix et spécialement celle de Placido Domingo dont j’écoutais les disques à la maison. Je suis ensuite sortie major de l’école normale, ce qui m’a ouvert l’opportunité d’effectuer des stages à l’académie d’été de Nice. Cela m’a ancré dans mon désir de devenir chanteuse lyrique et je suis entrée au CNSM de Paris.
Pourquoi avoir choisi cette expression ?
Amel Brahim-Djelloul : Je suis passionnée à la fois par la projection vocale mais aussi par l’incarnation théâtrale qui s’accomplit dans le répertoire de l’opéra ou de la mélodie. Cependant après 20 ans de carrière, je me suis aperçue qu’au-delà de l’interprétation j’aspirais à la liberté de pratiquer ce métier en étant davantage à l’initiative. Cela me paraissait tellement plus intéressant. C’est ce qui a dicté l’évolution de ma carrière et fait que je me suis intéressée davantage au répertoire arabo-andalou en même temps que je pratiquais le répertoire classique.
Pourquoi ce titre « Les chemins qui montent » ?
Amel Brahim-Djelloul : Il évoque le titre du troisième roman de l’écrivain d’origine kabyle Mouloud Feraoun publié en 1957. J’ai souhaité proposer un voyage musical et poétique vers les sommets de Kabylie dont je suis aussi originaire. Issue d’une double culture, je me suis permis cette liberté d’explorer ce répertoire dont je me suis imprégnée durant toute mon enfance.
Quel est l’ADN de votre spectacle ?
Amel Brahim-Djelloul : Je me suis d’abord beaucoup passionnée pour cette expression ancestrale de tradition orale a capella. Dans la culture kabyle, le chant nait de la spontanéité et de l’improvisation ce qui lui donne toute son authenticité. Les femmes chantent de manière simple et épurée les grands événements de la vie, la situation de l’homme face à l’adversité mais aussi les petits bonheurs quotidiens, les joies simples et les peines. Je me suis attachée à capter intuitivement ce que les gens de mon pays avaient besoin d’exprimer intimement à travers la musique et la poésie.
Comment avez-vous fait évoluer cette expression ?
Amel Brahim-Djelloul : J’ai souhaité rendre hommage à cette dimension affective et artistique issue du passé que recèle la musique de mon pays natal mais en même temps l’inscrire dans une certaine contemporanéité. Pendant le confinement j’avais repris et enregistré en vidéo deux chansons d’Idir célèbre chanteur, auteur-compositeur-interprète et musicien algérien d’expression kabyle. L’accueil chaleureux que le public avait offert à ces vidéos puis à mon enregistrement et aux concerts sur le thème « Souvenirs d’Al Andalus » que j’ai produits m’a conduit à m’entourer pour l’enregistrement des « Chemins qui montent » de musiciens mêlant les traditions occidentale et orientale. J’ai sollicité Thomas Keck qui a arrangé pour ma voix les plus belles chansons d’Idir, de Djamel Allam, Djurdjura ou Taos Amrouche et enrichi ce disque de ses compositions sur des textes du poète Rezki Rabia qui reflètent toute la richesse de la langue et de la culture berbère.
Comment est née l’idée de donner ce spectacle avec l’Orchestre national de Cannes ?
Amel Brahim-Djelloul : Avec Benjamin Levy, nous étions au conservatoire ensemble et nous avons souvent collaboré. Au-delà de son talent de chef d’orchestre, de son ouverture d’esprit nourrie de délicatesse, de respect et de sensibilité, il possède une réelle fascination pour ces répertoires. C’est ainsi que nous avons eu la volonté de dérouler toute la palette des émotions et des sentiments qui animent ce programme en l’habillant d’harmonies et de couleurs instrumentales et en le reliant à des partitions de musique occidentale de Georges Bizet ou de Camille Saint-Saëns des mille irisations du monde arabe. Cela est très intense émotionnellement car ce programme prend ainsi une nouvelle force et une nouvelle dimension.
Quel message souhaitez-vous délivrer ?
Amel Brahim-Djelloul : C’est un message d’amour, de tolérance, de partage et de paix. Avec Benjamin nous venons de cultures différentes mais nous nous comprenons à travers ce langage universel qu’est la musique. Grâce à elle les frontières sont abolies, les clivages artificiels s’estompent pour laisser place à ce à quoi aspire l’humanité, la capacité à transcender les difficultés de la vie grâce à l’émotion.
Informations pratiques, réservations, billetterie "Arlucs Symphonique Saison 2024-2025"
Orchestre national de Cannes
24/26 Av. des Arlucs
06150 Cannes
Téléphone : 04 93 48 61 10
orchestre-cannes.com
Tarifs
moins de 26 ans : 6€
abonnés privilège : 18€
abonnés : 21€
pass famille : 27€
Abonnement Arlucs Symphonique
5 concerts 80 € (au lieu de 125 €)