- Auteur Éric Fontaine
- Temps de lecture 10 min
Fondation Van Gogh, Arles : À Vincent … un conte d’hiver : la nouvelle exposition
La Fondation van Gogh, à Arles, présente sa nouvelle exposition : À Vincent, un conte d’hiver.
Inspirés par la correspondance de Vincent van Gogh, vingt et un artistes modernes et contemporains revisitent les thèmes chers au peintre et lui répondent à travers des œuvres pensées comme des lettres ouvertes.

À Vincent ... un conte d’hiver, est la nouvelle exposition à voir à la Fondation Van Gogh, à Arles, jusqu'au 21 avril 2026.
Jo Van Gogh-Bonger la belle soeur du peintre et l’épouse de Théo le frère de Vincent, l’avait présagé en récoltant et en publiant les correspondances (820 lettres connues), qui abondent depuis la mort de l’Hollandais le plus célèbre au monde.
D’ailleurs une grande partie de ces lettres, écrites pour la plupart en néerlandais sont indissociables de la création de Vincent Van Gogh qui avait pris le temps dans 650 lettres, d’évoquer à Théo ses états d’âme mais aussi ses souhaits concernant la peinture et ses protagonistes de l’art libéré de ses étreintes.
Fondation Van Gogh Arles : « À Vincent… un conte d’hiver », la nouvelle exposition événement
Du 30 novembre au 21 avril 2026, ce sont 21 artistes modernes et contemporains qui s’adressent à Van Gogh :
Harold Ancart, Jacopo Benassi, Martin Boyce, James Castle, Louise Chennevière, Gérard Collin-Thiébaut, Rineke Dijkstra, Simone Fattal, Gustave Fayet, Dominique Ferrat, Joseph Grigely, Nathanaëlle Herbelin, Isidore Isou, Ann Veronica Janssens, Hans Josephsohn, Anselm Kiefer, Mark Manders, Sylvain Prudhomme, Louise Sartor, Wolfgang Tillmans, Rico Weber
& Vincent van Gogh lui-même !
Les commissaires d’exposition, Jean de Loisy et Margaux Bonopera ont pu réunir une quantité non négligeable de tableaux, sculptures, dessins et essais artistiques qui vont honorer la mémoire du peintre, mais aussi d’une lettre à Théo datant du 20 mai 1888…

Correspondance de Vincent Van Gogh à son frère Jo
« Et nous, qui, je suis enclin à croire, ne sommes en aucun cas si proches de mourir, mais pensons néanmoins que la chose est plus grande que nous et plus durable que nos vies.
Nous ne nous sentons pas en train de mourir, mais nous ressentons la réalité du fait que nous ne sommes pas grand-chose, et que pour être un maillon de la chaîne d'artistes, nous payons un prix élevé en santé, en jeunesse, en liberté, ce que nous n'apprécions pas du tout, pas plus que le cheval de cabine qui tire une voiture pleine de gens qui, contrairement à lui, sortent pour profiter du printemps »
(Vincent Van Gogh)
Si l’artiste arrivé sous une neige peu abondante en ce mois d’hiver (Arles, février 1888), et son départ 27 mois plus tard de l’hôpital Saint-Paul de Mausole (Saint-Rémy de Provence mai 1890), c’est cette existence à la fois romanesque et tragique qui inspire encore et encore un bon nombre de plasticiens ; que la fondation a décidé de mettre en lumière. On appréciera les oeuvres de Dominique Ferrat (1954), qui durant plus de 40 ans ont aussi été produites dans l’ombre du peintre qui étrangement s’inspire de la modestie de Vincent.
Dominique Ferrat : De l’ombre à la lumière !
L’artiste est peut-être celle qui n’aime le moins se mettre en valeur. On passe au grand format presque de la même dimension qu’un panneau publicitaire (4 X 3). Le format peint est constitué d’un papier ou de morceaux de feuilles, plus ou moins déchirés. Dominique a une passion pour l’art et son travail s’exécute dans cette voie. La plasticienne évolue comme une laborantine dans son art aux couleurs ocres et pastels originaux.

