Publié le 04/09/2018

“Les Soirées Musicales de Grimaud”, “Requiem Allemand, op. 45″ de Johannes Brahms”

Grimaud – “Les Soirées Musicales de Grimaud”, 15 juin 2018
“Requiem Allemand, op. 45” de Johannes Brahms,
Version de Londres, pour solistes, chœur et piano à 4 mains

“Les Soirées Musicales de Grimaud”, sous la direction artistique de Philippe Depetris, avec 10 concerts et des rencontres d’artistes de premier plan, sont devenues un événement majeur de la vie musicale du département du Var.

A l’occasion de la soirée du 15 juin, nous avons pu, en la Chapelle Notre-Dame de la Queste, écouter une œuvre majeure de Johannes Brahms “le Requiem Allemand”. Cette version du Requiem, interprété par Sabrina Colomb (soprano), Richard Rittermann (baryton), l’Ensemble vocal “Musique en Jeux”, Laetittia Grisi et Julien Martineau au piano à 4 mains sous la direction de Alain Joutard ; dans la transcription écrite par Brahms lui même, a été créé à Londres en 1871.

« Plutôt qu’un Requiem Allemand j’aurais dû le titrer “Requiem humain” dira Brahms en précisant ainsi tout le sens universel de son oeuvre.

Nous ne pouvons pas dire que le Requiem Allemand, est une messe des défunts comme on a communément le sens de l’interprétation du mot Requiem au sens liturgique du terme ; aucune prière pour les morts n’est en effet citée dans la dramaturgie de Brahms. Pour comprendre cela il faut remonter aux origines religieuses du compositeur. En effet, Brahms est issu d’une famille protestante modeste d’Hambourg, son père est musicien et joue dans les bals et les tavernes alors que sa mère de 17 ans plus âgée que son père est couturière. Il reçoit cependant une bonne éducation musicale et sera très fortement marqué par les compositions de Jean-Sébastien Bach, le cantor de Liepzig. Tout comme Bach dans ses “Passions”, Brahms s’inspire de la bible protestante de Martin Luther. Il met, dans son Requiem, l’accent sur les vivants, cette œuvre est donc sacrée et non liturgique et s’affirme comme une méditation sur la souffrance et la consolation des vivants. Brahms dira lui même qu’il a donné à sa partition le nom de “Requiem humain” et non “Requiem Allemand”, car ce dernier adjectif fait plutôt référence à la langue germanique qu’au genre humain.

“Ceux qui sèment avec les larmes moissonneront avec allégresse”

Cette œuvre est composée à l’origine pour solistes (soprano et baryton), chœur et orchestre et sa composition évolue sur plusieurs années, il n’a que 21 ans lorsqu’en 1854 il en compose les premières notes pour en terminer l’écriture en 1868. L’année suivante en 1869, il transpose lui même la partition pour deux pianos puis piano à 4 mains. C’est cette dernière version dite de “Londres”, qui a été présentée à Grimaud en la Chapelle Notre-Dame de la Queste, sous la direction d’Alain Joutard, le 15 juin dernier.
Dans la très belle interprétation d’Alain Joutard, nous avons pu apprécier la soprano Sabina Colomb ainsi que le baryton, Richard Rittermann ; lorsque le chœur introduit la beauté de la musique en intégrant parfaitement le mouvement du piano, son solo dans le 3ème mouvement « Dieu enseigne-moi », nous fait ressentir avec force le néant et les vanités terrestres. Notons aussi le très bel effet dans le 5ème mouvement lorsque le baryton annonce la résurrection jusqu’au moment où la Vie triomphe sur la Mort, porté par le chœur qui porte l’émotion à son comble.
Composé de mouvements graves puis d’autres plus dansants, Brahms nous entraine dans son univers tout au long de ces sept séquences musicales alternant le chœur, le baryton et la soprano avant de s’achever en apothéose dans un tourbillon musical empreint de sentiments d’espérance, de paix et de pardon, qui savent nous sublimer par leur caractère monumental.

Notons les prochains rendez-vous des ” Soirées Musicales de Grimaud” : le 14 septembre des “Lumières de Venise” avec L’Orchestre de Chambre “Nuova Cameristica di Milano” sous la direction de Maurizio Dones , le 7 octobre les “Emotions à fleurs de touches” interprétées par Mikhaîl Rudy et enfin le 18 Novembre le “Quatuor Psophos” dans un programme : “1826, les Grands Quatuors” avec des œuvres de Schubert et Beethoven.

Le Festival d’Art Sacré d’Antibes, un rendez-vous incontournable en septembre prochain

Cet événement organisé avec grande sensibilité par Philippe Depetris marque l’intérêt que Projecteur TV lui porte pour sa direction artistique tant à Grimaud qu’au Festival d’Art Sacré d’Antibes. Aussi, nous aurons le plaisir de pouvoir le retrouver dans la magnifique Cathédrale d’Antibes à l’occasion du Festival d’Art Sacré, et de pouvoir y réécouter, le 21 septembre prochain, pour notre plus grand plaisir ce chef d’oeuvre dans une même distribution artistique. Puis nous aurons le privilège le 29 septembre d’assister au récital de piano de Mikhaïl Rudy “Chagall ou les couleurs sacrées de la musique” où la projection d’un film sur les œuvres de Marc Chagall illuminera les voûtes de la cathédrale d’Antibes .

Pour clore cet article, je laisse le dernier mot à Ludwig van Beethoven parlant en 1854 du jeune Johannes Brahms (date à laquelle ce dernier commence à composer son Requiem Allemand) : “Son jeu est plein de feu, d’une énergie fatale, et d’une précision rythmique qui révèlent l’artiste. Ses compositions contiennent plus de choses intéressantes que je n’en ai jamais rencontrées dans les œuvres d’un jeune homme de son âge” et pour cause, “cette année là”, Brahms n’avait que 21 ans !

© Photo à la Une : Cyril Carpentier