Publié le 14/02/2023

Michele Spotti – Nouvelle baguette de l’Opéra de Marseille dès la saison 2023/24

Marseille l’italienne, Marseille, ville phare où se côtoient toutes les langues, Marseille, ville fraternelle, a nommé au sein de son opéra, véritable institution marseillaise, un chef d’orchestre dont l’accent est lumière. Dès la saison 2023/24, c’est un jeune et talentueux chef d’orchestre italien qui succèdera au brillant Laurence Foster, depuis dix ans à la tête de l’Orchestre Philharmonique de l’Opéra de Marseille.

Michele Spotti chef orchestre opera de marseille

Michele Spotti prend la direction de l’Orchestre Philharmonique de l’Opéra de Marseille dès la saison 2023-2024 ©Marco Borrelli

Un nouveau chef d'orchestre à l'Opéra de Marseille, Michele Spotti nommé directeur musical de l'Orchestre Philharmonique de l'Opéra de Marseille pour la saison 2023/2024. Il succède au chef américain Lawrence Foster qui aura marqué de son empreinte la qualité artistique de l'Orchestre Philharmonique de l'Opéra de Marseille pendant plus de 10 ans.

Michele Spotti, nommé à la direction de l'Orchestre philharmonique de l'Opéra de Marseille

Si Michele Spotti, ce jeune chef italien né en mai 1993, nous vient des brumes de Milan, cet amoureux, entre autres, de Wagner, aura à cœur de proposer au public des répertoires hétérogènes, tant dans le domaine lyrique que symphonique. Plébiscité par les maisons les plus prestigieuses pour diriger aussi bien l'opéra que les concerts symphoniques, il s'est produit à Milan, Vienne, Paris, New-York, Palerme, Berlin, Munich, Stuttgart, Valence... Nul doute que le talent et l’enthousiasme de Michele Spotti emporteront l’adhésion des amateurs de belle musique. 

Michele Spotti, la promesse d’une saison flamboyante pour l'Orchestre de Marseille

Un adorable accent italien, un français parfait, nous avons rencontré Michele Spotti qui nous fait la promesse d’une saison flamboyante.

© MarcoBorrelli

Danielle Dufour-Verna/Marie-Céline.com – Pouvez-vous vous présenter succinctement à nos lecteurs ?

Michele Spotti – je suis né et j’ai fait toutes mes études à Milan et à Genève. J’ai étudié la direction d’orchestre, le violon et la composition. Depuis quelques temps, je me produis également à l’étranger. Je pense être un chef d’orchestre hétérogène avec une bonne balance entre la musique symphonique et le répertoire opératique. Ma grande chance est d’avoir commencé la carrière en France, surtout à Lyon où j’ai été en 2016, pour la première fois, assistant de Alberto Zedda avec lequel nous avons eu un rapport très fort. Par la suite, j’ai gagné le concours pour chef d’orchestre de l’Opéra de Liège, un tremplin important pour un début de carrière. 

DDV – Vous avez déjà été invité à diriger l’Orchestre philharmonique de Marseille la saison passée pour Guillaume Tell et un concert symphonique dédié à Beethoven et  Bruckner. Quel souvenir en gardez-vous ?

Un ‘coup d’amour’ pour l'orchestre philharmonique de l'Opéra de Marseille

Michele Spotti –J’ai eu tout de suite un ‘coup d’amour’ pour ce type d’orchestre parce que c’est un orchestre très particulier. Il a une vivacité typique de la Méditerranée mais également une capacité de profondeur de son comme un orchestre italo-européen. Je pense que ce mélange me permet d’aller sur tous les types de répertoire et me donne la possibilité d’obtenir des résultats bluffants dans tous les morceaux que je suis en train de préparer. Il y a une forte volonté par rapport au travail, une volonté de travail vraiment étonnante, une volonté de recherche de son dans l’orchestre qui m’a toujours ému. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes trouvés bien, même psychologiquement, avec ma façon de travailler. J’essaie d’être le plus naturel possible, de respecter la nature des instrumentistes que j’utilise, sans forcer les choses mais en obtenant les résultats de la façon la plus naturelle possible pendant les répétitions. L’orchestre a beaucoup apprécié et nous avons commencé à trouver un terrain de travail commun. Un parcours avec un tel orchestre peut être vraiment intéressant, et pour l’orchestre, et en général, pour obtenir un échange. J’essaie d’apporter mon italianité et ma façon de voir la musique. Grâce aux études que j’ai faites à Genève, ville internationale, j’ai  eu la chance de me détacher un peu de ce cliché italien du chef d’orchestre qui ne dirige que du Bel canto. J’ai la chance de faire soit du répertoire symphonique, soit du répertoire opératique, y compris beaucoup d’Offenbach, Mozart. Mon but est vraiment de rejoindre le domaine wagnérien très tôt. 

