- Auteur Éric Fontaine
- Temps de lecture 5 min
La villa Saint Clair à Sète s’offre un nouveau destin
Restaurée et rouverte au public, la Villa Saint-Clair de Sète renoue avec son histoire artistique et patrimoniale, entre mémoire et création.

1824-2025, il aura fallu plus de 200 ans pour que ce lieu emblématique de la ville reprenne ses couleurs d’antan. La ville de Sète a ouvert au public la villa Saint Clair durant les journées européennes du patrimoine, le 20 septembre dernier. Tout un symbole, après avoir inauguré le lieu, suite à plusieurs années de remise en état du bâtiment, ainsi que du parc paysagé de plus de 2 hectares.
À Sète, les habitants connaissent bien cette bâtisse de l’art nouveau, car elle est gérée par l’école des Beaux Arts qui a vu des étudiants illustres comme les frères Di Rosa, Combas, Topolino entre autre.

La villa Saint Clair à Sète, un nouveau destin artistique
François Léonce Bonjean et Urbain Grangé
La villa est liée au destin de ses deux hommes, amoureux des arts et de la peinture. François Léonce Bonjean (1799-1872) était un homme doué en affaire et aussi amateur d’art (tableaux, sculptures). Il avait acquis une certaine aisance dans l’immobilier et dans la mise en propriété de terrains. D’ailleurs sur le flanc du mont Saint Clair, il acheta plusieurs parcelles, dont les lots ont préalablement étaient revendus en vue d’une sur-côte à la spéculation, en autre, sur du viager qu’il envisageait de proposer.
L’homme d’affaire a fait construire la villa en 1824 pour ensuite la revendre en 1870 à son cousin par alliance Urbain Grangé. À 71 ans François a préféré vendre son lieu favori immortalisé juste avant sa dernière année, par un peintre ami Antonin Marie Chatinière en 1871 qui d’ailleurs fût très admiratif du terrain et de la demeure. Urbain Grangé l’invita de nombreuses fois, jusqu’à sa deuxième vente en 1898.
L’affichiste collabora à l’illustration de gazettes et de poèmes dans un style néo classique. Avec ses deux enfants, l’artiste peintre fît de cette villa, un lieu de villégiature pour les artistes, écrivains et poètes de la ville et de la région.

En 1904 l’illustrateur gagné par le grand âge du se faire une raison. Il vendît la villa à Marius Chauvain qui pris la décision de l’embellir avec de nouvelles décorations : il installe la grande verrière dans le style « art-déco », le nom d’Erialc trône à l’entrée de la grille monumentale en fer forgée (anagramme du prénom de sa femme, Claire).
Dès 1962, la municipalité de Pierre Arraut avec l’accord du rectorat, reçoit l’artiste Éliane Beaupuy-Manciet (lauréate du prix de Rome de 1947). Elle fût la co-fondatrice de l’école des Beaux Arts de Sète, poste qu’elle occupa jusqu’en 1987. La villa qui était en mauvais état (infiltrations, moisissures…) trouva une nouvelle équipe dirigée par la toute nouvelle directrice deux ans plus tard. Son mari Jean-Raymond ostréiculteur d’origine Sétoise a oeuvré pour que le lieu soit réhabilité, et serve de résidence pour les plasticiens.
En 1964 c’est la mairie qui décide de la racheter en vue de construire une bâtisse plus fonctionnelle pour le centre aéré. Par manque d’argent (heureusement) c’est l’école des beaux-arts qui en 1970 signe un compromis d’achat, afin de proposer la villa comme lieu de création municipale avec une aura internationale.
Noëlle Tissier artiste et directrice de l’école des beaux-arts en 1987

Plasticienne de l’art reconnue internationalement Noëlle Tissier décide de rénover la villa pour des résidences d’artistes, elle créée l’association des amis de l’art autour de la villa saint Clair. À la fin des années 80, le mouvement est lancé !. Noëlle Tissier a aussi dirigé le Centre Régional d’Art Contemporain de Sète au début des années 2000.
Après la période « Covid-19 » ce sont les artistes mobilisés pour rénover entièrement le lieu (Combas, Di-Rosa, Cervera, Dombres, Denant…) qui ont offert des toiles mises aux enchères contribuant avec la somme récoltée de 175 200 €. Également Catherine Judell-Dufour (groupe des conseils de développement à l’assemblée nationale) a su réunir avec l’association des amis des beaux arts de Sète, cette rondelette somme.
La Villa Saint Clair, une destination à Sète, entre art et patrimoine

Finalisation pour la réouverture du lieu ce 20 septembre, une dotation de 679 560 € (action coeur de ville) permettra d’ouvrir le lieu aux Sétois (comme parc ombragé), et d’ouvrir la bibliothèque des livres d’art (à la disposition des élèves et du public), d’ici la fin de l’année. Actuellement jusqu’en 2026, le cabinet de curiosité des anciens étudiants ainsi que des croquis de l’artiste Topolino sont à contempler dans cette magnifique villa des années baroques, où l’art nouveau côtoyait le jazz et donnait naissance à la mondanité de l’art.