Publié le 04/09/2021

Les Baux-de-Provence, Haut lieu de Tourisme, mais pas seulement…

Depuis l’antiquité, l’homme a façonné la nature. Les falaises calcaires ont été entaillées par des générations de carriers. L’une d’elle l’est encore. Une mosaïque de paysages, vergers d’oliviers, vignes et terres pastorales, sont cultivées et s’étendent au pied du rocher. Ici l’olivier est roi, et la réputation des huiles et olives de la vallée des Baux-de-Provence n’est plus à faire. Ici, chèvres et moutons broutent sous les amandiers en fleurs. Les Baux-de-Provence s’affichent ‘haut lieu de tourisme’.

Histoire Village Les baux de Provence

Chanté, encensé, classé ‘Plus beau village de France’, déclaré ‘Site patrimonial remarquable’, les Baux-de-Provence ne cessent d’émerveiller par son patrimoine historique et sa configuration naturelle sur un éperon rocheux entouré de vallons. Certes, chaque année, plus d’un million et demi de touristes arpentent ses ruelles moyenâgeuses, se mêlant aux 353 habitants. Mais sous l’impulsion de Madame le maire, Anne Poniatowski, les Baussenques et les Baussencs retrouvent peu à peu tout au long de l’année l’esprit de leur village et celui de la terre.

Anne Poniatowski Maire des Baux du village les Baux de Provence
Anne Poniatowski, Maire du Village Les Baux-de-Provence

De la taille de pierre aux Carrières de Sarragan

Journaliste, viticultrice, élue maire des Baux-de-Provence en 2020, Anne Poniatowski est une femme attachée à son territoire.

Nous l’avons rencontrée :

Danielle Dufour Verna/Projecteur tv – Vous êtes l’élue d’un des plus beaux villages de France, votre mairie se situe ‘Rue du Château’. Comment est-ce qu’on vit parmi ces murs chargés d’histoire ? Est-ce que vous pensez souvent au passé pour envisager l’avenir ?

Anne Poniatowski – On vit facilement parce qu’on a beaucoup de chance d’être dans ce cadre. On a beaucoup de chance et on en est conscient. Mais cela pose aussi des problèmes car nous sommes un petit village, une commune de 353 habitants et nous recevons un million et demi de visiteurs par an. Donc, il faut partager ce cadre de vie et ce patrimoine avec tous les visiteurs qui viennent profiter de notre commune et de son environnement. C’est vrai qu’il y a le village, le rocher, comme on dit, la cité, avec tous ses monuments historiques classés. Et puis, on a aussi le Val d’Enfer, on a aussi la nature qui nous environne qui est aussi magnifique dont profitent également les randonneurs, les cyclistes, les promeneurs. Oui, on y vit bien, mais il faut savoir le partager.

DDV – Comment est-ce que vous partagez cette dimension culturelle avec les obligations sanitaires ?

Anne Poniatowski – Il y a deux sites de visite qui sont assez prisés aux Baux, qui sont les Carrières de Lumière et le Château où le pass sanitaire est exigé ce qui, au départ, a probablement empêché certaines personnes de venir. On s’est adapté. Il semblerait que depuis on ait retrouvé un niveau de visites à peu près normal en cette saison. Il y a un petit point difficile. Les rues des Baux sont très étroites et on encourage les gens à porter leurs masques. Ça se passe plutôt bien et sereinement.

DDV –Les carrières de lumière ont une histoire…

Carrieres de Sarragaan - Les Beaux de Provence
Les pierres des carrières de Sarragan

Anne Poniatowski – Oui, ce qui est magnifique. Il y avait une forte activité de taille de pierre aux Baux-de-Provence . Cette carrière est désaffectée mais nous avons toujours une carrière en production dont nous sommes très fiers car c’est une des activités des Baux, les carrières de Sarragan dont les pierres pour les habitations sont très prisées. Tous les mas du coin ont toujours l’entourage des portes et des fenêtres en pierres des Baux. En revanche la Carrière des grands fonds, qui est la carrière de lumière, anciennement cathédrale de lumière aujourd’hui est une carrière désaffectée qui avait été, il y a déjà un grand nombre d’années, mise à profit. Chaque année, nous avons une exposition différente.

DDV – J’imagine que dans une petite commune, votre fonction de maire embrasse des tas d’activités…

Anne Poniatowski – Effectivement, le fait que ce soit une petite commune, nous avons en partie les moyens d’une petite commune. Le maire doit être un peu homme-orchestre, femme-orchestre (rires) et être très présent, mais j’ai des équipes qui sont très efficaces et formidables. Je m’appuie beaucoup sur eux et sur mon conseil municipal qui est aussi très participatif. J’aime bien que la commune soit dirigée par une équipe plus que par une personne.

