Publié le 29/07/2022

Cali, électron libre au talent fou – Festival de Lacoste le 9 août              

« En fait tu déshabilles les chansons et tu les rhabilles pour aller soit au bal, soit avec une nuisette, soit ailleurs… J’adore ça en fait, j’adore cette idée-là. J’adore me promener sous plein de formes. » Même si l’esprit de Cardin est toujours là, Rodrigo Basilicati-Cardin, Directeur artistique et successeur du grand homme de la haute-couture, fait souffler un vent de fraicheur et de renouveau sur le  prestigieux Festival Lacoste créé par Pierre Cardin, au cœur du Luberon, il y a plus de vingt ans. Le 9 août 2022, à 21h 30, Cali, en concert piano-voix, est invité sur la scène du Festival.

Cali concert 2022 Festival de Lacoste

Cali, en concert piano-voix, invité en duo avec Augustin Charnet au piano au Festival de Lacoste, le 9 août 2022 à 21H30. Une tournée 2022 qui s'impose chez le Marquis de Sade, lors des festivals d'été en Provence.

Cali en concert au Festival de Lacoste 2022

Un talent à fleur de peau

Pas d’entre deux pour Cali, on ne peut que l’aimer car il plait, toutes générations confondues. Chanteur, compositeur, interprète, musicien, écrivain, son talent et sa renommée dépasse nos frontières.  Pour le public, Cali est synonyme de liberté, d’engagement, de valeurs, mais surtout, de talent. Orphelin dès l’âge de 6 ans, il a fait de cette blessure une force qui le pousse à se donner à corps perdu, constamment à la recherche du bonheur. Venir au concert de Cali, c’est se préparer à une soirée qui, une fois encore, fera frémir les étoiles au-dessus de ce magnifique écrin de Lacoste qu’est le château du Marquis de Sade.

Cali, un chanteur engagé

Bruno Caliciuri, Cali, est né le 28 juin 1968 à Vernet-les-Bains, près de Perpignan. Le contraste entre l'orchestration impeccable de ses musiciens et sa voix grave sur des textes aux rythmes asymétriques et boitillants est la griffe même de Cali. Ses concerts sont réputés pour leur intensité et leur énergie. Cali s'engage corps et voix face à son public : adepte des bains de foule, et des bis jusqu'à extinction de voix. Il a reçu les prestigieux Prix Constantin et Vincent Scotto (2004). S'inscrivant dans la tradition nationale des chansonniers engagés, Cali sort du moule de la « nouvelle chanson française » en 2008, exposant cette fois plus que son intimité : ses idées. Ainsi, L'Espoir, dont le titre est une référence à un album de Léo Ferré (1974), contient des hymnes aux lendemains qui chantent, notamment la chanson-titre et le deuxième single : «1000 cœurs debout ». Impliqué dans diverses causes sociales, ses collaborations musicales sont ancrées dans le terreau fertile de l'amitié. Cali témoigne d'une maturité admirable au travers de ses textes toujours justes, en équilibre entre sensibilité et pudeur. S’il est un électron libre, c’est l’humanisme qui le porte et c’est l’amour, toujours, qui inspire Cali.

Nous l’avons interviewé le jour de la disparition de la chanteuse Dani. Bouleversé, ému, il a tout-de-même voulu tenir ses engagements et nous répondre. Professionnel, mais d’une tendresse absolue, Cali est un artiste qui a du génie, mais c’est aussi un homme vrai qui ne cache pas ses émotions. Ne pas cacher son chagrin, c’est cela la véritable élégance, merci Cali.

Cali au Festival de Lacoste 2022 pour un concert piano-voix

Danielle Dufour-Verna/Projecteur TV –Bonjour Cali. Ravi de vous interviewer une seconde fois à quelques années de différence. Vous allez bien ?

Cali –Oui, mais je suis très triste. Dani est parti, c’est ma copine et je suis bouleversé.

DDV – Vous voulez en dire ici quelques mots pour elle ?

