Publié le 06/09/2020

L’excellente littérature des éditions Titanic-Toursky

Sortie de livres des éditions Titanic-Toursky, À vous revoir sous les cocotiers de Henri-Frédéric Blanc et Le Cycle de la Viande de Jean-Pierre Cramoisan. Humour noir et ironie face à l’intelligence artificielle pour l’un et lutte contre la littérature domestique pour l’autre. Rencontre avec deux auteurs originaux !

editions Titanic Toursky

Certains vous attendent les soirs de spectacle dans ce magnifique théâtre Toursky. Eux, ce sont les écrivains, poètes et autres littérateurs publiés aux Éditions Titanic-Toursky. Des tables, quelques chaises, et des livres, des livres, des livres, en quantité, pour tous les goûts, et des auteurs qui vous accueillent, prêts à échanger avec vous, le sourire aux lèvres.
Des livres et de l’excellence, à bas prix, pour divulguer cette culture, ici chez elle. Et le public ne s’y trompe pas, qui, envahissant le théâtre, s’agglutine autour des tables où s’entassent les bouquins, feuillète, discute, rit, questionne, demande, qui un autographe, qui une explication.
Nous allons à la rencontre, aujourd’hui, de deux auteurs et de leurs derniers livres, référencés chez les libraires (distribution Makassar)

Henri-Frédéric Blanc et Jean-Pierre Cramoisan, deux écrivains iconoclastes des éditions Titanic-Toursky

Henri-Frédéric Blanc

Henri-Frédéric Blanc est un poète, romancier et dramaturge français né le 22 décembre 1954 à Marseille. Il est aussi l'auteur de nouvelles et de pamphlets.
‘Écrivain satirique et baroque, il est un des chefs de file, avec l’écrivain Gilles Ascaride, de l’Overlittérature, un mouvement littéraire contestataire qui regroupe des textes sarcastiques marqués par un « réalisme burlesque », pour donner une nouvelle respiration à la littérature française, étouffée à la fois par l'emphase creuse et le minimalisme’(source wikipedia)

‘À vous revoir sous les cocotiers’ Henri-Frédéric Blanc

« Merde à l’intelligence artificielle »

A vous revoir sous les cocotiers Henri Frédéric Blanc

 ‘A la mode de Kafka’ «  Toi, ignorant de la Loi, comment peux-tu te prétendre innocent parce que tu n’as rien fait ? Et si là était ton crime, n’avoir rien fait ?... Qu’as-tu à dire pour ton accusation ? »
Un homme se réveille dans une chambre vide. Il ne se souvient de rien. Une inconnue paraît, se disant chargée de l’accueillir dans le monde futur où il se trouve désormais après avoir été ressuscité des morts. Canular ou cauchemar ? Ce bad trip à (mauvaises surprises) nous embarque dans une visite guidée de l’avenir sous la forme d’un dialogue philosophico-farcesque où l’intelligence artificielle en prend pour son grade… mais pas qu’elle. L’auteur est un champion de l’humour noir et de l’ironie ; ‘À vous revoir sous les cocotiers’ n’a rien d’une idylle polynésienne, c’est une contre-utopie horrifique mais hilarante dont le héros, coincé dans un futur glaçant, campe un amnésique inoubliable. Suivi d’’Entre les griffes du futur’, ‘’journal caniculaire’’ où sont lancées quelques fusées éclairantes sur le monde qui nous attend.
Henri-Frédéric Blanc ouvre une brèche dans le mur du temps, gare au courant d’air !
En bonus, l’Homme-canon, poème manifeste détonant.

Jean-Pierre Cramoisan

Né à Bois-Colombes en 1948, Jean-Pierre Cramoisan est auteur de romans, mais aussi de nouvelles publiées en revues. Il a écrit dans plusieurs journaux nationaux en tant que critique d'art et de théâtre. Egalement peintre, il a exposé ses œuvres jusqu'en 1998 dans diverses galeries françaises et étrangères. II est redouté pour ses opinions anticonformistes. Jean-Pierre Cramoisan vit à la campagne, près d'Aix-en-Provence, parmi les plantes exotiques qu'il affectionne.