DDV – Vous avez anticipé deux de mes questions, la première étant : vous avez dirigé dans le monde entier, quelle est la particularité, la différence qui fait l’unicité d’un orchestre et y en a-t-il un où vous vous êtes senti plus à votre aise ?

Michele Spotti – Pour moi, c’est l’homogénéité du son. Il y a des orchestres avec lesquels, dès la première note, dès les premières minutes, je sens qu’il y a une cohésion qui, notamment, fait le son de l’orchestre. C’est, pour moi, la chose la plus intéressante. A part Marseille pour lequel je ne peux pas parler car je suis marié avec eux –on ne parle jamais de sa femme – les deux orchestres qui m’ont vraiment étonné ont été l’orchestre de Munich et l’orchestre de Vienne. 

DDV – Vous avez parlé de votre italianité. Vous la retrouvez certainement à Marseille. Le public marseillais a un véritable engouement pour son opéra et se montre très pointilleux avec ses chefs d’orchestre. Est-ce que vous craignez sa réaction ?

Michele Spotti – Je suis très content de cette exigence du public. Cela veut dire qu’à la base, il y a un goût très raffiné. Marseille, quand on fait le répertoire italien, je le sens un peu comme un théâtre italien. Donc, pas de crainte absolument, mais de la joie seulement. Etre encore plus obligé à bosser sur le répertoire et m’améliorer même sur mon répertoire d’origine, c’est un défi très intéressant. 

©Marco Borrelli

DDV – Michele Spotti, vous avez été récemment nommé Directeur musical de l’Orchestre de Benevento et au même poste à l’Opéra de Marseille la saison 2023-2024. Allez-vous continuer sur les deux fronts ?

Michele Spotti – Oui, et si c’est possible on va en ajouter un autre parce que j’ai trente ans, je suis en pleine forme, je marche très vite et je suis fait comme ça. Plus le cerveau se stresse, mieux il fonctionne. J’adore avoir ce type de stress qui n’en est pas vraiment un. En plus Benevento est, en réalité, un orchestre de jeunes avec une toute petite saison. Mais c’est très utile. La directrice artistique, Beatrice Rana, une des pianistes la plus importante au monde et me confronter avec une telle personnalité est fascinant. Ce type d’orchestre est une espèce d’oasis de paix, une espèce de jardin merveilleux où je peux construire encore plus ma confiance. Je leur sais gré car ils ont été les premiers à croire en moi, c’était officiellement mon premier poste musical. J’aurai toujours un bon souvenir. En ce qui concerne la possibilité d’avoir, pourquoi pas, un type de poste pas très engageant, mais Marseille est mon but premier. Je pense que pour être un bon directeur musical, il faut aussi avoir la force de laisser l’orchestre de temps en temps avec d’autres chefs. Il ne faut pas être jaloux de son propre orchestre. C’est l’erreur principale que peut faire un chef d’orchestre. Etre jaloux, c’est réduire la possibilité pour l’orchestre d’avoir plusieurs visions par rapport à la musique, au fait de jouer ensemble. Il faudra donc bien équilibrer les choses de façon à ce que, quand je viendrai à Marseille, ce sera, avec mon orchestre, une plus grande joie. 

DDV –Vous m’avez dit votre amour pour Wagner. Pouvez-vous me parler de vos projets concernant la saison prochaine ? 

Michele Spotti – Pour cela nous aurons une conférence. Je ne peux rien anticiper. Il est vrai que tout est clair dans ma tête maintenant mais le problème, entre guillemets, est que j’ai été nommé un peu tard. Je dois donc rapidement penser à la saison symphonique, ce qui est très difficile quand on a aussi peu de temps. Je suis donc en train de me lancer complètement dans la création de cette saison symphonique qui sera certainement différente des saisons passées. J’ai la chance de succéder à un chef d’orchestre de l’importance de Laurence Foster, un très grand chef, et je suis encore plus honoré de prendre sa place. Pour moi, cette période est un peu difficile car je suis en train de chercher à écrire dans ma tête un parcours qui puisse enflammer en même temps les musiciens de l’orchestre et le public. Ce sera mon objectif premier. Il y a tellement de répertoire qui n’a pas été joué dans les années passées que ce sera un peu mon objectif même de faire des choses nouvelles avec beaucoup d’attentions dans le détail. J’essaierai d’avoir une saison variée et je vous assure que ce sera une saison vraiment flamboyante. 

DDV – Ma dernière question, quelle est votre conception du bonheur ?

Michele Spotti – Poursuivre ses propres désirs. Pour moi, la clef du bonheur, c’est avoir toujours un objectif plus haut, de ne jamais se sentir arrivé. Même si on arrive à un très bon niveau, il faut toujours désirer quelque chose de plus. Cela dans la vie comme dans la musique, comme en toutes choses. Avoir toujours un objectif à rejoindre, cela, pour moi, c’est le bonheur.