De l’huile d’olive, du vin, des amandiers, des chèvres et des moutons pour renouer avec la nature et les hommes

DDV –L’huile d’olive des Baux-de-Provence est particulièrement appréciée …

Anne Poniatowski –C’est une AOP, de même que le vin. On en est très fiers. Je suis moi-même viticultrice. J’ai une propriété viticole aux Baux. L’appellation des vins de même que l’appellation de l’huile porte le nom des Baux mais se situe sur plusieurs communes. Les Baux, on est une commune touristique certes, mais agricole, et il ne faut pas oublier qu’on tourne beaucoup autour du vin et de l’huile d’olive. On a développé aussi des amandiers parce qu’on estime que c’est à la fois une production importante mais surtout qui magnifie le village. La saison des amandiers en fleurs est assez extraordinaire. Ça fait partie de notre patrimoine.

« N’oubliez pas, madame, qu’autrefois il y avait des moutons. »

Et on essaie également de développer l’élevage des chèvres et des moutons sur la commune. Nous avons fait une exposition sur des anciennes photos des Baux auxquelles on a joint une photo actuelle. J’ai été frappée par le fait qu’autrefois il y avait très peu de végétation. Le village des Baux était beaucoup plus rocailleux, beaucoup plus minéral alors qu’aujourd’hui on est un peu plus envahi par les plantes, ce qui peut paraitre contradictoire vu les périodes de sécheresse. Et un ancien me disait à juste titre : « N’oubliez pas, madame, qu’autrefois il y avait des moutons. » On essaie de comprendre la leçon de nos prédécesseurs.

DDV –Vous me disiez que vous vous appuyez beaucoup sur votre équipe. Jean Reno fait non seulement partie de vos administrés mais est également élu en charge des grands évènements et des relations internationales. Des projets ?

Anne Poniatowski – Grâce à Jean, nous avons monté avec les communes voisines une association de théâtre et de cours de théâtre. Nous réfléchissons à des projets internationaux. C’est quelqu’un qui est très connu à l’étranger. Ça nous permet d’y rayonner et d’envisager des rencontres.

DDV – Et qu’en est-il du Marquis des Baux qui dit avoir gardé un lien affectif même si le titre n’est qu’honoraire? Vous entretenez des relations suivies ?

Anne Poniatowski – La tradition veut que ce soit le dernier descendant célibataire sans enfant qui porte le titre. Le jour où le Prince Albert II de Monaco a eu ses jumeaux, c’est le Prince Jacques qui est devenu Marquis des Baux. Ce n’est plus Albert. Bien sûr, nous avons des relations suivies. Le prince Albert II est venu ici il y a environ 8 ans et nous avons créé ici une visite guidée sur le thème des relations entre la famille Grimaldi et la famille des Baux. Il possède toujours une chapelle tout en haut du château. Le maire des Baux est généralement invité aux manifestations de Monaco. Il est effectivement très attaché au village.

DDV –Poniatowski, un lien avec le ministre d’Etat de Giscard d’Estaing ?

Anne Poniatowski – Oui, c’était mon beau-père, le père de mon mari.

DDV – Qu’espérez-vous pour les Baux ?

Anne Poniatowski –Je ne suis pas née aux Baux mais j’y suis très attachée depuis l’enfance. J’aimerais qu’on arrive à conserver une âme au village et que ce ne soit pas forcément qu’un village touristique. Qu’on ait une vie de village. Effectivement il y a un million et demi de touristes mais j’ai 353 administrés et je ne voudrais pas –et c’est peut-être le défi le plus difficile- en faire un village de santons, une destination touristique, en oubliant qu’il y a une économie, qu’il faut garder une qualité de vie pour ces habitants. Que ce soit un village qui vit autrement que par le tourisme. On est très contents d’accueillir les visiteurs mais il faut aussi qu’on ait une vie de village, une vie de famille, une vie ensemble. Je pense que c’est très important. Et c’est peut-être quelque chose qui a été oubliée ces dernières années et que j’essaie vraiment de mettre en exergue, comme la fête de la Saint-Jean qui a rassemblé plus de 200 Baussencs. Je voudrais faire ce genre de manifestations, entre nous, tout au long de l’année, même en hiver où il n’y a pas beaucoup de touristes. Les boutiques sont fermées mais les habitants sont toujours là.