Publié le 18/12/2023

Cannes : Rencontre avec Didier Deschamps, directeur artistique du Festival de danse

Rencontre avec Didier Deschamps, directeur artistique du Festival de Danse à Cannes, où il partage son premier regard sur sa première édition en qualité de directeur artistique, succédant à Brigitte Lefèvre. 

Didier Deschamps chorégraphe directeur festival danse cannes

Portrait Didier Deschamps © Gilles Traverso

Personnalité emblématique du monde de la danse, ancien directeur du Centre Chorégraphique National-Ballet de Lorraine à Nancy et ancien directeur du Centre national de la danse de Chaillot à Paris, Didier Deschamps vient de mettre un point d’orgue à sa première édition du festival international de la danse de Cannes 2023 dont il vient de prendre la direction artistique à la suite de Brigitte Lefèvre. Il tire le bilan de la manifestation portée par la ville de Cannes et le palais des Festivals et des congrès qui vient de s’achever. (24 novembre - 10 décembre 2023)

Didier Deschamps, directeur artistique du Festival de danse de Cannes

Quel regard portez-vous sur cette première édition que vous avez conçue ?

Didier Deschamps : Lorsqu’on programme un tel événement, on éprouve toujours des doutes et des interrogations car on ne sait jamais à l’avance comment les propositions vont être reçues ou perçues. C’est le jeu et cela fait partie pour moi de tout ce que représente le spectacle vivant avec à la fois sa force et sa fragilité. J’ai eu à cœur à travers cet événement de montrer l'extraordinaire foisonnement, la diversité et la richesse que présente l'art chorégraphique au plan national et international. Et de démontrer qu'à une époque où les tentations de repli sur soi sont une réalité, la danse est porteuse d'ouverture et de rapprochement entre les êtres. 

Quels sont vos motifs de satisfaction ?

Didier Deschamps : Je pense que nous avons réussi notre pari de présenter des choses très différentes, de mettre en perspective différentes cultures et expressions artistiques en célébrant l’art de la danse dans toute ses dimensions. Je suis heureux que cette programmation ait pu satisfaire un public nombreux et chaleureux qui a démontré sa disponibilité, sa capacité à découvrir et à accueillir nos propositions. Cela s’est manifesté entre autres par le succès des « bords de plateaux » instaurés par ma prédécesseure Brigitte Lefèvre. Les échanges entre les spectateurs, les artistes et les chorégraphes ont été particulièrement riches à en juger par leurs questionnements, leur ressenti. Ces échanges ne sont pas si courants. Ils sont pour moi un véritable cadeau. Et puis il y a ce travail immense porté par les équipes du Palais des Festivals et des congrès de la ville de Cannes et tous ceux qui ont concouru à l’organisation de cette véritable fête de la danse et que je remercie du fond du cœur.

Quelles sont les objectifs d’une telle programmation ?

Didier Deschamps : Une manifestation telle que la biennale de danse de Cannes, qui s’inscrit forcément dans un temps limité, doit trouver sa singularité et sa couleur spécifiques. Je me suis attaché à trouver un équilibre entre les créations mais aussi des productions et des compagnies de référence qui ont écrit l’histoire de la danse. Ce qui a été créé et produit dans les années et les siècles passés détermine, en matière de vocabulaire, de formes et d’esthétiques, les formes actuelles. Il est important d’avoir accès à ces pièces qui constituent notre culture. Pour autant la danse est un art qui se nourrit aussi des idées présentes et nouvelles. Nous sommes dans le spectacle vivant. Nous avons aussi essayé d’innover en explorant les chemins entre la danse et les autres disciplines artistiques avec des performances croisées entre l’art chorégraphique, le cirque, le chant, la musique mais aussi le cinéma et les nouvelles technologies.

Comment se porte la danse ?

Didier Deschamps : Globalement très bien. Ce que nous avons vécu pendant cette période intense me renforce dans cette idée. Il me semble que le public est au rendez-vous. Les échanges qui ont lieu entre les plateaux et les spectateurs la connexion est évidente. C’est ce qui me touche particulièrement. La danse a désormais investi notre quotidien. Elle est présente sur les écrans, dans les réseaux sociaux, au cinéma mais le spectacle vivant reste irremplaçable par l’émotion directe et la poésie qu’il procure. Il est le vecteur d’un partage privilégié. 

Des souvenirs marquants sur cette édition 2023 ?

Didier Deschamps : Je me souviendrai de l’engagement de tous les artistes, et de la volonté et de la capacité de chacun d’entre eux à nous offrir une vision singulière du monde, de ses beautés et de ses questionnements, avec autant de façons de penser le mouvement, de mobiliser le corps et de nous faire partager émotions et parfois étonnements. Je me souviendrai aussi du grand respect du public à l’égard des artistes. Quant à choisir parmi tous les temps forts de cette période de trois semaines intense en événements et en émotions, c’est très difficile !  Je retiendrai la première édition  de « Mov’in Cannes » qui a mis en valeur les rapports entre l’image et la danse et la prestation finale du Cloud Gate Dance Theater de Taiwan la plus ancienne compagnie asiatique de danse contemporaine qui a fêté au palais des Festivals les trente ans de sa création devant les caméras de la télévision Coréenne. 

Le Festival de Danse de Cannes 2023 en quelques chiffres

*15 000 festivaliers accueillis dont 175 professionnels et 34 journalistes de la presse nationale et internationale.

*Pour la première fois création de « Mov’in Cannes »,  une compétition internationale de films courts métrages sur la danse avec 18 films sélectionnés. 

*27 compagnies internationales invitées venues de 13 pays. 

*252 artistes en scène.

*Quinze créations dont trois premières mondiales et trois premières françaises.

*37 représentations dont 22 à Cannes et quinze dans les théâtres partenaires aux côtés du palais des festivals de Canne , Anthea (Antibes), Forum Jacques Prevert (Carros), Scène 55 (Mougins), Théâtre de Grasse, Théâtre national de Nice, Théâtre le Forum (Fréjus), Théâtres en Dracénie (Draguignan), Théâtre de la Licorne (Cannes).

*13 scènes du territoire investies dont 5 performances gratuites dans l’espace public (façade du Cinéum, place Roubaud, Parvis du Palais des Festivals. 

*Des master-classes, colloques, projections de film, tables rondes, séminaires et six ateliers de pratique de la danse proposés à une centaine d’étudiants et de jeunes danseurs.

* Des actions de sensibilisation à l’art chorégraphiques à destination de 1600 jeunes en amont du festival avec la diffusion de deux spectacles dans 18 établissements scolaires et universitaires cannois.