‘Baisers d’amour, baisers d’amour’ les derniers mots de Dani

Cali – Dani était quelqu’un d’incroyable, atypique, jusqu’au bout. Elle croquait la vie à fond avec une tendresse infinie. Elle finissait toujours ses messages par ‘Baisers d’amour, baisers d’amour’, voilà. On se voyait beaucoup à Perpignan et quelquefois à Paris. Ce qui me plait chez elle, c’est qu’on ne peut pas la classer, elle était très rock-en-roll, très punk et très tendre à la fois. Elle a une voix inimitable, j’ai eu la chance d’écrire pour elle et on a fait pas mal de scène ensemble, des duos comme ça. On a pensé à un truc ce matin à la maison, quand ma fille Coco est née, Dani a tenu à ce que ce soit elle qui lui écrive la première lettre. C’est Dani, ça, vous voyez. Ma Dani me manque et je l’aime.

DDV – Difficile, après une telle déclaration d’amour de continuer l’interview.

Cali –Non, pas du tout.

DDV –Cali, vous serez au Festival de Lacoste le 9 août.

Cali – C’est une amie programmatrice qui m’a dit, cette année il y a Depardieu, Adjani, qui vont passer et d’autres beaux noms. Ils ont adoré ce que tu as fait sur Léo Ferré et la personne qui gère ça adorerait que tu le fasses au Festival de Lacoste. En ce moment, je ne suis pas du tout sur Léo Ferré, je fais mes chansons, mais je vais en profiter pour revenir un peu sur cela. Je vais faire quelques Léo Ferré en même temps que mon répertoire. Ça m’a touché et je me suis dit que c’était l’occasion de refaire un petit coucou à Léo. Je suis ravi d’aller là-bas, complètement ravi.

DDV –Vous êtes petit-fils de communiste italien engagé volontaire dans la guerre d’Espagne, est-ce que votre part d’italianité résonne avec celle des parents de Cardin, fuyant l’Italie de  Mussolini en 1924 ?

Cali – Ce qui résonne pour moi, c’est que j’ai toujours entendu à la maison par mon père et ma tante, les deux enfants de Giuseppe Caliciuri, qui disaient que, en fait, la vraie question c’est, pourquoi il est allé se battre contre tous les fascismes, c’est parce qu’il ne voulait pas que d’autres peuples subissent ce qu’ils subissaient avec Mussolini. Ça résonne donc de la même façon. Mon grand-père ne voulait pas que les gens vivent ce qu’il était en train de vivre là-bas. Oui, sans se connaître, ça me rapproche énormément.

DDV –Saviez-vous que Pierre Cardin adorait les chansons à texte et notamment ‘Avec le temps’  de Léo Ferré ?

Cali –Cela, je l’ai su quand on en a parlé pour jouer au Festival de Lacoste. Mon invitation est motivée, aussi, par le fait que je puisse jouer du Léo Ferré.

DDV –Vous connaissez le lieu ?

Cali –Non, je sais, à priori, que c’est magnifique, mais je ne connais pas.

DDV – Un piano-voix, c’est un concert assez atypique…

Cali – J’ai toujours dit que le héros ce n’est pas le chanteur, ce sont les chansons. Là, je suis en tournée très rock avec un groupe mais à côté je fais du piano-voix, je vais jouer avec un orchestre philharmonique cet été. J’ai une tournée que j’ai arrêtée au printemps et que je reprends à l’automne où je suis seul en scène, je fais théâtre et chansons. Tout ça me plait parce qu’en fait tu déshabilles les chansons et tu les rhabilles pour aller soit au bal, soit avec une nuisette. J’adore ça en fait, j’adore cette idée-là. J’adore me promener sous plein de formes.

DDV –Toutes vos chansons parlent d’amour et de liberté,  qu’est-ce-qui vous inspire ?

