Publié le 29/12/2023

Rencontre avec Lionel Bringuier, nommé chef principal de l’Orchestre Philharmonique de Nice

À 37 ans, le chef d’orchestre qui joue désormais dans la cour des (plus) grands, vient d’être nommé chef principal de l’Orchestre Philharmonique de Nice par le maire de Nice Christian Estrosi et le directeur général de l’Opéra de Nice Bertrand Rossi.

Lionel Bringuier nommé chef principal de l’Orchestre Philharmonique de Nice

Lionel Bringuier, nommé chef principal de l’Orchestre Philharmonique de Nice ©Richard Ray

Considéré comme un phénomène de précocité, Lionel Bringuier a abordé la direction d’orchestre à l’âge de 14 ans au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. A 19 ans il remporte le concours de direction de Besançon. Ce succès lui ouvrira les portes d’une formidable carrière internationale de chef invité. En 2006, Esa-Pekka Salonen le nomme chef assistant de l'orchestre philharmonique de Los Angeles. Il devient ainsi le plus jeune chef assistant de l'histoire de cette prestigieuse formation américaine et le premier Français à occuper ce poste. Gustavo Dudamel le désignera  comme chef associé de l'orchestre philharmonique de Los Angeles.  De 2014 à 2018 il est directeur musical de la Tonhalle de Zurich. Il était depuis 2019 artiste associé à l’Orchestre Philharmonique de Nice.

Lionel Bringuier à la direction musicale de l’Orchestre Philharmonique de Nice

Qu’éprouvez-vous au moment de prendre les rênes de cette formation ?

Lionel Bringuier : Je ressens une immense joie de pouvoir partager la musique dans ma ville avec un orchestre que je connais depuis mon enfance puisque mes parents m’amenaient en écouter les concerts alors que j’étais tout jeune. J’y ai beaucoup d’amis musiciens. Par exemple le violoncelle solo Thierry Trinari a été mon professeur. Je me sens ici en famille. J’éprouve aussi beaucoup d’émotion puisque ma petite fille de huit mois et toute ma famille étaient dans la salle pour mon concert inaugural. Quant à mon fils de 3 ans, l’opéra de Nice est déjà comme sa seconde maison.

Comment allez-vous aborder cette collaboration ? 

Lionel Bringuier : Tout naturellement. Mes liens avec cet orchestre sont très forts. Cette collaboration se situe en réalité dans la continuité du travail suivi et régulier que nous menons ensemble depuis 2019 lorsque j’en suis devenu le chef associé. Nous nous connaissons bien et je les dirige avec admiration et enthousiasme dans un respect mutuel qui est formidable. J’admire leur talent, leur énergie et leur engagement constant. Je vais assurer une présence régulière tout au long de l’année en dirigeant plusieurs concerts et un opéra.

Quelles sont vos ambitions ?

Lionel Bringuier : Toujours viser l’excellence en privilégiant le détail dans les interprétations et tout donner au concert pour transmettre les émotions à un public dont je mesure aussi l’enthousiasme et la passion et qui me réserve toujours à Nice un accueil qui m’émeut toujours autant. 

Comment est née votre vocation de chef d’orchestre ?

Lionel Bringuier : J’ai commencé à étudier le violoncelle à l’âge de 4 ans et demi. J’ai été attiré très tôt par la direction parce que j’assistais souvent aux concerts qui avaient lieu, particulièrement à l’opéra de Nice. J’ai toujours éprouvé une véritable fascination pour l’orchestre, pour les sonorités et les couleurs qui peuvent émaner de son expression. A l’âge de 14 ans j’étais étudiant au CNSM de Paris en même temps que mon frère aîné Nicolas, pianiste. Nous allions au concert ensemble et c’était déjà un beau partage aussi intense que celui que nous éprouvons lorsque nous partageons la scène ensemble.

"Le plus important est peut-être de savoir et de pouvoir communiquer avec les musiciens sans parler, pour parfois se comprendre d’un simple regard avec une gestuelle jamais inutile."

— Lionel Bringuier - Chef d'Orchestre

Quelles sont à votre sens les qualités d’un bon chef d’orchestre ?

Lionel Bringuier : L’étude des partitions en amont des répétitions et du concert est capitale. Je m’y attache particulièrement. Il faut en connaître à fond tous les détails pour mieux les restituer. Il est aussi important de réfléchir à la composition et à l’équilibre des programmes. Il faut ensuite un charisme naturel. Le plus important est peut-être de savoir et de pouvoir communiquer avec les musiciens sans parler, pour parfois se comprendre d’un simple regard avec une gestuelle jamais inutile. Il faut savoir aussi gérer intelligemment le temps et le travail pour atteindre la maximum d’efficacité. Et puis il faut à mon sens laisser jouer l’orchestre et lorsqu’en répétition on arrête les musiciens il faut vraiment être précis et savoir ce qu’on a à leur dire en matière de tempi, de phrasés et de détails concernant l’interprétation. Et au moment du concert il faut libérer toutes les énergies pour toujours transmettre, comme je le disais, davantage d’émotion. 

Philippe Depetris, flûtiste et journaliste lors de l'interview de son ami Lionel Bringuier

Quelles sont les personnalités qui vous ont marqué ? 

Lionel Bringuier : Je viens de diriger Martha Argerich à Marseille dans le 2ème concerto de Beethoven. J’ai partagé de merveilleux moments avec cette immense artiste si touchante qui m’a beaucoup appris en matière d’humilité. J’ai aussi beaucoup dirigé Nelson Freire que j’appréciais beaucoup, Anne-Sophie Mutter, Renaud et Gautier Capuçon… Je peux citer aussi Ernest Fleischmann, directeur du Philharmonique de Los Angeles qui m’a beaucoup aidé, Pierre Boulez à Paris ou encore Lorin Maazel. J’ai eu la chance d’être aussi pendant 6 ans chef assistant puis associé de l’Orchestre Philharmonique de Los Angeles. avec Esa Pekka Salonen puis Gustavo Dudamel. J’ai eu aussi la chance de cotoyer Zubin Mehta et Daniel Barenboïm. Des expériences inoubliables.

Vos projets ?

Lionel Bringuier : Dès le début d’année je retrouverai l’orchestre Philharmonique de Nice en compagnie d’un immense pianiste que j’aime beaucoup et qui est niçois comme moi Philippe Bianconi. Ce sera les 6 et 7 janvier 2024 avec le concerto de Schumann. Puis les 3 et 4  février avec la mythique quatrième symphonie de Tchaïkovski, et le concerto N° 1 de Chostakovitch avec le magnifique violoncelliste Daniel Müller-Schott,  et le 14 juin nous partagerons le 2ème concerto de Mendelssohn avec mon ami Renaud Capuçon. Pour le reste je vais continuer ma vie de chef invité avec l’Orchestre Philharmonique de Los Angeles, puis à l’opéra de Sidney et à Tokyo.