Publié le 06/03/2023

Tár, de Todd Field avec Cate Blanchett

Tár est nommé aux Oscars dans les catégories meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario, meilleur montage et meilleure photo, et c’est notre coup de cœur des films d’actualités sortie cinéma.

TAR film critique synopsis sortie en france 2023

© Courtesy of Focus Features

Tár est un film réalisé par Todd Field; sortie cinéma en France le 25 janvier 2023. Actuellement encore à l'affiche de certains cinémas art et essai, on peut regarder Tár en podcast sur Netflix.

Le film Tár est inspiré d'une histoire vraie qui retrace la vie de Lydia Tár, première femme chef d'orchestre allemande, aux prises avec la gestion du pouvoir dans un monde majoritairement masculin. Lydia est toute puissante, mais les abus et scandales s'amoncellent autour d'elle.

Cate Blanchett est Lydia Tár

Déjà 12 prix sur 39 nominations dans les festivals pour la star Cate Blanchett ...dont la Coupe Volpi de la meilleure actrice à la Mostra de Venise, et le Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique pour son rôle dans Tár.

Tár Synopsis du film

Lydia Tár, biographie cinématographique

Lydia Tár, cheffe avant-gardiste d’un grand orchestre symphonique allemand, est au sommet de son art et de sa carrière. Le lancement de son livre approche et elle prépare un concerto très attendu de la célèbre Symphonie n° 5 de Gustav Mahler. Mais, en l’espace de quelques semaines, sa vie va se désagréger d’une façon singulièrement actuelle. Emerge alors un examen virulent des mécanismes du pouvoir, de leur impact et de leur persistance dans notre société.

Arrêt sur Image

Réalisé par Todd Field, de retour à la réalisation après 16 ans, dit avoir construit avec elle, pour elle et autour d'elle, en parlant de Cate Blanchett.

"Cela faisait des années que j’avais envie de raconter comment quelqu’un qui a tout donné pour concrétiser son rêve voit sa réussite professionnelle tourner au cauchemar quand elle est accusée de harcèlement au point de finir par tout perdre".

— Todd Field

Si Cate avait refusé le rôle, le film n’aurait jamais vu le jour, insiste Todd Field qui dit l’avoir imaginé et écrit pour l’actrice.

On ne voit pas qui d'autre qu'elle aurait pu incarner avec autant de justesse cette femme emportée dans une spirale de jeux de pouvoir où la musique ne trouve aucune place et qui passe en un temps record du statut de star adulée à celui de paria abandonnée de tous.

Tár, de la gloire à la descente aux enfers

Todd Field et Cate Blanchett

" C'est évidemment un personnage purement imaginaire" , assure Todd Field. N’en déplaise à Marin Alsop qui prétend s’être reconnue dans ce personnage tyrannique et obsessionnel et s’être sentie  offensée en tant que femme, en tant que cheffe d’orchestre et en tant que lesbienne.

"Je n’ai basé le personnage de Lydia Tár sur personne en particulier. Elle est cheffe d’orchestre mais aurait pu facilement être un architecte ou un patron d’une grande banque" .

— La réaction de Cate Blanchett sur la radio anglaise ClassicFM.

L’actrice australienne balaie aussi l’accusation de lesbophobie : " Oui c’est un film très provocateur, mais c’est un examen de la nature corruptrice du pouvoir institutionnel qui affecte tout le monde, peu importe votre orientation sexuelle ou votre sexe" .

Tár, critique du film

Attention "On tourne..."

Attention ce film est difficile d'accès pour le grand public, et n'y allez pas si vous croyez voir un film sur la musique, même si il y a une ou deux scènes fortes au niveau musical.

Les critiques de la presse et des spectateurs sont plutôt bonnes, mais il s'agit d'un film pour cinéphiles avertis et qu'il est certainement du niveau d'exigence de son réalisateur américain Tood Field.

Ceci dit, on assiste à une performance d'actrice exceptionnelle de la part de Cate Blanchett, dont le film a été écrit pour elle, et qui ne sera pas loin, à mon avis, de l'oscar de la meilleure actrice en mars prochain.

Tár est un film post #MeToo, sur les dangers et abus de pouvoir, sur la manipulation et sur le harcèlement moral et sexuel, à la grande différence que ici le rôle est dévolu à une femme et non pas à un homme, comme nous l'explique son metteur en scène : " Si vous voulez vraiment avoir une histoire dans laquelle vous observez le pouvoir : comment le pouvoir corrompt, et à quel point les gens qui détiennent le pouvoir sont complices, car ils ne le tiennent pas tout seul, mais avec d'autres, qui permettent cela... Si vous voulez observer tout ça, il faut prendre un peu de distance avec ce qu'on lit aujourd'hui. Donc c'était très important que ce soit une femme. "

Dans une interview à la BBC, Cate Blanchett souligne l'intérêt de ne pas mettre un homme au coeur de l'intrigue. "Je ne crois pas que vous pouvez parler de la nature corruptrice du pouvoir d'une façon aussi nuancée que celle de Todd Field avec un homme en son centre, parce que nous comprenons tellement à quoi ça ressemble. Je pense que le pouvoir est une force de corruption, quel que soit le genre de la personne. Cela nous touche tous".

Nous avons à faire à un film stylisé, avec une mise en scène vertigineuse qui peut en perdre certains. Beaucoup de questions surgissent et c'est le genre de films qui donnent les clés aux spectateurs. Son montage pourrait faire penser à The Father avec Anthony Hopkins où le metteur en scène brouille les cartes, et où le film nous entraîne dans un labyrinthe vertigineux.

Mais si on veut bien se laisser porter, on assiste alors à un thriller psychologique intense où chaque détail sont autant d'indices laissés à la discrétion du spectateur, qui nous prend à la gorge et qui nous lâche plus. Néanmoins la durée du film (2h30) aurait été légèrement plus courte que l'intrigue en aurait gagnée.

Et en dépit d'incompréhensions d'un certain public, un second visionnage pourrait être conseillé pour apprécier le travail du cinéaste et apprécier toutes les substances du film.

Tár, un film d'auteur

Au niveau technique, le film ressemble parfois à une sorte de documentaire, avec caméra à l'épaule, plans séquences et photographie qui semble délavée ou transparente !

Dans une ambiance sombre, aux décors post modernes berlinois, les couleurs voulues pastels se confondent avec la noirceur des personnages.

C'est un véritable travail de film d'auteur, et s'il n'était pas grand public par sa diffusion, on serait plutôt dans un film art et essai.

Mais c'est aussi toute la gageure du réalisateur, offrir un film d'auteur pour un grand public...difficile d'accès certes.

Clap de Fin

Le cinéma ne peut pas qu'engendrer des films de super héros ou des blockbusters de couleurs bleues, il permet aussi pour nous questionner, nous montrer les affres de notre société et la face cachée du mal.

A ce titre Tár remplit parfaitement son rôle, car même si le personnage de Tár est une pure fiction, les derniers événements suite à l'affaire Weistein entre autres, nous interroge sur le réel danger des pouvoirs toxiques, de leurs conséquences et des tragédies qu'ils entraînent.

Si on veut laisser la place au côté manichéen du film, entre l'antagonisme du bien et du mal, et accepter une certaine nuance, laissons le spectateur se faire sa propre idée et soyons sûr que le film Tar en tant que tel, n'a pas fini de soulever de nombreux débats lors de soirées entre hommes et femmes.