- Auteur Jacques Jarmasson
- Temps de lecture 3 min
Une « Ode à la Nuit » éblouissante à l’Opéra Grand Avignon
Sous la baguette de Glass Marcano, l’Orchestre national Avignon-Provence a offert, le 24 octobre, une traversée symphonique de Wagner à Schoenberg, en passant par la création lyrique de Fabien Cali. Une Ode à la nuit bouleversante.

Glass Marcano a reçu les ovations du public
L’Opéra Grand Avignon a vécu, ce jeudi 24 octobre 2025, un de ces instants qui rappellent combien la musique symphonique peut être un théâtre des passions humaines. Sous la direction de la jeune cheffe vénézuélienne Glass Marcano, l’Orchestre national Avignon-Provence a déployé toute la splendeur de ses timbres dans un programme des plus vertigineux : Wagner, Cali, Schoenberg, trois manières d’éclairer la nuit, trois visions d’un amour qui se transcende dans la mort ou la lumière. 
Avec la soprano Camille Schnoor et le comédien Stéphane Guillon.
Une « Ode à la Nuit » - Orchestre national Avignon-Provence - Glass Marcano
Prélude et mort d’Isolde - Richard Wagner
Le concert s’ouvrait avec le Prélude et la Mort d’Isolde, dans l’orchestration soyeuse et profondément respectueuse de Thomas Dorsch. Dès les premières mesures, les cordes semblaient respirer l’inexorable tension du désir wagnérien. Glass Marcano a su faire jaillir le souffle tragique de l’œuvre tout en laissant émerger la tendresse infinie de ses nuances. 
Il faut dire que le parcours de jeune cheffe d'orchestre Glass Marcano (du Venezuela à la scène européenne), apporte une dimension d’ouverture internationale. Son engagement symbolique et artistique, comme allier excellence musicale et exigence sociale, donne un supplément de signification à un concert d’envergure comme celui du 24 octobre à l’Opéra Grand Avignon. Sa jeunesse et sa vitalité sont mises en valeur comme levier d’une interprétation dynamique et contemporaine, ce qui correspond très bien à un programme mêlant tradition (Richard Wagner) et modernité (Arnold Schoenberg) comme dans « Ode à la Nuit ».

Le monde est vide sans toi - Fabien Cali (Création mondiale)
Puis vint la création de Fabien Cali, compositeur en résidence à l’Orchestre national Avignon-Provence. Œuvre charnière, véritable pont entre Wagner et Schoenberg, cette pièce orchestrale inédite a offert un moment de pure émotion. Le texte de David Geselson, servi magnifiquement et dit avec grande intensité par Stéphane Guillon, conférait à l’ensemble une dimension intime et poétique. La soprano Camille Schnoor, admirable de justesse et de sensibilité, y fit rayonner une voix d’une pureté bouleversante, portée par une écriture musicale à la fois lyrique et charnelle. La mise en scène subtile de Sophie Bricaire et David Geselson, soutenue par les lumières de Jérémie Papin, enveloppait le tout d’un halo presque irréel.

La Nuit transfigurée - Arnold Schoenberg
Enfin, La Nuit transfigurée d’Arnold Schoenberg, oeuvre de jeunesse mais déjà d’une maturité saisissante, vint conclure ce voyage au cœur de la nuit intérieure et a résonné ce soir-là comme une confession ardente, une nuit d’amour … L’Orchestre, une fois de plus, fit preuve d’une unité et d’une souplesse exemplaires. Chaque solo, comme chaque respiration collective, semblaient animés d’un même feu intérieur, servi par une interprétation d’une musique qui est tout sauf facile.
Grâce à sa cheffe invitée Glass Marcano, à la merveilleuse voix de Camille Schnoor et au talent de conteur de Stéphane Guillon, l’Orchestre national Avignon-Provence a su créer, par cette « Ode à la Nuit », une véritable célébration de l’Amour.