« Le mal de notre société, c’est la solitude. »

Cali – On prend tout ce qu’on a sous la main, c’est-à-dire ce qui tombe dans le cœur et dans le ventre et qui m’aide à supporter cette vie. On vit, on meurt, il faut qu’il se passe des choses extraordinaires  et aujourd’hui il ne se passe pas de choses vraiment extraordinaires. Ce qui me plait, ce sont les chansons qui arrivent. Oui, l’amour, parce qu’il n’y a que ça. Les gens me disent « mais vos chansons ne parlent que d’amour. » Je dis, oui, c’est évidemment le plus important, car quand on est aimé par quelqu’un ou quand on aime quelqu’un, c’est toujours la petite braise qui est allumée. Le mal de notre société, c’est la solitude. Pour moi, les chansons qui parlent d’amour, ça rassemble énormément. Encore une fois, hier, on m’a arrêté dans la rue pour me dire merci  et ça m’a fait du bien parce que c’était juste ça, c’était juste un merci. Moi je remercie évidemment les gens qui sont près de moi, en concert, et qui chantent avec moi. Ce sont vraiment des moments fous. Deux heures, deux heures et demie, trois heures, ce sont des moments d’ivresse, des moments où les gens pensent à quelque chose de bon. C’est beaucoup d’émotion pour moi de le ressentir. Oui, ce sont les chansons qui arrivent comme ça et parfois il y a des choses politiques, parfois des choses sociales. Il ne faut pas les cacher, l’idée c’est d’être sincère. J’essaie d’être le plus sincère possible, de ne pas prendre les gens pour des cons. Quand on vit avec sincérité, c’est là que ça devient beau.

DDV – Lors de ce Festival, Gérard Depardieu sera en scène avec son Barbara.

Cali – Ah, génial ! Il parait que c’est extraordinaire !

DDV –A ce propos, bien que très différents à bien des niveaux, vous vous ressemblez, Depardieu et vous, sur beaucoup de points. Bien sûr, il y a le Depardieu des Valseuses avec cette liberté absolue, ce petit côté baroudeur des débuts, mais il y a surtout la même sensibilité à fleur de peau, comme une fragilité, la même tendresse…

Cali –Je suis admiratif de cet homme-là. Je suis admiratif parce que, c’est comme une Dani, vous voyez, et ce mot, ce goût de la liberté, se dire, qui a droit à dire « fais ci, fais ça ». Il faut respecter les gens mais il faut aussi respecter sa propre vie. Et Depardieu c’est quelqu’un comme ça, libre. Le gars, il vient de nulle part et il perce le monde, il y a une vraie sincérité.

DDV –Une vraie sincérité et une vraie tendresse…

Cali – Je suis d’accord. Ça me touche beaucoup que vous le pensiez car je l’aime beaucoup cet homme, en fait, sans l’avoir encore croisé. Je suis honoré par ce que vous dites, ça me touche beaucoup.

DDV – Quand on a perdu sa maman à l’âge de 6 ans, comment remplace-t-on la tendresse ?

« Je trouve qu’instituteur, institutrice de cours préparatoire, c’est le plus beau métier du monde, parce que tu donnes la lecture et l’écriture. »

Cali roman voila les anges

Cali – On ne la remplace pas. C’est une quête de quelque chose qui, quelque part, n’a jamais existé. Je croise des dames qui auraient l’âge de ma maman aujourd’hui et je me dis, elle serait comme ça ma maman peut-être, est-ce qu’elle serait fière. Et d’un autre côté, je me dis que peut-être je suis allé chercher une voix qui est un peu compliquée pour des parents. Quand on va sur la route comme ça. Peut-être que j’aurais fait le métier qui me plait, qui est pour moi le plus beau métier du monde, c’est instituteur comme elle, elle était institutrice de maternelle. Moi je trouve qu’instituteur, institutrice de cours préparatoire, c’est le plus beau métier du monde, parce que tu donnes la lecture et l’écriture, c’est fou.

