Publié le 30/07/2020

Adélaïde Ferrière et Jean-Étienne Sotty, deux jeunes artistes virtuoses sous les étoiles du Fort Antoine …

Malgré l’annulation des festivals en cette période particulière, la culture résiste ! Pas de Festival du Printemps des arts de Monte-Carlo cette année pour célébrer l’arrivée des beaux jours, mais les acteurs culturels de la Principauté de Monaco ont été plus que jamais réunis pour faire résonner le son de la musique. À l’occasion des 50 ans du théâtre Fort Antoine, deux artistes, nouvelles étoiles montantes, Adélaïde Ferrière, percussionniste, et Jean-Étienne Sotty, accordéoniste ont ravi le public, à l’écoute d’une musique qui suscite les curiosités. Rencontre (brève) avec Marc Monnet, conseiller artistique.

Jean-Etienne Sotty Printemps des arts de monaco Fort antoine © PhilippeFitte

Deux étoiles montantes, Adélaïde Ferrière et Jean-Étienne Sotty sous les étoiles du Théâtre Fort Antoine à Monte-Carlo.

Brève rencontre avec Marc Monnet, Conseiller artistique du Printemps des Arts

Le « Printemps des Arts de Monte-Carlo », présidé par S.A.R la Princesse de Hanovre, véritable aventure culturelle célèbrerait ses 35 ans en 2019... Depuis 2003, à la baguette un homme du sérail le compositeur Marc Monnet. Un festival qui « ose tout », parfois taxé d’élitisme... « Oser » : un verbe que le Conseiller artistique du festival conjugue au fil des ans à tous les temps, ce vendredi 24 juillet, il en a offert un bel exemple au public estival du Fort Antoine pour l’unique représentation du « Printemps des Arts 2020 », pour cause de crise sanitaire. Le public, bien que masqué, a bel et bien répondu présent !

A propos du verbe « oser » et d’un prétendu « élitisme » du Festival…

Il y a quelques années (comme le temps passe !) Marc Monnet me répondait : "Je crois qu’il faut « oser » car la culture en général est une chose complexe qui peut être très conventionnelle, voir ennuyeuse parfois, mais elle peut être extrêmement jouissive, « donner envie » serait mon credo. Je lutte sans cesse, contre les préjugés tellement forts aujourd’hui où règne un esprit fermé, où tout est cloisonné. Pourquoi un amateur d’opéra ne viendrait-il pas écouter de la musique ancienne ou contemporaine ? Mon ambition est de créer des échanges, des passerelles. Heureusement pour moi je pense que la culture n’est pas une affaire d’élite, mais de sensibilité, de perception, certes on est plus ou moins habitué à entendre certaines œuvres mais mon devoir c’est de permettre au public de faire des découvertes, je suis pour que tout le monde soit l’élite, parler d’élite c’est accepter l’idée qu’il y a des imbéciles en face de vous ! "

Marc Monnet, quelques mots sur les deux jeunes artistes présentés -hors les murs- Adélaïde Ferrière et Jean-Étienne Sotty dans le cadre enchanteur du Fort Antoine, ce vendredi 24 juillet 2020 ?

Adelaide Ferriere percussioniste © PhilippeFitte
La jeune percussionniste Adelaïde Ferrière jongle avec les notes de musique ! © Philippe Fitte

Ces deux jeunes artistes, Adélaïde Ferrière, percussionniste, et Jean-Étienne Sotty, accordéoniste, étaient présents au Printemps des Arts 2019, et j’espère qu’ils reviendront car ils sont extrêmement talentueux. Ils représentent la toute la nouvelle génération de musiciens que produit notre société, nombreux et de plus en plus talentueux. Pour arriver à ce degré de qualité il faut compter à minima une dizaine d’années de travail intensif… mais surtout tellement d’heures d’entrainement au quotidien ! Le niveau global monte d’année en année. Reste que la qualité du musicien, pas simplement technicien, est toujours aussi rare, c’est celle de l’artiste habité. Ce fût le cas de ces deux musiciens.

Adélaïde Ferrière, percussionniste, et Jean-Étienne Sotty, accordéoniste
Les jeunes artistes Adélaïde Ferrière et Jean-Étienne Sotty, présentés au public par Marc Monnet, Conseiller artistique du Festival du Printemps des Arts © Philippe Fitte


Comment envisagez-vous aujourd’hui le Printemps des Arts 2021 ?

Le festival 2021 se prépare comme celui de 2020 avec bien entendu certains aménagements au vu de la situation actuelle. À ce jour, nous ne pouvons pas anticiper la situation sanitaire de Mars 2021 mais cette prochaine édition sera toujours : surprises, étonnement, joie et rassemblement de notre public ! Espérons que les conditions seront réunies pour en faire le renouveau tant attendu! Mais il nous faut aller de l’avant, se renouveler en permanence, être optimiste sur l’avenir et ne pas perdre de vue notre rôle premier : fédérer et emmener les public sur des chemins qu’il n’a pas l’habitude de prendre.

Un Printemps des Arts plus court, davantage en extérieur peut-être ?

Il ne sera pas plus court, et j’ose espérer toujours aussi excitant!  La Culture a toujours été soutenue en Principauté, il en est de même après cette période trouble. Le Festival garde le soutien des institutions politiques et culturelles aussi comme à notre habitude l’édition 2021 réservera bien des surprises mais l’ensemble de nos concerts se tiendra dans des lieux se prêtant à la musique, c’est-à-dire en intérieur… Monaco a préservé ce secteur et c’est une exception mais il faut que la machine du spectacle reparte!

Printemps des arts de Monte Carlo ai Fort Antoine © PhilippeFitte
Un public masqué mais enthousiaste dans le cadre unique du Fort Antoine sous les étoiles… © Philippe Fitte

Que vont devenir les artistes, si cette pénible situation sanitaire perdure ?

Personne ne le sait, mais c’est très inquiétant. La situation des artistes est catastrophique aujourd’hui. Tous les concerts ont été internationalement supprimés. Beaucoup sont en difficulté. La société n’a pas encore réagi à cette situation qui touche des milliers d’artistes de toutes les disciplines. La culture souffre plus que d'autres secteurs, Il semble qu'elle soit la moins bien traitée... et pourtant elle est "la vie", elle lie les hommes, les rend plus humains ! La culture reste trop souvent au second plan, comme si on la considérait comme un supplément d’âmes…

Plus de culture moins de violence : comment  luttez-vous à votre niveau ?

Personnellement mon quotidien est de travailler pour le public, pour lui apporter ce qu’il ignore parfois. Les mondes imaginaires, la sensibilité à la perception, la tolérance à l’écoute de musiques très différentes les unes des autres. Je ne crois pas que la violence disparaitra, mais nous agissons quotidiennement pour que ce monde soit à l’écoute de l’autre, et non enfermé dans son égoïsme destructeur.

Photo à la Une : Jean-Étienne Sotty, accordéoniste virtuose, littéralement habité par les vibrations de son instrument © Philippe Fitte