Into the Wild de Sean Penn (2007)

Chronique cinéma d'un film culte : Into the Wild, sorti en 2007 (durée : 2h28). Sean Penn, réalisateur, scénariste, producteur était l'invité d'honneur du Festival Lumière, grand festival de film à Lyon, ce 12 octobre 2025, pour y présenter son quatrième long-métrage, lors d'une soirée exceptionnelle.

Une immense réussite pour la soirée d’ouverture, avec plus de 5 000 spectateurs qui avaient les yeux de Chimène pour l’enfant incorruptible d’Hollywood, Sean Penn, l'un des plus grands acteurs de sa génération, dont la carrière a été saluée par deux Oscars.

Into the Wild, une histoire vraie ?

Le film Into the Wild raconte la vraie histoire de Christopher McCandless, un jeune Américain issu d’une famille aisée, diplômé avec mention de l’université Emory en 1990.

À 22 ans, il décide de rompre totalement avec la société de consommation et de partir sur les routes des États-Unis - sans argent, sans téléphone, sans contact avec sa famille.

Sous le pseudonyme d’Alexander Supertramp, il détruit ses papiers d’identité, fait don de ses économies à une œuvre caritative, et entame un long voyage vers l’Alaska sauvage, son but ultime : vivre libre et en harmonie avec la nature, loin des contraintes sociales.

Quelle est la morale de Into the Wild ?

La quête de la liberté

Si il y a bien un film qui dégage autant de messages, c’est bien “Into the Wild”.

De la quête de liberté, à la nature comme refuge spirituel, en passant par le besoin de solitude, pour finir par une critique de la société moderne. Le film a beau avoir 18 ans, ses messages sont toujours d'actualité.

McCandless rejette les conventions sociales, le matérialisme et la superficialité du monde moderne.

Il cherche une liberté totale, une vie authentique, en accord avec la nature et lui-même.

C’est un idéal romantique, hérité des penseurs comme Thoreau, Tolstoï ou Jack London (qu’il lit abondamment).

Into the Wild, le regard du réalisateur Sean Penn

Sean Penn filme les paysages grandeur nature, et on a parfois l'impression de regarder un documentaire sur la beauté du monde… ce monde que rejette Alexander Supertramp. Cette nature qui représente la pureté, la vérité et source de sens pour ce vagabond céleste.

Into the Wild, nous montre aussi ce que peut être la solitude, ici poussée à l’extrême dans ce que vit Christopher, repoussant sans cesse toutes les sollicitations extérieures du vieil homme qui veut l’adopter, au couple en manque d’enfant, voire de sa jolie amoureuse…

Il croit que le bonheur se trouve dans cette solitude et dans cette rupture, mais il se rendra compte de son erreur comme on le verra plus tard.

“Le bonheur n’est réel que lorsqu'il est partagé”. (Happiness only real when shared.)

Alors arrive cette citation qu’il écrira dans son journal intime et qui sonne comme un glas “Le bonheur n’est réel lorsqu'il est partagé. (Happiness only real when shared.)

Cette phrase est le cœur philosophique du film. Elle marque sa transformation : la vraie liberté ne se trouve pas dans l’isolement, mais dans la connexion humaine.

Sean Penn met en scène une critique douce mais lucide du matérialisme, de notre société de consommation, de la compétition et du vide émotionnel du monde contemporain.

Lors de la présentation du film au Festival Lumière, Sean Penn explique que c’était un projet qui le tenait à cœur. C'est à partir de la vision de la couverture du livre de Jack Krakauer (auteur du livre éponyme), qui l’a immédiatement inspiré. Après avoir lu le livre une première fois, il le relit dans la foulée une deuxième fois en 19h et se lance dans l’écriture… Après un premier refus de la famille McCandless sur l’adaptation au cinéma, quelques années plus tard il obtiendra leur accord et commencera le tournage.

Dans une salle comble à la Halle Tony Garnier, le public retient son souffle, lors du dernier plan de l’agonie de Christopher Johnson McCandless, un silence assourdissant enveloppe l’enceinte, et au final un tonnerre d’applaudissements retentit comme pour libérer la lourde émotion qui nous étreint, dans le regard mouillé, vers le ciel de Alexander Supertramp…

Festival Lumière à Lyon, un peu d'histoire :

“Quartier Monplaisir, là où la lumière est née, 45 secondes pour l’éternité"

Au cœur du 8ᵉ arrondissement de Lyon, le quartier de Monplaisir respire une atmosphère singulière : celle du cinéma naissant et de la mémoire ouvrière.

