- Auteur Thierry de Lestang-Parade
- Temps de lecture 7 min
Connor Selby, Un prodige du blues … au New Morning et au Sonograf
Connor Selby, prodigieux britannique de la scène du blues. Entretien : »Le Blues parle des aspects fondamentaux de la vie humaine : l’amour, la perte, la peine, la joie. Ça touche le coeur même de ce que nous sommes et tant que les humains ne changent pas, le blues aura toujours sa place ». Il sera en concert le 3 décembre au New Morning et le 5 décembre au Sonograf’.

Connor Selby sera en concert avec ses musiciens au New Morning à Paris le 3 décembre 2025 à 20 h30 et au Sonograf du Thor, près d'Avignon, le 5 décembre à 21 heures, avant de repartir le lendemain à La Gazette Café à Montpellier, le 6 décembre.. C'est justement la salle Le Sonograf qui produit cette tournée française en misant sur ce chanteur, guitariste et compositeur exceptionnel. Connor Selby a été élu jeune artiste de l'année aux UK Blues Award trois années consécutives. Ce musicien anglais est présenté avec raison comme un prodige du blues. Connor Selby, qui a joué en première partie de The Who à Wembley, répond à nos questions.
Qui est Connor Selby ?
Un prodige du blues
Vous êtes présent sur un titre de Mark Knopfler, Going Home Theme from Local Hero, aux côtés d’Eric Clapton, de Jeff Beck et de Ringo Starr. Avez-vous eu la chance de les rencontrer?
Malheureusement non. Tout a été enregistré à distance. Mais j’aurais bien aimé.

Les visages du blues
Le Blues aux États-Unis a été redécouvert par le blues anglais dans les années 60 avec John Mayall, les Rolling Stones… Qu’en est-il aujourd’hui?
J’ai l’impression qu’il y a toujours une scène Blues importante au Royaume-Uni. C’est une scène très inclusive. Le mot « blues » est aujourd’hui assez général et veut dire beaucoup de choses différentes pour beaucoup de personnes différentes, et la scène le reflète. Naturellement, vous avez beaucoup de musiciens de différentes sortes qui interprètent tous le blues à leur façon. Certains tendent plus vers un blues « old school » de la vieille école, comme moi-même, et d’autres tendent plus vers le rock par exemple.
La solidarité dans le blues
Dans tous les cas, le public est réceptif à tous ces styles, ce qui est une très bonne chose. C’est aussi assez unique, dans le sens où au moins au niveau local, il y a toujours un circuit florissant de petits concerts qui permettent d’être payé. Avec mon expérience d’autres scènes, je ne suis pas sûr que ce soit le cas dans les autres styles de musique. C’est quelque chose dont je suis très reconnaissant car cela permet à des artistes comme moi de jouer mes propres compositions au public et d’être rémunéré, même quand j’ai débuté. Il y a une forte solidarité dans cette communauté et les gens aiment s’investir et soutenir les artistes émergents.
Admirateur d'Eric Clapton
Quel est l’artiste vu sur scène qui vous a le plus impressionné?
C’est une bonne question. J’ai vu beaucoup d’artistes au cours des années, mais celui qui ne cesse jamais de m’inspirer, même si je l’ai vu plus d’une dizaine de fois, c’est Eric Clapton. Je suis toujours en admiration devant lui et même cette année, même si l’on peut voir qu’il ralentit un peu, il joue toujours avec autant de feu et de passion tellement que c’est impossible de ne pas être inspiré par lui. Mais comme je l’ai dit, j’ai vu tellement de musiciens incroyables au fil des années que c’est difficile de n’en choisir qu’un.

En première partie de The Who
Vous avez joué au stade de Wembley à 20 ans en première partie de The Who. Quels sont vos souvenirs de cette fabuleuse expérience?
C’était vraiment une journée incroyable. C’était presque comme faire l’expérience d’être dans Alice aux Pays de Merveilles. Ce qui l’a rendu encore plus irréel c’est qu’à côté de ça j’avais deux autres concerts dans des pubs. Ce qui restera toujours gravé dans ma mémoire, c’est la taille gigantesque du stade et de regarder tous les sièges vides avant le concert. Je me rappelle aussi distinctement de la folle puissance de l’écho pendant que je jouais lors des balances. Le son rebondissait littéralement vers vous. C’était une expérience tellement incroyable et un tel honneur d’avoir pu jouer dans un tel endroit aux côtés d’autant de groupes légendaires. Je chérirai toujours ce moment. Je n’oubliais jamais de regarder The Who sur le côté de la scène et voir comment se passe en coulisses à un concert de cette ampleur.
Que vous inspirent les parcours de Jonny Lang ou de Marcus King? Ressentez-vous une forme de rivalité avec ces musiciens américains?
Tous les deux m’inspirent beaucoup. Je suis un très grand fan des deux et je les ai vus plein de fois au cours des dernières années. J’ai vu Marcus King lors de sa première tournée au Royaume-Uni en 2016, quand il a joué à Londres au Blues Kitchen de Shoreditch, et dans un petit pub à Bristol. Ça a été incroyable d’assister à sa progression de ses débuts jusqu’où il en est actuellement. Je ne ressens pas de rivalité. Ça n’a pas de sens de nos jours. Maintenant la musique et la culture sont tellement fracturées de toute façon, qu’il n’y a aucun intérêt à être en compétition. Chacun existe dans son petit monde qui lui est propre et a les moyens de fidéliser une base de fans spécifique à ce qu’il fait. Ce n’est plus comme il y a trente ans où on devait être en compétition pour passer à la radio et sur certains créneaux de télévision. On peut se construire un public propre par nous-mêmes.

Quel est le standard de blues que vous préférez jouer en concert?
On fait une version de « How Blue Can You Get » de BB King que j’aime beaucoup jouer.
Sous quelle forme allez-vous donner vos concerts au New Morning à Paris et au Sonograf’ au Thor près d’Avignon? Allez-vous être accompagné par des cuivres comme sur votre dernier album?
Malheureusement nous n’aurons pas de section cuivre mais nous allons jouer les morceaux du nouvel album. J’adorerais avoir des cuivres avec moi mais ce n’est pas viable financièrement pour le moment. Nous avons fait un concert à Londres récemment avec les cuivres qui était génial. C’était ma première avec les cuivres au Royaume-Uni. Mais c’est quelque chose auquel j’aspire de faire plus souvent.
Pourquoi, selon vous, le blues reste encore une musique d’avenir et non figée dans le passé?
Le blues restera toujours pertinent de mon point de vue, puisqu’il parle des aspects fondamentaux de la vie humaine : l’amour, la perte, la peine, la joie. Ça touche le coeur même de ce que nous sommes et tant que les humains ne changent pas, le blues aura toujours sa place.












