- Auteur Victor Ducrest
- Temps de lecture 3 min
Un crocodile, deux marimbas et mille émotions. Chorégraphie de Martin Harriague – Vaison Danses 2025
Retour sur le spectacle à Vaison Danses : Crocodile de Martin Harriague. L’histoire d’une rencontre amoureuse aux formes contrastées. « Créateur d’un langage corporel unique », Martin Harriague, directeur du ballet de l’Opéra Grand Avignon, a été nommé à la direction du Centre Chorégraphique National Malandain Ballet Biarritz à compter du 1er janvier 2027.

Martin Harriague et Émilie Leriche – Crocodile © AA
Spectacle vu le 11 juillet 2025, au Festival Vaison Danses, "Crocodile" par Martin Harriague et Émilie Leriche. Grand Prix du Meilleur Spectacle Chorégraphique – Prix de la Critique 2024-2025
Au théâtre du « Nymphée - Léonard Gianadda », de plus en plus de spectacles de qualité se jouent dans cet espace de verdure de mieux en mieux aménagé en termes de coulisses et d’éclairages. Il y a trois ans, Vaison-Danses, grâce aux Amis de Vaison-Danses y avait donné un spectacle, l’année dernière deux et cette année trois, à des prix très modiques afin d’ouvrir la danse à tous ! Pour cette édition, étaient présents le Cannes Jeune Ballet Rosella Hightower, le Ballet national chilien, et deux chorégraphies de Martin Harriague, le directeur du ballet de l'Opéra Grand Avignon : « Eclipse » et « Crocodile ».
Nomination de Martin Harriague à la direction du Centre Chorégraphique National Malandain Ballet Biarritz (CCN-Ballet) à compter du 1er janvier 2027. 23 juillet 2025.

"Crocodile" une chorégraphie de Martin Harriague
Au fait pourquoi « Crocodile » ? Un titre étrange pour une pièce qui met en scène un couple qui se forme, se déforme, se rapproche, se détache, s’enlace en composant une sorte de statuaire vivante. En fait le chorégraphe Martin Harriague raconte qu’il aurait reçu un jour de sa tante un crocodile empaillé. Avec la danseuse Émilie Leriche, ils décident d’en étudier la symbolique « pour en faire quelque chose d'abstrait, si possible beau et optimiste ».
Une danse qui raconte les formes contrastées d’une rencontre amoureuse
On y voit deux corps humains qui, dans leurs relations constamment mouvantes, évoquent parfois des palétuviers dont les racines se nouent et s'enchevêtrent, ou encore des grandes araignées marines qui déploient lentement leurs pattes au son martelé de deux marimbas joués par Julien et Stéphane Garin de l'Ensemble 0 (Zéro). La musique est celle du « Canto ostinato », écrite par le compositeur néerlandais Simeon Ten Holt (1923-2012), une musique répétitive dont le tempo est laissé à la libre appréciation des interprètes, et dont le sens est à construire par l'auditeur-spectateur : est-ce celui d'un changement sur un temps très long ? D'une cérémonie hypnotisante ? En tout cas, c’est une danse qui raconte les formes contrastées d’une rencontre amoureuse, une danse qui ne connaît pas de repos comme la musique qui l'accompagne, sinon de rares moments d'immobilité qui font passer d'un tableau statufié à un autre.

Chacun devient interprète de son spectacle mais ce qui est indéniable, c'est le sentiment d'une esthétique des corps remarquable et une folle dépense d'énergie inventive. Pierre-François Heuclin, le directeur artistique du festival, a sans doute raison de dire que Martin Harriague est « créateur d'un langage corporel unique ».