- Auteur Thierry de Lestang-Parade
- Temps de lecture 7 min
Little Bob sur scène à Paris et en Provence. La voix du rock depuis 50 ans
Entretien avec Little Bob, la voix du rock depuis 50 ans. À l’âge de 85 ans, il revient sur sa carrière, sa longue histoire entre énergie du rock et émotion du blues avant de retrouver la scène de Paris à la Provence.

L'énergie du rock, l'émotion du blues. Little Bob n'a jamais choisi entre ces deux univers. Il les célèbre avec fougue depuis 50 ans. Toujours sur la route. Avec ce sourire un peu espiègle d'un gamin réservé happant la lumière des projecteurs. Pour célébrer son parcours hors du commun, il donne deux concerts en cette fin d'année 2025 : Tout d'abord, au café de la Danse de Paris le 26 septembre, puis il est attendu en Provence sur la scène du Sonograf au Thor près d'Avignon le 7 décembre.
Little Bob, la voix du rock depuis 50 ans
Un disque en concert Last Night in Paris, sorti chez Cat Records et datant de 1988, accueille 22 titres dominés par le souffle du rock. Des compositions et des reprises comme Kick out the Jams de MC 5 ponctuent ce témoignage qui s'est achevé par cinq rappels. C'est un véritable brûlot exhumé du passé avec la flamme d'un homme à la voix rauque et tendre à la fois.
Little Bob, c'est l'histoire de Roberto Piazza, un enfant d'Italie, issu d'un milieu populaire, qui chante principalement en anglais.
Les plus grands musiciens américains l'ont accompagné comme Steve Hunter qui a joué avec Lou Reed. Il est resté le même, simple et authentique, attentif à son public.

La longue histoire de Little Bob
Vous êtes âgé de 80 ans et vous célébrez 50 ans de carrière.
Little Bob : Non, 85 ans, il faut que je change ma notice biographique sur mon site internet.
Quels sont les moments forts de votre longue histoire ?
Little Bob : Il y en a tellement !
Un Gaulois transalpin
Quelques uns ?
Little Bob : Dès le départ, il y a eu le fait de se lancer dans ce métier. Comme j'étais petit de taille, je me souviens que lorsque j'étais au lycée en Italie on se moquait de moi. C'est ce qui arrive quand on est un petit bonhomme. A 18 ans, j'en paraissais 12. Tu peux même pas regarder les filles.
Je me suis mis en tête d'avoir la volonté de m'en sortir d'une manière ou d'une autre. Je le voulais tellement. Personne nous disait qu'on allait s'en sortir. Sauf que nous avons répété, tout en travaillant tous, dans ce groupe Little Bob Story pendant 4 ans. J'ai parlé à tout le monde du projet de passer musiciens professionnels même si professionnel est un bien grand mot. Nous n'avons pas gagné de l'argent tout de suite. On s'est battus. Sur les chroniques de nos albums, les critiques notaient notre volonté de nous battre. Auparavant, j'ai travaillé dans une entreprise pendant un bon moment pour aider mes parents.
Une chanson de Bruce Springsteen
Comme ouvrier ?
Little Bob : Non j'étais agent administratif dans un bureau sans avoir fait des études pour cela. J'étais Italien et j'ai suivi des cours de français et d'anglais. C'est l'usine, à l'époque, qui s'occupait de cela pour ses ouvriers. Je faisais partie de la famille d'un des deux cents ouvriers italiens qui étaient arrivés au Havre dans l'année 1956 à peu près.
Je suis un Gaulois transalpin.
Vous donnez un concert à Paris le 26 septembre au Café de la danse et puis le 7 décembre au Sonograf du Thor près d'Avignon. Ces concerts seront-ils semblables?
Little Bob : Je ne vais pas changer de nombreux morceaux. Nous avons sorti un album d'un concert de 1988 qui provenait de RTL et j'en fais la promotion sur scène. Il montre ce que l'on valait avec des bons musiciens.
Pouvez-vous nous raconter l'histoire de la chanson de Springsteen Seaside bar song (1) que vous interprétez ?
Little Bob : J'ai toujours bien aimé Springsteen. Il se bat pour sa musique et se bat vraiment. J'aime assez tout ce qu'il écrit et enregistre. J'ai repris cette chanson car elle était inédite. Cela évoque les bars de la plage. Au Havre, nous les avons. C'est un endroit que je connais.
Chanson préférée
Dans tout votre répertoire, quelle est votre chanson préférée ?
Little Bob : Difficile d'en choisir une. Il y a évidemment celles que j'ai enregistrées aux Etats-Unis et puis celles en France. Tu veux quoi une ballade ? Eh Bien Lost Territories.

J'aime beaucoup Sheila' n' Willy. Elle est magnifique.
Little Bob : C'est une histoire que j'ai découverte dans un film. On y évoquait des sans abri à New-York qui vivaient dans une station de métro qui n'était plus utilisée.
[La voix de Little Bob s'élance pour chanter les premières phrases de la chanson ]
Un groupe apprécié
Vous appréciez aussi les reprises. Quelle est celle qui a votre préférence ?
Little Bob : Je préfère écrire. Ce serait alors peut-être un morceau de The Animals que j'ai beaucoup aimé. Quand je n'étais pas professionnel, j'ai pas mal appris en les écoutant. Cela m'a aidé.
Au cinéma
Vous avez joué au cinéma dans le film Le Havre de Aki Kaurismaki présenté au festival de Cannes en 2011. Etes-vous tenté par une autre présence devant la caméra ou pas du tout ?
Little Bob : Cela dépend des raisons et puis du nom du metteur en scène. Moi, mon truc, c'est la musique évidement. J'ai bien aimé tourner avec Kaurismaki, un type assez spécial que j'apprécie. Il aime bien les groupes de rock. Quand il est arrivé au Havre, c'est son secrétaire qui l'a amené chez moi. La première chose qu'il m'a dite c'est que nous allons aller à Cannes l'année prochaine. Il était convaincu que son film allait être choisi par le jury. Nous avons même joué là-bas.
Hommage à sa femme disparue
Est-ce que le blues permet de lutter contre la douleur liée à la perte d'un être cher ?
Little Bob : Normalement oui. Il y a aussi des ballades. Pourquoi pas un rock ? Mais sur un titre lent, c'est mieux. Depuis que j'ai perdu ma femme, j'ai composé plusieurs chansons qui parlent d'elle. C'était déjà le cas avant. Sur un album sorti en 2021, We need hope, nous avons besoin d'espoir. Il y a une chanson qui me fait venir les larmes aux yeux.
C'est laquelle ?
Little Bob : You can't come back .
Encore de la voix
Votre dernier disque "Last night in Paris" vient de sortir alors qu'il a été enregistré en 1988 à Paris. Comment conservez-vous la même énergie aujourd'hui ?
Little Bob : Je chante différemment. Un peu mieux peut-être.
Pourquoi ?
Little Bob : J' ai moins de force à 85 ans mais j'ai encore de la voix et je ne vois pas pourquoi je ne m'en servirais pas.
(1) Seaside bar song date de 1973 et se trouve sur le coffret Tracks de Bruce Springsteen de 1998.