Publié le 14/12/2017

Orphée, à l’Opéra d’Avignon : premier opéra de la nouvelle salle Confluence

Orphée Opéra Avignon -

Une odyssée au confluent de la raison et de l’amour
Fils d’Apollon et de Calliope, la Muse de l’éloquence et de la poésie épique, Orphée est un être exceptionnel aux vertus et pouvoirs hors du commun. Charmeur des Dieux de l’Olympe et vainqueur des Sirènes lors de l’odyssée des Argonautes, il est, dans la Grèce Antique, le maître absolu de la parole chantée qui charme toute chose, Dieux, humains, animaux et nature.

Orphée, une légende poétique aux sources de la mythologie Grecque !

Le mythe d’Orphée est l’un des plus anciens de l’Antiquité ; charmante Eurydice, une dryade gardienne des pommes d’or du jardin des Hespérides, un paradis réservé aux Dieux et Immortels, ils tombent amoureux l’un de l’autre et se marient. Le soir de leurs noces, Eurydice, piquée par un serpent, meurt et descend aux Enfers, royaume du dieu Hadès, souverain des ténèbres, des ombres et des lamentations.

Orphée, faisant vibrer dans son désespoir les cordes de sa lyre, se lamente et pleure la mort d’Eurydice. “Oh, Divinités de ce monde souterrain… je suis venu chercher mon épouse. J’ai cru pouvoir supporter mon malheur mais l’amour a triomphé. C’est un dieu bien connu dans les régions supérieures, en est-il de même ici ?”

Orphée implore les Dieux de lui rendre Eurydice, prisonnière du Royaume des Ombres !

A ces mots, les dieux qui gouvernent ses lieux ne peuvent résister et cèdent au chant d’Orphée à une seule condition, que sur le chemin du retour des Enfers il ne se retourne pas pour regarder sa bien-aimée, sinon cette faveur serait rendue vaine et Eurydice disparaîtrait à tout jamais au Royaume des Morts.
A la fin de ce mythe, dans la tradition grecque, Orphée est tué par les Ménades et sa dépouille recueillie par les Muses ; la lyre et la tête d’Orphée sont transformées par Apollon en une constellation dont l’étoile principale est Véga qui signifie “l’oiseau qui tombe”, ce qui n’est pas sans nous rappeler le retour aux Enfers d’Eurydice.

Un opéra baroque créé à Vienne en 1762

Dans la version de Gluck, sur un livret de Pierre-Louis Moline, l’épopée est conforme au début de la légende grecque. Cependant, la fin varie en fonction de l’époque pour s’adapter à la morale du 17ème siècle et la notion de Paradis qui succède à l’Enfer des religions anciennes. Aussi, pour les bonnes mœurs, Orphée saura conquérir les Dieux et dans un chant final ramener Eurydice à la vie, la bonté du divin étant bienveillante pour les âmes des défunts en quête d’un repos éternel.
Créée en 1762, l’œuvre de Gluck est de toute évidence un ouvrage s’ouvrant aux festivités royales et à la danse, comme c’était le cas à l’époque. L’orchestration de cet opéra a été révisée par Berlioz.

Une première production lyrique dans la nouvelle salle Confluence de l’Opéra du Grand Avignon

Cette version plus moderne nous a été proposée par l’Opéra d’Avignon avec l’Orchestre Régional Avignon Provence superbement dirigé par Roberto Fores Veses. La mezzo-soprano Julie Robard-Gendre, dans le rôle d’Orphée, sait nous convaincre par son aisance musicale et la perfection de son jeu théâtral. La mise en scène de Fanny Giora est intéressante avec ses jeux de miroirs qui rejettent les ombres errantes des défunts composées des chœurs et des danseurs de l’Opéra du Grand Avignon dans une chorégraphie d’Eric Belaud. A signaler également les costumes d’Elza Briand qui, dans leur uniformité, rendent les ombres saisissantes tels les guerriers en terre cuite du Mausolée de Xian.

Un beau spectacle où nous avons pu découvrir pour la première fois la nouvelle salle Confluence et son acoustique on ne peut plus réussie pour les programmations lyriques.