- Auteur Philippe Depetris
- Temps de lecture 6 min
Jean-Paul Gasparian : un jeune maître dans la lumière
« L’Interprétation est le reflet du musicien, de sa sensibilité et de sa culture » : Portrait d’un jeune maître dans la lumière, Jean-Paul Gasparian, pianiste au parcours lumineux, entre prix prestigieux, sensibilité, attaché à sa culture et ses origines.

Nommé aux Victoires de la musique en 2021 dans la catégorie « Révélation soliste », voici le parcours de Jean-Paul Gasparian, un pianiste de 30 ans promis au plus bel avenir qui a beaucoup d’affinités pour le Sud de la France qu’il connait bien depuis son enfance. Par ses concerts et ses enregistrements, il est désormais considéré comme l’un des meilleurs représentants de la nouvelle génération française du piano. On l’avait découvert avec bonheur aux Nocturnes du Piano de Cagnes-sur-Mer et en soliste de l’Orchestre national de Cannes.
Parmi ses prochains concerts en 2025, nous pourrons écouter Jean-Paul Gasparian en récital le 7 juillet aux Soirées Romantiques du Rayol-Canadel, le 10 octobre au Casino de Beaulieu, le 4 novembre au palais des congrès de Saint-Raphaël avant Marseille en avril 2026.

Rencontre avec Jean-Paul Gasparian
À l’écoute de ses origines
Il était écrit que Jean-Paul Gasparian deviendrait pianiste. A l’image de ses parents, d'un père, Gérard Gasparian, arrivé d’Arménie en France à l’âge de 14 ans, puis élève de Pierre Barbizet à Marseille, et de sa mère, Branka Balevic, elle-aussi musicienne. Les doigts sur le clavier dès sa sixième année, le goût de l’écoute suscité par une discothèque familiale bien fournie et celle des concerts auxquels il assistait avec son père, ont forgé le désir de s’exprimer à travers le piano.

Nourri du vaste répertoire symphonique et des interprétations d’un Sviatoslav Richter, d’un Arthur Schnabel ou d’un Vladimir Sofronisky qui ont bercé son enfance, mais aussi d’une rare curiosité pour les écrits sur les compositeurs et les interprètes et sur leurs échanges de correspondance, il est admis à l’unanimité au CNSM de Paris à l’âge de 14 ans d’où il sortira en 2015 nanti d’un master et nourri d’une culture musicale située au carrefour des influences qu’il assimile auprès de pédagogues issus des écoles russe et française et qu’il doit aussi à ses racines arméniennes.
Récompensé par plusieurs prix prestigieux
Parallèlement il obtient un premier prix de philosophie au Concours Général tout en construisant patiemment et avec humilité, à force de travail et de réflexion sur son art, une carrière brillante. En mai 2022, il effectue ses débuts à la Philharmonie de Paris, en soliste avec l'Orchestre National d'Ile-de-France. En mai 2023, il assurera création française du concerto pour piano de Howard Shore, Ruin and Memory, à la Maison de la Radio, en compagnie du Philharmonique de Radio France. Vainqueur du prestigieux Concours Européen de Brême (Allemagne) en 2014, lauréat des concours Internationaux José Iturbi (Espagne) en 2015, GPIPL de Lyon (France) et Hastings (Angleterre) en 2013, il remporte le prix de la Fondation Cziffra en 2014 et devient Lauréat de la Fondation l’Or du Rhin en octobre 2016.

Jean-Paul Gasparian, le son, la sensibilité, l'interprète
« L’Interprétation est le reflet du musicien, de sa sensibilité et de sa culture, confie Jean-Paul Gasparian. Le travail est une condition nécessaire mais pas suffisante. Il faut nourrir et enrichir sa sensibilité et ne jamais cesser de se développer en tant que personne ». Dans la maturité de ses 30 ans, Jean-Paul Gasparian enchaine les étapes sans jamais les brûler. En s’ouvrant sur le monde dans lequel il vit, féru de voyages géographiques ou artistiques à travers la philosophie, la peinture, la poésie, la littérature ou le cinéma, il fait siennes toutes ces émotions esthétiques pour mieux les restituer lorsqu’il s’exprime sur scène.
De Chopin à Debussy, de Rachmaninov à César Franck dont il met en chantier le Prélude, Choral et Fugue, il porte aussi désormais un regard plus attentif sur Schubert, Ravel, Brahms ou Prokofiev. Passionné par la musique de chambre dans laquelle il affirme son goût du partage, il est aussi le dédicataire d’œuvres contemporaines telle l’étude n° 1 pour piano du compositeur et organiste Jean-Baptiste Robin.
Aux « Origins » de Jean-Paul Gasparian
Jean-Paul Gasparian poursuit avec intelligence son exploration du grand répertoire tout en affichant sa volonté constante d’élargir ses horizons musicaux et ceux de son public. En témoigne sa discographie et particulièrement ses deux derniers albums parus chez Naïve dont le dernier intitulé « Origins » marque sa relation privilégiée avec la musique arménienne dont les gênes sont ancrés profondément dans sa tradition familiale.
Un enregistrement en solo consacré à Komitas, Arno Babadjanian, Aram Khachaturian et Gérard Gasparian dans lequel il met son intense virtuosité, sa large palette de nuances et son intelligence du phrasé au service d’esthétiques peu communes. « J’ai souhaité montrer la remarquable diversité d’un répertoire qui couvre huit décennies de musiques arméniennes qui puisent leur inspiration dans la tradition populaire puissamment enracinée dans le folklore mais qui en même temps affiche toute la modernité d’ esthétiques et de langages différents » commente t-il.
« Cette musique est très intuitive et vectrice d’émotions et son enracinement populaire lui confère un caractère universel qui lui permet de traverser les époques et les frontières » conclut Jean-Paul Gasparian.
Et ce sans négliger d’autres personnalités inspirantes qui vont le conduire à sortir au début 2026 chez le label Naïve un nouvel album qu’il consacrera aux transcriptions lisztiennes des opéras de Verdi, Bellini et Wagner.
Pour demeurer encore et toujours dans la veine des plus belles émotions offertes par la musique.