- Auteur Éric Fontaine
- Temps de lecture 5 min
François Ozon a osé réaliser une adaptation de « L’Étranger » au cinéma !
L’Étranger de François Ozon, adapté du roman d’Albert Camus, vient de sortir au cinéma partout en France. Grand succès déjà accompli, le réalisateur signe l’un de ses meilleurs films.

Benjamin Voisin est Albert Camus dans l’Étranger de François Ozon
Le pari était risqué, le film « L’étranger » de François Ozon sort sur tous les écrans partout en France. (date de sortie : mercredi 29 octobre 2025)
L'Étranger, d'après Albert Camus, au cinéma par François Ozon (2025)
Le pitch
Alger sous le régime Français, Meursault a 30 ans il est un employé modestement rémunéré. Un malheur arrive et il enterre sa mère avec une certaine placidité. Marie est une collègue coquette qui sous le charme du jeune homme consent à sortir avec lui, il parait vite oublier le grand voyage éternel d’une maman qui a connu beaucoup de déboires dans une vie compliquée.
C’est sans compter sur la présence d’un certain Raymond Sintès, qui va entrainer le jeune homme dans des histoires singulières. Un jour, dans le halo d’un été chaud un drame va chambouler l’avenir de Meursault… Le drame de la plage d’Alger où la mort d’un maghrébin lui est attribué, va rendre complexe sa détention en prison.

L’Étranger d’Albert Camus sorti en 1942 a été un évènement littéraire sans précédent
Albert Camus qui est né en 1913 à Mondovi (département de Constantine), aujourd’hui ce territoire est la Wilaya d’El Tarf, a vécu le drame de la période coloniale française. Avec 7 essais et romans littéraires il a aussi transfigurer dans son travail une enfance passée dans des quartiers pauvres. Il a suivi les enseignements de Jean Grenier qui a été membre de lecture des éditions Gallimard (1927-1944). Outre le fait qu’il s’engage dans la résistance française lors de l’occupation, il devient en 1943 le rédacteur en chef du journal « Combat ».
L'Étranger, le roman le plus célèbre d'Albert Camus
L’Étranger est son roman le plus célèbre où l’existentialisme pose la réponse au nihilisme, bien qu’Albert Camus s’est défendu d’avoir écrit un roman politique. Son appartenance avec le parti communiste algérien durant 2 ans, a forgé son opinion concernant les pied-noirs qu’il a toujours respecté. Son personnage principal Meursault peut d’ailleurs être assimilé aux objecteurs de conscience, tant le côté taiseux du personnage revendique aussi un certain culte du mystère.

En ouverture de la 47ème édition de Cinémed (le festival de cinéma à Montpellier), François Ozon est venu présenter son film « L’étranger », il a été ovationné par un public cinéphile et aussi par plus de 500 lycéens (1600 spectateurs) venus de toute la France. Certains ont longuement applaudis le réalisateur qui s’est trouvé ému à la sortie de la projection Montpelliéraine.
Clarice une étudiante de Montpellier a surtout craquée pour l’admirable incarnation de Meursault par le comédien Benjamin Voisin. L’acteur excelle dans son jeu de scène, le film en noir et blanc a aussi impressionné Jonathan élève à la fac section cinéma « j’ai adoré le livre et je m’identifie complètement au personnage, c’est un film qui me marquera longtemps, d’ailleurs dans mon projet d’étude je souhaite aussi réaliser un court-métrage avec un traitement de l’image vintage »
L'Étranger de François Ozon : un chef-d’oeuvre cinématographique
Un casting prestigieux
Francois Ozon s’est entouré d’un casting prestigieux : Benjamin Voisin, Rebecca Marder, Pierre Lottin, Swann Arlaud, Christophe Malavoy et avec la participation de Denis Lavant. Dès le début de la séance le réalisateur nous plonge dans une époque que Luchino Visconti en 1967 (L’étranger 1h 44) avait déjà évoqué , un côté fiévreux dont la placidité des acteurs évoque le charme désuet d’un colonialisme voguant dans une incertitude politique et complètement consensuelle, avec le fait que de tirer sur un homme c’est commettre l’irréparable.
Le réalisateur pratique la prise de vues avec des plans enchainés, mais aussi en laissant, des champs larges plus centrés sur les attitudes des comédiens, que sur leur jeu de scène. Si le chef opérateur Manu Dacosse est dans sa 5ème participation artistique avec Ozon, c’est aussi un gage de qualité pour les cinéphiles qui apprécieront comme dans « Partouze » de Matthieu Donck la collaboration de Manu dans le choix d’une captation plus proche du gris cinématographique, qui a fait également la réputation des films arts et essais des frères Lumière.
L’étranger se regarde comme un livre ouvert sur l’incertitude d’une époque, l’étrangeté du roman ne s’éternise guère sur un sort auquel on ne peut échapper : La Mort. François Ozon s’est affairé à mettre en avant une atmosphère plus qu’une dramaturge cinématographique, le réalisateur signe l’un de ses meilleurs films.











