Publié le 06/08/2020

Rodrigo Basilicati Cardin “Mon oncle Pierre Cardin a créé deux festivals pour que la culture résiste”

Rodrigo Basilicati Cardin s’investit de plus en plus aux côtés de son oncle Pierre Cardin, dans ce fabuleux festival d’art au pluriel, le Festival de Lacoste. Cette année marquera la première édition d’un festival de cinéma en avant première du festival traditionnel d’art lyrique, de théâtre, de danse qui impose la création artistique et la découverte de nouveaux talents.

Rodrigo Basilicati Cardin

Rencontre avec Rodrigo Basilicati Cardin (il a pris le nom de sa maman il y a deux ans). Il est le neveu de Pierre Cardin grand couturier et fondateur du Festival de Lacoste? Un festival d'Art avec un grand A, situé dans un village pittoresque au centre du Luberon, dans les lieux du Marquis de Sade.

Aux coeur des carrières, entre les cigales et le mistral qui soufflait très fort ce jour là, Rodrigo Basilicati Cardin nous raconte avec passion la programmation de ce festival à Lacoste qui vient de souffler ses 20 bougies.
Nous l'avions rencontré en 2017, où il nous expliquait son investissement lié à la découverte de nouveaux talents.
Aujourd'hui, il s'implique davantage dans l'organisation du festival, et de faire le lien entre son oncle et l'équipe de production.
Pianiste, il a la sensibilité d'un artiste. La création, le spectacle vivant, l'émotion, ce sont des mots dont il connait bien le sens, malgré son bel accent italien.
Il poursuit ainsi le travail accompli par le grand couturier qui ne cesse de créer pour soutenir la création, ici artistique.

Deux festivals à Lacoste, pour résister à cette mauvaise période liée à la crise sanitaire

Deux festivals sont au programme du festival de Lacoste, qui célèbre ses 20 ans en cet été 2020.
Un festival de cinéma en plein air avec huit comédies musicales. Plus que du cinéma, c'est un spectacle de music hall, où le public pourra entrer en immersion grâce à un écran géant et une acoustique à 360°. Un invité d'honneur présente chaque soir l'affiche : Patrick Poivre d'Arvor.
Le comédien et metteur en scène Gérard Chambre, en charge de la direction artistique nous livre quelques secrets.
Le Festival de Lacoste lance sa première édition de cinéma en plein air. Rencontre avec Gérard Chambre

La programmation du Festival de Lacoste est cette année très éclectique. Cinéma, chant lyrique, théâtre musical, danse, récital. Le spectacle vivant et la création avant tout. Une suite logique pour Pierre Cardin, grand créateur de haute couture visionnaire et passionné par le monde de l'art.

Rodrigo Basilicati Cardin :
Nous avons créé un double festival cette année pour se mettre en contraste face à cette mauvaise période, où les artistes sont restés chez eux, sans voir le futur.
Les théâtres sont les plus frappés par cette crise. Le théâtre est un lieu où les personnes se rassemblent. C'est difficile pour respecter les distanciations sociales.
Mais on a voulu faire une opposition à tout cela et risquer il y a cinq mois de faire la programmation, en plein covid. Les artistes étaient étonnés, mais on a continué. Aujourd’hui, les jauges sont à 70%. L'état considère que c'est le meilleur rapport pour garder les distances.
C'est sûr que l'on prend des risques. Mais Monsieur Cardin fait ça pour l'art, pour résister.
Au contraire, il a rajouté un festival de cinéma. C'est un signal. Il faut trouver des solutions et on peut s'adapter.
On ne voulait pas interrompre nos éditions du festival qui célèbre son 20ème anniversaire cette année. C'est à peine maintenant que l'on peut s'apercevoir des répercussions avec tous les artistes que l'on a eu : Renée Fleming, Roberto Alagna, Martha Argerich, Jonas Kaufmann, Duce Pontes. Cette année Andrea Bocelli, Gérard Depardieu, Marie-Claude Pietragalla ... Une vingtaine de noms d'artistes de renommée internationale. Parfois, il faut du temps pour faire savoir tout cela. Et aussi, parce les artistes veulent venir dans des situations un peu reconnues.

Le festival de Lacoste se consacre à la nouvelle création

Rodrigo Basilicati Cardin :
Nous sommes concentrés sur la nouvelle création, sur la présentation de nouveaux talents.
Gérard Chambre, Véronique Fourcaud avec La Voix Humaine, Fabrice Coccito ... Ce sont des personnages qui ont du talent, mais ne sont pas connus encore du grand public. On est toujours jeune au début de notre carrière ! Il faut quelqu'un qui nous propose. Pierre Cardin a bien vu cela.
J'aide Monsieur Cardin à rendre possible tout cela. Il n'est pas toujours disponible. Une fois que les choses sont dites, je transmets aux collaborateurs magnifiques que l'on a depuis longtemps.

Je reste maintenant plus en France pour surveiller l'organisation. Il y a le design et l'entreprise toujours, mais maintenant, c'est l'art et la culture.
Je connais très bien la scène, de mon parcours de pianiste classique concertiste. Je sais ce que veut dire le trac.
J'estime toutes les formes d'art, mais il faut dire que les formes d'art qui sont faites en direct sur scène, où l'artiste se met à nu et où toutes les émotions sont là.
Il y a une seule possibilité de sortir : On ne peut pas dire "ah excusez-moi, je répète, je pars". Là on sort tout notre âme en une heure et demi.
Je trouve que la gestion de l'émotion, c'est aussi un beau chapitre du savoir faire d'un artiste.
Un sculpteur peut préparer, et lorsqu'il est content de sa création, il peut la montrer., il peut attendre, il peut la refaire, il peut décider quand il souhaite la montrer.

J'ai une grande estime pour qui ose

Sur scène, on peut ne pas être satisfait à la fin. la plupart du temps, les artistes ne sont pas satisfaits à la fin, à moins qu'ils aient une carrière énorme, et qu'ils jouent tous les trois jours, alors, ils sont vraiment à l'aise. C'est une bonne combinaison : le talent qui sort à un moment donné, et la préparation qui est énorme derrière, et tout se résout en quelques minutes. J'ai une grande admiration pour la musique classique, le théâtre, le music hall. Je trouve de plus en plus un attachement au music hall, parce que c'est un peu l'opéra à l'époque. Aujourd'hui, on l'appelle la musique cultivée. À l'époque, c'était le music hall.

Pierre Cardin le dit toujours : il faut créer quelque chose d'aujourd'hui pour signer le siècle et l'année. Sinon, si on continue d'interpréter, c'est intéressant pour la culture, il faut le faire, mais Pierre Cardin est plutôt projeté vers le futur, vers la création. Et moi, derrière lui.
J'interprétais beaucoup au piano, rarement je composais. C'est l'interprétation qui m'intéressait, mais c'est le passé. J'apprécie aussi l'acte créatif. J'ai une grande estime pour qui ose.