Publié le 21/06/2018

Ernani, à l’Opéra de Marseille : triomphe pour la dernière de la saison des opéras, en Région Sud

Ernani à l'Opéra de Marseille -Mise en scène Jean Louis Grinda

La fin de Saison opératique 2017-2018 des Maisons d’Opéra de la région Sud Provence Alpes Côte d’Azur a brillé sous les étoiles de la mise en scène de Jean-Louis Grinda, avant que nous puissions apprécier le ciel étoilé de l’été. Ernani, dernière de la trilogie de Verdi, triomphe en ce mois de juin, après Nabucco à l’Opéra de Toulon et La Traviata à l’Opéra d’Avignon.

Oeuvre pourtant peu connue du répertoire Verdien, elle a séduit le public marseillais par ses quatre représentations à guichet fermé, dont la dernière au samedi 16 juin, où l’on pouvait apercevoir un public intergénérationel installé entre orchestre, balcon et strapontins.
Créée en 1844 au théâtre de la Fenice, dont le livret est tiré du drame romantique de Victor Hugo, Hernani, cet opéra en quatre actes marque les premières partitions du compositeur entre Nabucco (1842) et Macbeth (1847). Les ouvrages de l’époque inscrivent la volonté du compositeur italien à mettre plus en avant de grands ensembles patriotiques que des personnages pris individuellement.

Ernani, le destin de l’amour effondré

Elvira aurait pu croire à son destin retrouvé, un amour inconditionnel qu’elle ressent pour ce brigand d’Ernani,  transportée par la voix sublime du ténor Francesco Meli, qui est en fait  Don Giovanni d’Aragon,  lorsque le roi Don Carlo, amoureux aussi d’Elvira, décide de pardonner à Ernani  pour sa première décision d’empereur nouvellement élu, qui révèle sa véritable identité .
L’empereur Carlo Quinto, interprété par Ludovic Tezier, baryton de sa génération préféré des français, permet même à Ernani d’épouser Elvira.

Mais le masque tombe, dans un décor qui nous mène vers l’intime tout en nous projetant à 360° grâce au miroir fixé en diagonale vers le plafond, comme si le public rentrait en immersion dans l’action.
Alors que l’on pourrait être amené à penser que pour une fois dans le répertoire, un opéra se termine bien, la tragédie l’emporte.
Silva, vieillard et tuteur d‘Elvira et amoureux lui aussi de sa pupille, réapparaît et fait sonner la malédiction du cor, gage donné en remplacement de sa foi “Il suffira d’en sonner une fois, et Ernani aussitôt se donnera la mort.” Alexander Vinogradov, basse russe à la tessiture qui impose, s’empresse de s’exécuter dans la promesse que lui a fait Ernani (au deuxième acte) pour séparer les deux amoureux à l’aube de leur mariage.