En flânant dans ses rues tranquilles, on sent encore le parfum d’un Lyon d’autrefois, à la fois industriel, populaire et rêveur. Les platanes alignés de la rue du Premier-Film dessinent une allée paisible, baignée d’une lumière douce.

Entre les façades modestes et les anciennes usines reconverties, se dresse le Hangar du Premier-Film, ce grand bâtiment de brique ocre, simple mais majestueux, berceau du cinéma mondial.

À deux pas, la Villa Lumière déploie ses arabesques Art nouveau, aujourd’hui siège de l’Institut Lumière.

La Sortie de l'usine Lumière à Lyon (1895)

45 secondes pour l'éternité, c’est la durée du premier film de l’histoire du cinéma,” La Sortie de l’usine Lumière à Lyon… et de la première projection privée, ici au cœur de Lyon, au Hangar de Montplaisir (aujourd’hui le Hangar du Premier-Film).

Ce bâtiment, restauré, est aujourd’hui intégré à l’Institut Lumière. Il est classé Monument historique depuis 1994.

Le film a été tourné par Louis Lumière avec le cinématographe, tout juste inventé.

Il s’agissait d’un test expérimental pour vérifier la qualité de l’image et le bon fonctionnement du mécanisme.

Le sujet choisi était simple : les ouvriers quittant l’usine Lumière à la fin de leur journée de travail.

Nous sommes le 19 mars 1895, et le cinéma est né ...

Ici tout respire le cinéma, de la Villa Lumière : demeure Art nouveau bâtie entre 1899 et 1902, devenue le Musée Lumière, classée aux monuments historiques, au Hangar du Premier-Film : vestige du bâtiment industriel original, (c’est dans ce hangar que figure la scène filmée dans La Sortie de l’usine). Aujourd’hui il fait partie de l’Institut Lumière, pour finir par Les Usines Lumière à Monplaisir : vastes espaces industriels ayant appartenu à la société de fabrication de plaques photographiques, et on est émerveillé par la beauté et la richesse cinématographique de ces lieux.

“Le retour des frères Lumière à la maison, et la naissance du Festival Lumière à Lyon”

C’est un hommage moderne à la naissance du cinéma, là même où tout a commencé : Lyon, Monplaisir, le berceau du cinématographe.

À la fin des années 2000, Lyon avait déjà son Institut Lumière (créé en 1982 dans la Villa Lumière). Ce musée rendait hommage aux frères Lumière, mais il manquait un grand événement international qui ferait de Lyon la capitale mondiale du cinéma de patrimoine - comme Cannes l’est pour le cinéma contemporain.

Festival Lumière - Grand Lyon Film Festival - sa création

Un festival de cinéma pour tous

C’est de cette idée qu’est né le Festival Lumière. En 2009, les fondateurs Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière et délégué général du Festival de Cannes et Bertrand Tavernier, cinéaste lyonnais passionné d’histoire du cinéma, créent le Festival. Leur mission, célébrer le cinéma de patrimoine, les grands films restaurés, les classiques oubliés, et les auteurs essentiels.

Contrairement à Cannes, ici pas de compétition, ni de tapis rouge. Le Festival Lumière se veut chaleureux, populaire et cinéphile, et comme le dit son slogan, un festival de cinéma pour tous.

Une organisation méticuleuse autour du chef d’orchestre Thierry Frémaux, et plus de 800 bénévoles au service du public, avec plus de 100 projections dans de nombreuses salles de cinéma de Lyon.

Les Prix Lumière

Chaque édition rend hommage à un grand nom du cinéma mondial, à qui est remis le Prix Lumière. Ce prix récompense une carrière et une œuvre entière, pas un film en particulier.

Les lauréats sont de véritables légendes de Clint Eastwood, premier récipiendaire, à Francis Ford Coppola, en passant par Jane Campion et Wim Wenders, pour finir par Michael Mann en 2025.

Lyon, avec ses pavés et sa lumière dorée, devient chaque octobre le cœur battant du 7ᵉ art et le Hangar du Premier-Film, son sanctuaire, pour célébrer cette année la 17e édition.