Festival de Pâques 2025 : Lea Desandre et l’Ensemble Jupiter célèbrent Haendel

Ce mardi 15 avril 2025, le Grand Théâtre de Provence a accueilli Lea Desandre et l’Ensemble Jupiter de Thomas Dunford, marquant le sixième concert du prestigieux Festival de Pâques. Au programme, différentes œuvres du répertoire de musique baroque : Airs d’oratorios et œuvres orchestrales du compositeur Georg Friedrich Haendel (1685-1759).

Lea Desandre et l'Ensemble Jupiter subliment Haendel au Festival de Pâques 2025

« With Darkness Deep », Theodora

La soirée s’ouvre avec l’incontournable aria « With Darkness Deep », extrait de l’oratorio Theodora, composé en 1749. L’introduction instrumentale nous transporte dans une douceur aigre-douce, métaphore de la situation de Theodora, le personnage principal de cet oratorio. Emprisonné et destinée à des fins funestes, elle se confie à travers ce sublime aria. Lea Desandre interprète ici, une Theodora touchante, à la voix tendre et langoureuse. Accompagnée par l’Ensemble Jupiter, la partie instrumentale repose notamment sur un thème répété et en une basse continue jouée au clavecin, au caractère romantique et mystérieux. 

« Fly from the Threatening Vengeance Fly », An Occasional Oratorio

L’air « Fly from the Threatening Vengeance Fly », extrait de An Occasional Oratorio (1746) est la deuxième œuvre de notre programme. Composé à l’origine pour célébrer la victoire de William Augustus de Cumberland face aux forces Jacobites, un caractère guerrier et triomphant résonne tout au long de l’œuvre. Au tempo vif, ce nouvel aria nous offre une expérience éclatante : la technique virtuose de Lea Desandre y resplendit à travers de nombreuses ornementations, de larges sauts d’intervalles et un vibrato brillant. Nous retrouvons cette même virtuosité dans l’accompagnement, notamment au clavecin avec de rapides enchaînements d’accords.

Dances from Terpsicore et « As with Rosy Steps the Morn Advancing », Theodora

Dances from Terpsicore (1734), la première pièce instrumentale de notre soirée, fait met en lumière la beauté de la musique baroque et des instruments anciens. Après cette pause instrumentale, nous retournons à Theodora, avec l’air « As with Rosy Steps the Morn Advancing ». Dès les premières notes, nous sommes transportés dans la douleur d’Irène, amie de Theodora, qui s’ouvre doucement à l’espérance. Persécutée par les Romains, elle se tourne vers la lumière du soleil pour y trouver du réconfort. Ici, l’accompagnement se fait plus discret, empreint de douceur et de mélancolie. La virtuosité n’est pas au cœur de cette œuvre : c’est l’émotion qui prime. Lea Desandre, par son phrasé incomparable, transmet avec aisance la vulnérabilité et la profondeur du personnage d’Irène.

« Prophetic Raptures Swell », Joseph and his Brethren

La cinquième œuvre de notre programme est l’air « Prophetic Raptures Swell », extrait de l’oratorio Joseph and his Brethren (1743). Cet aria remet la virtuosité vocale à l’honneur, avec de larges sauts d’intervalles, des ornementations et un vibrato ample. La voix de Lea Desandre, voluptueuse et puissante, restitue ces nuances à la perfection. L’accompagnement, quant à lui, reste plutôt épuré avec des accords plaqués au clavecin et de brèves lignes mélodiques aux cordes.

Suite from Theodora et « Will the Sun Forget to Streak » de Solomon

Pour notre deuxième intermède instrumental, l’Ensemble Jupiter interprète la Suite from Theodora, suivie de l’aria « Will the Sun Forget to Streak » extrait de Solomon (1748).
À travers cette œuvre, nous suivons la reine de Sheba, visitant le royaume de Solomon, empreinte de mélancolie. Le début de l’air est marqué par une introduction instrumentale, au tempo lent, au caractère léger et tendre, nous transportant dans une rêverie. Les ornementations, bien que présentes à l’accompagnement (notamment au violon), restent simples : ici, c’est le timbre des instruments et de la voix qui sont mis à l’honneur. Le chant entre avec délicatesse, accentuant l’atmosphère onirique. Avec sa sonorité mielleuse, Lea Desandre révèle avec finesse et élégance la poésie subtile de cet air.

Suite n°4 en ré mineur, Sarabande

Notre troisième et dernière pause instrumentale s’ouvre sur la Sarabande de la Suite n°4 en ré mineur (1733). Initialement composée par clavecin seul, ce mouvement, débute au luth, rapidement accompagné par le clavecin. Très vite, un dialogue s'installe, et le reste de l'ensemble se joint à eux. C’est avec une grande précision et charme que l’Ensemble Jupiter interprète cette suite, nous faisant voyager à travers le temps pour une expérience inoubliable.

« Guardian Angels », The Triumph of Time and Truth

L’avant-dernière œuvre de notre soirée, l’air « Guardian Angels » de The Triumph of Time and Truth (1707), est un véritable coup de cœur. Débutant par un court préambule instrumental, l’accompagnement reste en retrait tout le long de l’œuvre, laissant place à la voix de Lea Desandre qui brille une fois de plus, nous laissant bouche-bée.

« No, No I’ll Take No Less », Semele

Le grand final, l’air « No, No I’ll Take No Less » de l’œuvre Semele (1744), est une véritable démonstration d’agilité vocale. Originellement composé pour clavier, ce dernier oratorio du compositeur Georg Friedrich Haendel incorpore de grands sauts d’intervalles (fa-ré-la-fa) ; une prouesse à réaliser à la voix. Mais rien ne semble pouvoir entraver l’aisance de Lea Desandre, qui interprète ces grands écarts d’intervalles avec souplesse, démontrant une fois de plus son incroyable musicalité et sa virtuosité.

C’est sous une pluie d’applaudissements que se clôture cette soirée d’exception du Festival de Pâques, mettant en lumière les œuvres de Georg Friedrich Haendel. La musicalité et virtuosité de l’Ensemble de Jupiter et de Lea Desandre nous offre une nouvelle vision de ces œuvres tant aimées, lors d’une soirée hors du temps.