- Auteur Léa-Sarah Perez
- Temps de lecture 5 min
Une soirée historique au Grand Théâtre de Provence : la première mondiale de Camille Pépin à l’honneur
Sous la direction de Renaud Capuçon, l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège a donné la première mondiale de La nuit n’est jamais complète de Camille Pépin, suivie de trois autres œuvres du grand répertoire classique.

Camille Pépin ©Capucine de Chocqueuse
Ce jeudi 23 octobre 2025, au Grand Théâtre de Provence, Renaud Capuçon et l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège ont offert une performance exceptionnelle. Un concert haut en couleurs, mettant à l’honneur la création contemporaine de la jeune compositrice française née en 1990 Camille Pépin, et les plus grands compositeurs de la musique savante (Mozart, Wagner, Strauss).
Camille Pépin, "Un monde nouveau" pour la musique classique
La nuit n’est jamais complète, commandée par le Grand Théâtre de Provence, prend ses racines dans le poème éponyme de Paul Éluard. Cette nouvelle pièce regorge d’influences musicales, en passant de Steve Reich, à Tchaïkovski, à Stravinsky. Une oeuvre représentant :
« La lumière au bout de la nuit, celle qui nous donne la force d’avancer » Dominique Bluzet (directeur du groupe Les Théâtres).
Cette nouvelle pièce, aux sonorités tantôt sombres, tantôt lumineuses, fait voyager les auditeurs dans un univers de doute, de peur, et de résilience. Ces aspects sont notamment illustrés par les différents motifs et couleurs harmoniques retrouvés tout au long de l’œuvre.
La nuit n’est jamais complète - Camille Pépin - (création mondiale)
Une humanité profonde y résonne : celle de la résistance face à un monde destructeur et avare. À travers cette œuvre, Camille Pépin invite ses auditeurs à une réflexion à la fois personnelle et sociétale, et les encouragent à continuer leurs combats.
Brillamment interprété par l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège, La nuit n’est jamais complète incarne le vécu de notre société actuelle, qui lutte à chaque instant pour retrouver une lumière d’espoir. Camille Pépin prouve une fois de plus sa finesse d’écriture ainsi que sa place en tant que l’une de plus grandes compositrices de sa génération.

©Claire Gaby
Les plus grands compositeurs de la musique savante au programme
Concerto pour violon n°4 - Wolfgang Amadeus Mozart
La soirée se poursuit avec le Concerto pour violon n°4 de Wolfgang Amadeus Mozart, interprété et dirigé par Renaud Capuçon. Le célèbre violoniste prouve une fois de plus, sa virtuosité et technique de jeu, tout en finesse.
L’œuvre, composée de trois mouvements (Allegro - Andante cantabile - Rondo: allegro graziosio), regorge de divers motifs. Parmi eux figure l’une des signatures stylistiques de Mozart : les motifs légers, au caractère sautillant, notamment retrouvé à l’accompagnement orchestral.
Pièce d’une grande virtuosité, elle exige une précision technique remarquable, que Renaud Capuçon illustre de manière incontestable.
Les caractères espiègle et libre, présents au fil de l’œuvre, introduisent la seconde partie de la soirée : un concert offrant une évasion, tel un calme après la tempête.
Siegfried-idyll - Richard Wagner
Siegfried-idyll de Richard Wagner, la troisième œuvre de la soirée, transporte l’audience dans la chaleur et l'allégresse d’un amour loyal.
Originairement composée pour Cosima, la femme de Richard Wagner, cette pièce ne verra que le jour au grand public en 1876, à Bayreuth.
Dans la progression musicale, on y retrouve un thème principal au caractère brillant, incarnant la confession de l’amour passionnel de Wagner à son épouse. Symbole de la beauté, Siegfried-idyll invite les auditeurs à un voyage intime au sein de la maison du compositeur.
L’orchestration envoûtante et mélodieuse illustre un amour torturé et inconditionnel d’un mari dévoué, offrant une œuvre touchante et inspirante.

©Claire Gaby
Intermezzo, Quatre interludes symphoniques - Richard Strauss
C’est avec Intermezzo, 4 interludes symphoniques de Richard Strauss, que la soirée touche à sa fin.
Cette œuvre trouve ses origines dans un conflit conjugal, lorsque la femme de Richard Strauss découvre une lettre adressée à son mari : une autre femme lui y déclare son amour. Il s’agit en réalité d’une simple erreur de livraison : la lettre n’a jamais été adressée à Richard Strauss, le compositeur, mais à un autre.
Ici, le compositeur illustre à merveille une querelle amoureuse : les sonorités chaotiques et l’atmosphère mystérieuse incarnent le doute. Les passages plus lents offrent une perspective plus mélancolique et contemplative. Véritable épopée sonore, Richard Strauss livre l’histoire d’une femme redoutant le pire tout en espérant le meilleur, en écho au thème de l’espoir dans la première œuvre du programme.
Le Grand Théâtre de Provence a offert un concert puissant, rendant hommage au passé tout en dessinant l’avenir, mettant en lumière une artiste contemporaine exemplaire.












