Les Suds à Arles : Retour sur une 30e édition mémorable !

Avec 5 nuits au théâtre antique d'Arles et sa dizaine de concerts, démarrant pour la plupart à 21h30 jusqu’à 1 heure du matin, le festival de musique « Les Suds à Arles » proposait un programme très alléchant qui affichait complet !

L'occasion de regrouper les fidèles des soirées suds, mais aussi à convertir de nouveaux adeptes aux multi sons de la planète, entre jazz et musique du monde, mais aussi de créer des liens tant l'ambiance du festival est conviviale !

30e édition des Suds à Arles : un festival au sommet de son art !

Stick in the wheel & Seu Jorge

1er soir de festival « Les Suds à Arles », et déjà un théâtre antique à guichet fermé. Si le temps arlésien affichait 28 degrés à 21h30, c’est bien la fraicheur d’une date unique en France pour « Stick in the wheel » qui avec ses sonorités hard-folk londonienne a mis une ambiance « So cute ».
Stick in the Wheel est un groupe de musique dont les origines se trouvent dans la classe ouvrière de la banlieue Est de Londres, au Royaume-Uni. Il est composé de la chanteuse et artiste Nicola Kearey et de Ian Carter, leur producteur, arrangeur et joueur de dobro, sorte de guitare pour faire du blues.

Avec le titre « Over Again », le groupe perpétue la tradition celtique qui donne l’intention aux voix à plusieurs, et à la puissance répétitive de la mélodie qui surf sur la révolte travailliste, celle de la revendication politique, que le groupe affiche ouvertement dans une éthique sociale qui pose le peuple face aux priorités publiques.

2ème partie d’une soirée qui sentait bon la bière anglaise, Seu Jorge, prince de la musique Brésilienne qui mélange les rythmes des sambas cariocas, et les rifles pop-rock des guitares, a littéralement embrasé l’enceinte romaine, qui pour l’occasion s’était recouverte de plusieurs drapeaux du Brésil. À 55 ans celui qui a grandi dans une favela de la ville de Belford Roxo, fait figure des porte-voix de cette samba du peuple appelée « Sambão de Povo (en traduction libre, désinhibée). Seu Jorge était accompagné des meilleurs musiciens tous nourris des racines noires de Rio et de Bahia.

Piers Faccini & Ballaké Sissoko

Dans la tradition de l’oralité africaine de ces griot-troubadours, c’est un deuxième soir très planant sous les arpèges de la kora mandingue de Ballaké Sissoko que Piers Faccini interpréta les mélodies d’une guitare folk, alors qu’un vent léger permettait une soirée toujours aussi « caliente », s’invitant de la sorte pour cette trentième édition des Suds à Arles.

Salif Keïta ou l’homme noir à la peau blanche

Gâté par une maison de disque « Universal Music Group » qui lui fait entièrement confiance, Salif Keïta est surement le chanteur et musicien malien qui revendique le plus cet héritage musical issu de l’empire « Soundiata Keïta ». Ses textes ciselés avec une vocalise de sons graves, pousse l’artiste dans un rapport d’intimité avec son public. De Bamako, aux concerts aux quatres coins du monde, Salif Keïta s’est associé aux musiciens traditionnels qui composent ce trio magique et envoutant, un live qui a rempli les esprits d’une musique presque mystique et en tout cas prenante.

Birds on a wire & Yerai Cortés

Birds on a Wire est duo musical, de deux chanteuses et musiciennes formé en 2012 par la voix cristalline de la violoncelliste brésilienne Dom La Lena, et la chanteuse lyrique franco-américaine Rosemary Standley. Particulièrement comme à la maison, dans ce théâtre antique, souvent invitée par « Les Suds à Arles », les deux artistes ont joué près de deux heures, accompagnées également par les deux compères musiciens Manu Théron et Damien Toumi. Rosemary a la particularité de faire résonner sa performance musicale dans un lieu qui rapproche complètement la tessiture d’une voix qui est proche de l’opéra Dans le chant classique, les typologies vocales peuvent être différenciées en basse, baryton, ténor et contre ténor pour les hommes, contralto, mezzo-soprano et soprano pour les femmes. Il existe aussi des subdivisions dans chaque registre. « Birds on a Wire » est un duo inspirant qui dispose d’un large registre musical et sait ajuster parfaitement les deux voix.