À l’instar de Vincent Van Gogh, sa féminité artistique évolue vers un style plus floral, voir épidermique dans sa composition picturale. Les tons marrons offrent l’illusion de spores, qui pourraient flotter dans l’oeuvre. Ces cellules ou formation pluricellulaire explorent le minéral mais aussi, peuvent s’associer au céleste, ce qui fait de suite penser aux pigments jaunes de la voûte céleste, chère à Van Gogh !
Isidore Isou, dit Jean Goldstein explorateur de l’art
Le lettrisme a été fondé en 1945 par le poète roumain Isidore Isou qui, avec l'aide de Gabriel Pomerand, a distribué à Paris des tracts annonçant que les lettres avaient supplanté les mots, comme moyen d'expression privilégié de l’avant-garde. C’est la définition que l’on peut parcourir dans les livres d’art concernant l’artiste iconoclaste.

À la fondation Vincent Van Gogh d’Arles, c’est plutôt plusieurs pieds de nez qu’Isidore Isou nous offre, en se plaçant complètement dans un rôle de dévot vis à vis de Vincent. Analyste de l’oeuvre de l’hollandais, Isidore scrute dissèque le travail du peintre, tout en positionnant le lettrisme comme marque de fabrique ou plutôt comme contre-courant de l’art. Précurseur du mouvement figuratif, son travail s’accorde à commenter sur Van Gogh (1985) des huiles sur toile qui revendiquent une modestie vers son maitre inspirateur de courants picturaux et analytiques de l’art contemporain..
Harold Ancart explore la nature et revendique un regard abstrait des couleurs
Les peintures, sculptures et installations de Harold Ancart explorent notre expérience des paysages naturels et des environnements bâtis. Son travail, formaté, à une gamme de sources historiques de l'art et souvent caractérisé par des passages abstraits de couleur, l’artiste positionne son art dans des ensembles de grands formats, ils sont parfois disposés en tableaux en plusieurs parties.
Harold Ancart est né à Bruxelles en 1980. Après avoir commencé à étudier les sciences politiques, il a changé de voie et a obtenu un diplôme de maîtrise de l'École Nationale Supérieure des Arts Visuels de La Cambre, à Bruxelles, en 2007.

Depuis, Il vit et travaille maintenant à New York. Enfant, il était un fan de bandes dessinées et de mangas, et a été inspiré par les pionniers belges Hergé en autre, créateur de Tintin. Si sa peinture tend vers une forme proche de la BD, c’est aussi en écho au travail des couleurs observées dans la nature par Van Gogh, qu’Harold s’initie à publier un travail particulier, proche du mouvement expressionniste.
Le triptyque accroché dans la première salle de la fondation est en référence à la neige rencontrée par Van Gogh lors de sa descente à la gare d’Arles, les sommets enneigés sont l’évidence du Mont Ventoux que l’on peut apercevoir au loin, ou de la montagne Sainte-Victoire aussi !
Nathanaëlle Herbelin et ses modèles familiers comme pour représenter l’intime…
Loin des stéréotypes du peintre hollandais qui représentaient l’artiste comme quelqu’un de bourru, la plasticienne franco-israélienne conçoit sa peinture et ses dessins dans l’antre d’une vision familière, un peu comme un carnet de voyage qui explore son entourage. On se rapproche alors de ces fameuses correspondances de Van Gogh envers un Théo protecteur et surtout investigateur de ce travail des couleurs mais également des portraits que Vincent a en profusion laissé à nos regards.

