- Auteur Michel Gathier
- Temps de lecture 5 min
« Le phare Rembrandt » : quand le mythe éclaire le siècle de Fragonard à Draguignan
Découvrez l’exposition « Le Phare Rembrandt » au Musée des Beaux-Arts de Draguignan. Une plongée dans l’influence du maître sur Fragonard et le XVIIIe siècle à découvrir jusqu’au 15 mars 2026.

Vue de l’exposition – © Ville de Draguignan
Le phare Rembrandt : Le mythe d'un peintre au siècle de Fragonard - L'exposition au Musée des Beaux-Arts de Draguignan, dans le département du Var, est à voir jusqu'au 15 mars 2026.

Le Phare Rembrandt, le mythe d’un peintre au siècle de Fragonard
Le «mythe Rembrandt»
Poussières d'or à l'assaut de teintes terreuses pour traduire le monde et voici que s'écrit le «mythe Rembrandt» pour un peintre qui, à l'encontre du trait qui définit le volume dans la peinture italienne, revendique le poudroiement de la couleur et le «réalisme» des peintres du nord. Et à la dramaturgie du clair obscur du Caravage, il oppose l'incertitude de la lumière pour dire la confusion des êtres dans leur histoire et leur environnement. Dans cet espace nocturne duquel jaillit, au travers de scènes bibliques toute la sève de la condition humaine, c'est aussi le temps qui s'écrit quand Rembrandt, pendant quarante ans, se représenta dans ses autoportraits où se révèlent les stigmates de la gloire et de la ruine.

Huile sur toile.
Washington, National Gallery of Art, inv. 1937.1.73
© Courtesy National Gallery of Art, Washington
Rembrandt au Siècle des Lumières
Adulé par les collectionneurs, souvent méprisé par l'Académie pour ses écarts vis à vis du classicisme, Rembrandt était cet artiste qui fut autant célébré que condamné pour la sensualité trouble de ses nus où la vérité de la chair se refuse à l'idéalisation pour la seule intensité expressive de ses modèles. Sa vie elle-même, avec sa fortune, à travers ses épreuves et ses drames, contribuèrent à sa légende et l'exposition dracénoise nous raconte comment l’œuvre du Maître influença la peinture française du «Siècle des Lumières».
Admiré, le peintre hollandais fut copié, imité par d'habiles artisans mais il inspira aussi de grands artistes tels que Fragonard, Greuze ou Chardin. Dans ses portraits en trois-quart, Alexis Grimou fut sans doute celui qui emprunta avec subtilité toute la force expressive d'un visage avec sa touche vigoureuse mais aussi en le parant de ces détails qu'on jugeait alors excentriques, plumes, cuirasses et tout ce qui s'apparentait alors, dans le sillage de Rembrandt, à un déguisement.

Huile sur toile.
Nice, musée des Beaux-Arts Jules Chéret, inv. N.Mba 6159
© Musée des Beaux-Arts Jules Chéret, Nice – François Fernandez
Ici sa peinture se confronte à cinq œuvres de Rembrandt et à celles de nombreux artistes du XVIIIe siècle, célèbres ou peu connus. Parmi eux, Fragonard avec un ébouriffement de touches rapides pour une «Tête de vieillard», et la virtuosité du geste dans le feu de la couleur. Plus adoucies, les peintures de Greuze se replient dans une intimité sereine comme dans son «Portrait d'une vieille femme tenant un livre» pour une méditation sur le temps et ce thème de la vieillesse si cher à Rembrandt. Il y a aussi Chardin et son souci de vérité, Hyacinthe Rigaud, Oudry...
Avec Rembrandt, rationalité et liberté s'emparent de la peinture française dans le contexte des «Lumières».
Évoquant Chardin, Diderot écrivait: «Ce peintre à su manier, plus que d'autres, la matière de son art, qui est la couleur, en jouant avec la dimension temporelle contenue dans ses toiles. Je dis «contenue» car c'est à une sorte de spatialisation du temps ou, mieux, à une «matière temporelle» que l'on a affaire dans ses tableaux.»

A travers ces œuvres, dans la lignée de Rembrandt, ainsi remonte-t-on le temps dans un voyage pour cette quête du réel qui reste la grande aventure de l'art.
Exposition "Le Phare Rembrandt", le mythe d’un peintre au siècle de Fragonard
Musée des Beaux-Arts de Draguignan
9, rue de la République
83300 Draguignan
Horaires d'ouverture : Du lundi au dimanche, 10h-19h