Pour ce 3ème soir au théâtre antique, le public est venu très nombreux pour Yerai Cortés accompagné par sa chorale féminine. Yerai Cortés, un musicien espagnol qui a appris le flamenco avec ses parents, il a grandi au son de la guitare, de la voix, imprégné des rythmes et des gestes de la danse. Yerai Cortés a été au contact permanent dans ses jeunes années, avec d’autres musiciens de flamenco, il s’est ouvert à cet art dans un tablao (lieu emblématique) que tenait son père, une sorte de café concert dédié à ce genre ». Il en résulte un savoureux mélange moderne entre la tradition gitane et le classicisme d’un art vocal ancestral. Ce dernier est suivi dans les réseaux sociaux grâce entre autre à son prix « Guitarra con Alma » au prestigieux festival de Jerez, qui l’a propulsé de Madrid à Barcelone. Durant « Les Suds à Arles » sa prestation scénique a été savoureusement appréciée par un public venu d’Espagne et de l’Occitanie.

Naghash ensemble et Trio Joubran

Pour cette avant dernière soirée au théâtre antique d'Arles, la soirée très attendue des fervents du festival a permis de bien profiter d’instants magiques avec Naghash ensemble.Composé de trois chanteuses, duduk, Oud, dholet piano. Durant leur live, Ils interprètent  la nouvelle musique écrite par le compositeur John Hodian (Arménien). Les chansons basées sur les textes sacrés du poète et prêtre, autour du mysticisme ancestral religieux arménien, qui confère à la musique une touche médiévale. 

Par les puristes du festival « Les Suds à Arles » Naghash ensemble est décrit comme "Le son de l'ancienne Arménie réinventé pour le 21e siècle ».Sous la tutelle du compositeur arménie, Tigran Mansurian et de son titre phare "Songs of Exile" les mélodies combinent le folklore arménien mais également l’art divinatoire associé aux instruments plus modernes, laissant au passage apparaître des textes plus engagés sur la tragédie d’un peuple oppressé !

Quatrième nuit au centre du théâtre antique et déjà l’amorce d’une fin de festival avec le Trio Joubran qui a interprété le registre plus classique de ses chansons du moyen orient, aux musicalités des trois frères : Samir, Wissam, et Adnan Joubran. Ambassadeurs de la Palestine meurtrie par le conflit avec Israël, cette diffusion culturelle a marqué les esprits tant la virtuosité de ces musiciens a triomphé, à quelques milliers de kilomètres de Gaza. Le oud instrument merveilleux a aussi été accompagné par le percussionniste Youssef Hbeisch qui puise son énergie dans le classicisme arabe, où l’interprétation musicale offre au trio un espace de créativité novateur dans la performance du concert.

Orchestre tout puissant Marcel Duchamp & De Kift !

Finir en beauté cette 30ème édition c’est apprécier deux formations qui ont oeuvré pour deux live, dont la clôture finale s’est terminée à 1 h du matin, après plusieurs rappels comme si le public des Suds à Arles de cette édition 2025 en demandait encore plus. Le premier groupe « Orchestre tout puissant Marcel Duchamp » est avant tout une formation de potes, de passionnés de culture rock et post-punk.

Le poétique et libertaire ensemble suisse a dévoilé un titre de son nouvel album "Ventre Unique" qui navigue au confin du dadaïsme musical, au post-punk en passant par le folk américain et les rythmes plus tribal, sur des arrangements symphoniques composés entre autre par le contrebassiste Vincent Bertholet. OTPMD s’est offert un joyeux moment de liberté musicale, malgré un théâtre antique moins rempli, beaucoup ont du regretter ce groupe originaire des Alpes, qui a bâti un live hypnotisant et envahissant de rifles rocks.

De Kift, dans la lignée de «Lo’Jo » ou encore des « Têtes raides », figure des années 80 où implose la fanfare originaire des Pays Bas, mêle la poésie mais également des textes proches du principe de contradiction et du paradoxe, vecteur selon Ferry Heijne (chanteur) d’une certaine idée nostalgique de la valeur humaniste, que le groupe propage à travers des textes parfois ciselés à l’extrême. Ce 5ème soir plus dansant a mis en scène une communauté, les festivaliers réunis dans une une intimité collective au sein du théâtre antique, pour ce clap de fin des « Suds à Arles » le tableau de cette 30 ème édition a véritablement offert aux spectateurs un show retentissant de vérité.