Publié le 28/02/2021

La Réserve animalière des Monts d’Azur, un modèle d’écotourisme unique en Europe

Sur la commune de Thorenc, à environ 30km au nord de Grasse et au cœur d’un espace naturel de plusieurs centaines d’hectares, se situe la Réserve animalière des Monts d’Azur. Fondée en 2003, elle accueille un nombre important d’espèces animales et végétales jadis disparues, des bisons d’Europe, des cerfs élaphes, des chevaux sauvages et des élans, qui permettent un rééquilibrage progressif des écosystèmes tout en proposant un écotourisme animalier. Un souffle d’oxygène que nous propose de découvrir son fondateur, Patrice Longour.

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La Réserve animalière des Monts d’Azur, situé dans l'arrière pays de Grasse est un magnifique lieu au coeur d'un patrimoine naturel, dédié à la vie sauvage, abritant plus de 500 espèces de la faune européenne.

À une heure de Nice, dans la vallée de Thorenc, cette nature généreuse est le fruit de la rencontre entre deux grands climats extrêmes : le méditerranéen et l'alpin. Cette particularité a provoqué une biodiversité extraordinaire, sur laquelle le directeur-fondateur de la Réserve Biologique unique en Europe, Patrice Longour, et son épouse, se sont appuyés pour réintroduire des espèces voie de disparition : les bisons d'Europe, les cerfs élaphes, les chevaux sauvages et les élans, ayant permis le retour de nombreuses autres espèces animales et végétales.

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La Réserve animalière des Monts d'Azur, un modèle de "réensauvagement"

La notion de "réensauvagement", ou rewilding en anglais, est apparue à la suite de découvertes paléontologiques argumentant qu'une extinction massive de grands animaux au début de l'Holocène aurait véritablement bouleversé les écosystèmes. Ces extinctions seraient suspectées d'avoir réduit la biodiversité végétale et animale tout entière, les grands animaux ayant une influence capitale par leur action sur l'écosystème.

À l'heure où de nombreuses grandes espèces sont de nouveau menacées d'extinction, et que les territoires sauvages sont de plus en plus rares, l'idée a été proposée en 2005  par le zoologue américain C. Josh Donlan de réintroduire certaines d'entre elles dans des parties du monde où la présence humaine est restée faible : Ouest américain, Sibérie, Patagonie, Afrique du Sud…

Dès 1997, une idée de réserve émerge dans l'imaginaire de Patrice Longour, docteur vétérinaire et militant écologiste. Après s'être engagé pendant plusieurs années pour la protection du delta de l'Okavango au Botswana, au sein de l’association Preserve, créée avec son complice de toujours Daniel Baubet, un chef d'état africain lui propose lors d'un sommet à l'UNESCO de répliquer le projet en France. C'est donc naturellement que Patrick Longour convainc son épouse, Alena, de le suivre, rameute ses amis, séduit des investisseurs et bouscule l'administration pour créer ce "projet fou" finalement tellement nécessaire.

La Réserve animalière des Monts d'Azur est crée en 2003 dans le Pays de Grasse, et les premiers animaux arrivent en 2005, après un long et passionnant travail de préparation des écosystèmes déshabitués à la présence d'espèces sauvages. Ce sont donc des bisons d'Europe, des cerfs élaphes, des chevaux sauvages et des élans qui arrivent progressivement sur les lieux.

Patrice Longour le confirme, il a vu les écosystèmes se transformer et fonctionner de manière beaucoup plus solide et résiliente à près de vingt ans après, alors qu'ils étaient en grande difficulté. Par exemple, les différents parasites et ravageurs des pins provençaux sont absents sur le territoire de la réserve. Les bêtes nourrissant la terre, équilibrant la faune et la flore, les arbres peuvent ainsi trouver des ressources qu'ils n'auraient pas sans eux.

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De l'écotourisme animalier et des safaris en pleine Provence

La Réserve animalière des Monts d'Azur est un lieu préservé pour la vie sauvage, mais l'Homme n'en est pas exclu pour autant ! Véritable outil de sensibilisation, il permet de développer un écotourisme animalier sans barrière, ni grillage, où l’homme et l’animal partagent à nouveau un même territoire préservé. La Réserve Biologique propose des safaris guidés en calèche, à pied (en traîneau et en raquettes l'hiver) à la rencontre des animaux et plantes sauvages, ainsi que des formules d'hébergement-restauration.

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Des retombées positives sur l'écosystème et l'économie locale

L'idée fondatrice de la Réserve est de laisser des espaces sauvages se régénérer car c'est ici que sont purifié l'eau, l'air et tout les éléments essentiels à notre survie. Patrice Longour le souligne, l'on pourrait tourner ces formules bien à notre avantage :

"Et si on bâtissait une économie du sauvage, par exemple pour les agriculteurs en complément de revenu ?"

Le delta de l'Okavango, la plus grande réserve du monde, est notamment la plus riche au niveau biodiversité mais aussi au niveau économique car plus de 250 000 personnes vivent de la présence d'animaux sauvages.

"Entre l'ampleur du problème et les réponses que l'on donne, il y a tout de même une distorsion importante."

Le Contrat de Transition Écologique du Pays de Grasse a malgré tout été signé par la Communauté d'Agglomération du Pays de Grasse et le Parc naturel régional des Préalpes d'Azur (PNR), mutuellement engagés aux côtés de l’État, de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) et du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA).

De quoi nous donner une concrète bouffée d'air et d'espoir !

Réalisation vidéo : Marie-Céline Solérieu - Août 2019