‘Le Cycle de la Viande’ Jean-Pierre Cramoisan

« Merde à la littérature domestique »

« …Vous ne voyez pas que je suis trempé de vide, que j’essore mon silence devant vous jusqu’à la dernière goutte d’inutilité. »
À la mort de sa femme, un écrivain se retrouve précipité sur le toboggan infernal de l’angoisse et de la persécution.
Plus rien ne semble tenir, la réalité se lézarde… En proie à ses hantises, il va mordre la poussière des trottoirs et la sciure des bistrots.
Un jour, dans un parc où il contemple depuis des années les mêmes pigeons, le même clochard, il est brutalement confronté à un monstre administratif à cravate… S’engage alors une lutte dantesque entre notre écorché vif et l’obsessionnel des chiffres.
Ces pages noires et grinçantes aux confins de la vie sont un hymne à tous les déboussolés, une plongée dans la déglingue grotesque des paumés du petit matin.
Géographe des bas-fonds, Homère de la débine armé d’un verbe flamboyant, Jean-Pierre Cramoisan brosse dans ce roman sauvage une fresque urbaine sans équivalent.

Deux écrivains originaux, deux écritures captivantes des éditions Titanic-Toursky

Deux écrivains, deux écritures particulières, deux rebelles à la littérature de confort, deux histoires à couper le souffle. On prend goût à tourner les pages le plus lentement possible. Lire devient délectable un peu comme goûter à une mandarine dont l’acidité reste sur les lèvres et qu’on prend plaisir à y passer la langue.

« La soumission est l’infirmité de l’âme »

Si Henri-Frédéric Blanc se livre ici à un exercice de haut-vol en écrivant à la manière de… La Rochefoucauld, Confucius, Kafka, Diogène et tant d’autres -le dialogue entre Socrate et Aristobule est une anthologie du genre-, il n’en perd pas pour autant le fil de ses pensées. Son texte est un réquisitoire sans appel contre notre ‘modernité’. Où va l’homme, vers quoi, vers qui ? Sa culture, son humour, sa clairvoyance et sa perspicacité à toucher le lecteur sans le perdre, à le faire réfléchir sans l’enfoncer dans un pessimisme latent, à le mener ‘là où il veut qu’il aille’, est la patte de l’écrivain accompli, celle de l’excellence. Un livre qui colle à l’époque et qui dénonce sans détour le joug impérialiste de notre société moderne.

Un livre qui force à réagir, en souriant…

« Je me suis habitué à l’odeur de votre angoisse, cette sorte d’exsudat de l’âme qui n’a rien à voir avec la transpiration de la trouille ordinaire. C’était subtil et délicat comme une brise de néant un soir de fin du monde. »

Y a-t-il une part de Jean-Pierre Cramoisan dans ce texte ? Nous entraine-t-’il avec lui dans les tréfonds de son âme ? Tout écrivain a sa part cachée qui affleure dans ses écrits. Comment ne pas se poser la question quand l’histoire emporte le lecteur au point de ne plus pouvoir lâcher le livre ? Quand le personnage principal devient son double vivant, passé, futur, hypothétique mais si présent ? Ce pourrait être moi, ce pourrait être lui. Réussir à mêler l’humour à la tragédie, le plaisir à l’enfer… avec une connaissance de l’être, qui plaque le lecteur face à la réalité d’un quotidien qui pourrait s’avérer, un jour, être le sien.

Une histoire originale, un livre séduisant, un renversement de situation époustouflant, un humour décapant pour parler de l’enfermement, de la solitude, de la banalité de la détresse… Quand un livre laisse à l’âme un goût d’amertume mêlé d’une appétence d’encore…Quel talent !

Photo à la Une : Tania Sourseva, Richard Martin, Henri-Frédéric Blanc, jean-Pierre Cramoisan et feu Yves Broussard à la librairie Vents du Sud à Aix-en-Provence dans les années 2000.