« Très souvent, je lui raconte les jours qu’elle n’a pas vécus. »

Je me souviens de mon ancienne institutrice et je pense que si ma maman avait été vivante, pour vivre ça et pour l’accompagner tout au long de la vie, je serais parti sur cette voie. En tous cas, elle me manque évidemment. Très souvent je lui raconte les jours qu’elle n’a pas vécus. Je lui parle, et puis j’ai des signes, j’ai des vrais signes. On peut parler de foi, moi je n’ai pas de religion, entre Dieu et moi, j’ai la foi parce que je sais que ma mère est là et me répond. Je sais que mon père est là et me répond par des signes incroyables. Elle est là mais j’ai un manque éperdu, toujours à la recherche du bonheur. Dans la vraie vie, je ne fais pas des choses très carrées et je pense qu’il me manque une éducation d’une maman, d’une mère, ça c’est sûr. Et au-delà de ça, la tendresse, bien sûr. Quel que soit son âge, on se retourne vers sa maman. Tous les jours je me demande ce qu’aurait dit ma mère. Mais d’un autre côté, tous ces sentiments, ces chansons qui me viennent, je sais que c’est aussi lié à cela, et presque qu’à cela.

DDV – Cali, pouvez-vous me dire quelques mots sur votre dernier roman « Voilà les anges » ?

« On a tous des anges qu’on croise. Un seul regard suffit dans la vie  et c’est une personne qui te prend par la main, et toi tu peux la prendre par la main. »

Cali –Pour ‘Voilà les anges’, c’est assez troublant. J’écris tout à la main, je ne tape pas à l’ordinateur. Sur les deux premiers romans, c’est ma compagne qui a tapé, je les dictais derrière son épaule. Elle ne pouvait pas faire le 3e car elle n’était pas là. Je suis monté chez un ami à Paris qui m’a dit, tu vas rester trois, quatre jours chez moi et on va le taper. Avant d’aller à l’hôtel, je suis allé rejoindre d’autres amis et j’avais mon roman écrit à la main dans un sac à côté de moi, je le tenais fort et quand je suis arrivé à l’hôtel, j’avais perdu mon sac et le seul exemplaire de mon roman. Je l’ai perdu. J’ai pris dans mes bras le gardien de l’hôtel, j’avais les larmes aux yeux et je lui ai dit « si je l’ai perdu, c’est que ça ne devait pas être publié, ne pas être montré. » Il pleuvait ce soir-là à Paris. A 3 heures du matin, le gardien frappait à ma porte. Il était allé fumer une cigarette devant l’hôtel, le sac était tombé dans un ruisseau et avait glissé jusqu’à la bouche d’égout, pas très loin, posé là. Il l’a trouvé et me l’a ramené. Voilà les anges ! Après, mon idée c’est que je veux m’amuser toujours, m’amuser, m’amuser. L’idée c’est que, en concert ou ailleurs, les gens m’accompagnent et on a tous des anges qu’on croise. Un seul regard suffit dans la vie  et c’est une personne qui te prend par la main, et toi tu peux la prendre par la main. Elle est partie plus loin, puis après, tu as un autre ange qui te prend qui t’amène un peu plus loin. Je sais qu’autour de moi j’ai des anges, vivants ou morts mais ils sont là. C’est un livre beaucoup plus romancé que les deux premiers, je dirais que c’est un livre sur la rédemption.

DDV – Voulez-vous ajouter quelque chose à cette interview avant ma dernière question ?

Cali –Ce que je veux dire, c’est qu’aujourd’hui, avec la guerre en Ukraine, la COVID, tout cela, nos mômes vivent des trucs dingues et trop durs pour eux. Il faut leur enlever toute cette angoisse, toutes ces infos qui arrivent de partout, leur enlever tout ça et leur montrer qu’il y a le soleil et leur dire que leur vie sera belle.

DDV – Vous m’avez devancée. Ma dernière question était : la situation actuelle du monde est grave, Cali, « c’est quand le bonheur ? »

Cali – L’idée c’est ça, c’est se tenir par la main, ne jamais laisser tomber quelqu’un à côté, l’attraper et ça, ensemble, on peut y arriver, quoi qu’il arrive.

Informations pratiques, réservations, billetterie "Concert de Cali au Festival de Lacoste"

Mardi 9 août 2022 à 21h30
Théâtre des carrières
Route du château - 84480 Lacoste
www.festivaldelacoste.com