L’oeuvre de Nathanaëlle Herbelin, artiste peintre, mère, femme donne ainsi à voir un triple autoportrait, creusant ainsi l’ambiguïté de l’artiste vis à vis d’une pudeur évoquée déjà par Van Gogh à son frère :
« je crois que je vais faire une peinture pour moi d’après le motif du portrait, cela ne sera pas ressemblant peut-être mais enfin je chercherai ».
C’est en quelque sorte l’adage qui prétend que le mort saisi le vif, l’artiste dans sa quête de « connaître les autres, c’est l’intelligence ; se comprendre est une vraie sagesse » (Lao-Tseu) évoque dans l’attrait des portraits une vraisemblance du travail exécuté sur la réalité visuelle que l’oeuvre offre dans sa mouture complète.
Rineke Dijkstra utilise une chambre grand format avec ou sans flash
Avec l’apparition de la photographie qui a aussi permis aux peintres expressionnistes de capter l’instantané d’une scène, c’est bien au travers du portrait que Le peintre, ayant des réserves sur cet instrument moderne qu'était la photographie, n'a laissé que très peu d'indices aux historiens souhaitant connaître son visage. Lui qui aimait tant peindre son autoportrait était particulièrement réticent à l'idée que l'on tire le sien en technique d’image photographiée.
Paradoxe de ce photographe sur l’authentification, la photographie résulte aussi de la technique de cet arrêt du temps cher à Van Gogh, qui n’a pas sanctuarisé son art mais plutôt accompagné une aide à la mémoire ou au souvenir des gens qu’il a connu.
Rineke Dijkstra est une photographe hollandaise contemporaine. Elle est connue pour ses portraits austères et engageants, elle se concentre sur des communautés particulières en mettant l’accent sur la maladresse et la conscience de soi durant l’adolescence.
« Avec de jeunes personnes, tout est beaucoup plus à la surface » disait elle lors d’interviews publiques.
La superficialité est son domaine de prédilection dans la photo, elle détermine son art dans l’abondance des séries. À Arles, les photos sur les modèles sont présentés dans la deuxième salle de la fondation, l’étrangeté des couleurs confère aux clichés un aspect patiné qui met en avant les personnages, Vincent méfiant par l’art photographique, avait à son époque pris acte de cet émergence des images, qui au final servent souvent de supports aux plasticiens.

Louise Sartor du carton à la gouache, un art instantané
Cette trentenaire peint son époque sur des petits morceaux de papier recyclé ou carton. Des scènes figuratives, ultra réalistes, au format écran de la taille d’un iPad. Dans cette exposition collective, Louise insuffle un art singulièrement à part de la peinture conventionnelle.
Avec l’attrait de la peinture que préconisait Vincent Van Gogh, la plasticienne s’illustre admirablement dans cette focale créative qui met en avant la forme pictural dans sa dimension la plus noble.
Gustave Fayet collectionneur et admirateur de Van Gogh
Originaire de Béziers, Gustave Fayet a été baigné dans l’art dès sa plus tendre enfance.Il fût par l’argent de sa famille, un collectionneur avéré. Des impressionnistes à ses proches travaux artistiques, le peintre mécène a contribué à développer l’esprit « Van Gogh » qui positionne la culture du collectif et des oeuvres d’art de ce XXème siècle, mettant en lumière les artistes peintres, poètes, écrivains et sculpteurs !

À l’occasion du centenaire de sa disparition, Gustave Fayet (1865–1925) les amis de l’art, déploient sur deux ans, et en divers lieux, une programmation mettant en lumière cette figure méconnue de l’histoire de la peinture contemporaine.
On le découvre, cette année, d’Avignon, Arles et à Béziers, dans différentes expositions, et cela avant une grande célébration en deux volets à la fondation Louis Vuitton en 2026.
Également dans la dernière salle de cette ancienne banque de France, on prendra un peu de temps pour contempler l’oeuvre de Jacopo Benassi « Anti Trojan Horse » réalisé pour cette exposition en 2025.
Informations pratiques : Exposition À Vincent ... Arles
Fondation Van Gogh
35 rue du Dr Fanton
13 200 Arles
Horaires d'ouverture : du mardi au dimanche de 10 h à 18 h











