- Auteur Léa-Sarah Perez
- Temps de lecture 6 min
L’Orfeo de Monteverdi à l’Opéra Grand Avignon – Un enchantement signé Jordi Savall
Ce vendredi 21 novembre, l’Opéra Grand Avignon a présenté L’Orfeo de Claudio Monteverdi. Un concert mémorable placé sous le signe du mythe, avec Le Concert des Nations sous la baguette du maestro Jordi Savall.

Ces vendredi 21 et dimanche 23 novembre 2025, l’Opéra Grand Avignon a présenté l’Orfeo de Monteverdi. Un concert mémorable avec Le Concert des Nations, le Chœur de l'Opéra Grand Avignon, sous la baguette du maestro Jordi Savall. Retour sur la première à grand succès, qui s'inscrit dans le mythe de la saison 2025-2026 de la grande maison d'Opéra en Avignon.

L’Orfeo de Monteverdi - Jordi Savall et le Concert des Nations à l'Opéra Grand Avignon
C’est en 1607 que Orfeo est représenté pour la première fois, marquant un tournant dans l’histoire de la musique occidentale : considéré comme le premier opéra, il introduit la technique de la monodie accompagnée (une seule mélodie, soutenue par un orchestre ou un instrument).
Composé d’un prologue et de cinq actes, cette œuvre de Claudio Monteverdi raconte le mythe d’Orphée et Eurydice, et leur amour impossible. Dirigé par Jordi Savall et interprété par Le Concert des Nations à l’orchestre, l’Opéra du Grand Avignon nous a offert une représentation aux touches modernistes, pleine de sensibilité.

Une représentation épique, aux notes minimalistes
Dès les premières notes du prologue, le public est submergé par la présence électrique de Marie Théoleyre soprano, interprétant La Musica. L’introduction d’Orfeo, annonce rapidement l’acte I, souligné par un premier changement de mise en scène : l’arrivée de fleurs aux tons roses, réparties sur l’ensemble du plateau par le Chœur de l’Opéra Grand Avignon.
Mis en scène par Pauline Bayle et Céline Gaudier, l’imagerie présentée s’inscrit dans l’esthétique minimaliste, que l’on retrouve également dans les costumes créés par Bernadette Villard. Les couleurs et la coupe des costumes s’inspirent de la mode de la Renaissance, tout en étant modernisées grâce à une ligne plus droite.
Cette signature visuelle se développe dès l’acte I, lors du mariage d’Orphée et d’Eurydice. Le Chœur de l’Opéra du Grand Avignon charme le public avec ses harmonies chaudes et flûtées. Marie Théoleyre fait son retour sur scène dans le rôle d’Eurydice, accompagnée par le baryton Mauro Borgioni, notre Orphée.
À l’occasion de la célébration de l’union des deux personnages, plusieurs musiciens du Concert des Nations montent sur scène, incarnant les musiciens du mariage.

Trois danseurs (Andrea Apadula, Loïc Faquet et Xavier Perez), animent la scène, parfois accompagnés par Orphée, plongeant l’audience dans la féérie et la joie.
Mais cette allégresse est brusquement interrompue par l’arrivée de la Messaggiera, interprétée par la fabuleuse mezzo-soprano Floriane Hasler, marquant le début de l’acte II.
C’est avec désespoir et horreur que la nymphe apprend à Orphée, à contrecœur, la mort de sa bien-aimée, mordue par un serpent. Orphée, sous le choc, reste tétanisé en écoutant le récit de l’instant fatal. L’interprétation de Floriane Hasler constitue l’un des moments les plus prenants et émouvants de la soirée. Sa voix pure et puissante transmet un profond émoi, laissant le public bouche-bée.
Les bergers (interprétés par le Chœur de l’Opéra du Grand Avignon), en deuil, cueillent petit à petit toutes les fleurs, laissant la scène dénudée.
L’acte III marque un deuxième tournant : Orphée, refusant de vivre sans Eurydice, décide de descendre aux enfers pour la sauver. Accompagnée par Speranza (l’espérance), il est rapidement laissé à son sort, face au fils des ténèbres, Charon.
Mauro Borgioni livre une interprétation à couper le souffle, d’une technique fine et d’un ton sucré, captivant l’audience. Après avoir amadoué Charon, ce dernier s’assoupit, laissant Orphée s’engouffrer dans le royaume des morts.
Orphée retrouve Eurydice, qu’il guide vers la lumière. Mais, rongé par le doute, se retourne pour la regarder, brisant la seule règle imposée par le roi des enfers. Cet acte IV plonge le public dans une atmosphère de regret et de douleur, magnifiquement interprété par Mauro Borgioni et Marie Théoleyre.

Forcé de retrouver la lumière sans Eurydice, notre Orféo se meurt, entouré des fleurs qui avaient jadis participées à la célébration de leur mariage. C'est grâce à la visite de son père, Apollo (interprété par Furio Zanasi), qu'Orphée décide de lâcher prise et de le suivre au paradis.
Orfeo est un opéra puissant, plongeant son public dans une histoire d’amour, de deuil et d’acceptance. Un message transmis avec subtilité et sensibilité par la direction musicale de Jordi Savall, et par les interprétations émouvantes de Mauro Borgioni, Marie Théoleyre, Floriane Hasler, et du Chœur de l’Opéra du Grand Avignon.
Distribution complète Orfeo de Monteverdi à l'Opéra Grand Avignon
Direction musicale Jordi Savall
Assistants Luca Guglielmi et Lluís Vilamajó
Chef de chant et clavecin Marco Vitale
Chef de Chœur Alan Woodbridge
Mise en scène Pauline Bayle
reprise par Céline Gaudier
Décors Emmanuel Clolus
Lumières Pascal Noël
Costumes Bernadette Villard
Orfeo Mauro Borgioni
La Musica / Euridice Marie Théoleyre
Messagiera Floriane Hasler
Speranza / Proserpina Anna Reinhold
Apollo Furio Zanasi
Caronte / Plutone Salvo Vitale
Ninfa / Coro Raphaële Andrieu
Pastore I / Spirito II Paul Belmonte
Pastore II / Spirito IV David Tricou
Pastore III / Eco / Spirito I Julien Desplantes
Pastore IV / Spirito III Etienne Prost
Danseurs Andrea Apadula, Loïc Faquet et Xavier Perez
Chef de Chœur Alan Woodbridge
Chœur de L’Opéra Grand Avignon
Le Concert des Nations












