- Auteur Isabelle de Montfumat
- Temps de lecture 8 min
Le Festival du Dessin à Arles, un événement devenu incontournable
La deuxième édition du Festival du Dessin à Arles a attiré près de 140 000 visiteurs. (20 avril – 19 mai 2024). Revenons sur ce rendez-vous culturel devenu incontournable de la région, avec une rencontre de Frédéric Pajak, son directeur artistique.
Extraits de la série de “Nous, Marilyn”, 2020 – 36 dessins au crayon sur papier, 14×14 cm – Anne Gorouben 2020 © libre de droits.
L’actualité artistique a été marquée au mois de mai, par le lancement de la deuxième édition du Festival du Dessin qui s’impose désormais dans le paysage culturel de la région, à Arles.
C’est en présence de la Présidente d’honneur Lou Doillon, auteur de recueil de dessins Drawings (éditions Astier de la villatte, 2018), qui aime « l’odeur de l’encre, le crissement de la plume, les différents papiers et leur aspérité, amoureuse des arts » que le directeur artistique a ouvert le Festival du Dessin d’Arles 2024., Cette deuxième édition a frôlé la barre des 140 000 visiteurs.
Festival du dessin, Arles
Un événement culturel unique au Monde
Déployé sous la forme d’un parcours dans le centre-ville, le Festival du dessin prend désormais en mai, place dans les plus beaux lieux patrimoniaux que la ville d’Arles met à sa disposition, devenu un événement culturel incontournable dans la Région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur; là où en des temps anciens, sculpteurs, dessinateurs et peintres ont laissés leur empreinte.
Ce Festival force l’admiration tant pour sa qualité artistique que pour son ingéniosité et sa muséographie.
« Il y a vingt ans, il eût été inconcevable de créer dans une ville de province un festival consacré à l’art du dessin. Aujourd’hui, c’est enfin chose possible, qui plus est dans une des plus belles villes de France, Arles, grande ville d’art et d’histoire », nous indique Frédéric Pajak, le directeur artistique du Festival.
Le dessin a toujours pris une place à part dans le milieu de l’Art
Autrefois, les grands artistes s’adonnaient à l’exercice du dessin, avec multiples destinations. Pour les uns, ils faisaient office de dessins préparatoires à l’œuvre d’art, pour d’autres le dessin était le moyen de diffuser un message de propagande, pour d’autres artistes encore, le dessin était le moyen d’esquisser dans leurs « Carnets de Voyages » les anecdotes et ambiances ramenées par les artistes, prenant ainsi plaisir à l’art du trait et de la couleur, pour y coucher les atmosphères du monde.
du festival du dessin Arles
© Louise Olign
Reconnu comme le 3ème art
Aujourd’hui, le dessin revient en force dans le paysage de l’Art Contemporain.
Il y recèle une fantaisie et une diversité qui s’imposent désormais en un art reconnu comme le 3ème art, qui permet avec un peu de curiosité de découvrir des artistes de talents.
« S’y mélangent les dessins anciens, les dessinateurs oubliés, les aventuriers de l’art moderne, et puis ceux d’aujourd’hui, célèbres ou méconnus. S’y mélangent les styles, les formats et les inspirations ».
Au gré d’une formidable déambulation de la Ville d’Arles, au-delà de cette exposition, nous percevons la conviction du directeur artistique du Festival : « Je souhaitais montrer le dessin sous toutes ses formes, aussi bien dans l'abstrait que le figuratif. Chaque artiste présent au festival a trouvé une écriture personnelle, une issue dans le dessin ».
Avec le dessin, on ne triche pas. Nul ne pourrait se vanter d’être dessinateur
Avec 11 lieux concentrés dans le centre piéton de la cité arlésienne et une semaine de festivités en plus, par rapport à la première édition, ce sont les familles, les amis et autres amateurs qui ont déambulé nombreux dans la ville d’Arles.
Il y régnait une certaine effervescence, un esprit de famille en quête d’authenticité et de découvertes inédites. Ce sont plus de 1000 dessins de toutes natures qui sont ici présentés dans les lieux patrimoniaux de la ville, faisant place pour chaque lieu d’exposition à une muséographie sobre et remarquable.
Le Festival du dessin d'Arles est donc enchanteur tant pour sa qualité que pour les noms d’artistes ainsi réunis
Après l’hommage rendu, l’année dernière, à Jean-Jacques Sempé (1932-2022) qui a marqué les esprits… Pour sa deuxième édition, le Festival du Dessin d’Arles a présenté une très belle exposition consacrée au dessinateur français de renommée internationale Tomi Ungerer (1931-2019). Affichiste, illustrateur, inventeur d’objets et auteur de génie, c'est cet humour parfois grinçant que l'exposition met en avant, au-delà de ses livres pour enfants qui lui ont offert une renommée mondiale, son affiche contre la ségrégation raciale Black Power/White Power est devenue une icône.
« Durant ce Festival, en une journée, deux, voire davantage, le spectateur découvre plus de mille dessins. Son esprit ne peut guère tout absorber : il distingue, sélectionne ce qui est à son goût. Il entrevoit néanmoins la prolixité de cet art modeste, ses trouvailles, ses virtuosités, ses vertiges. Il s’en rassasie. Il sait, il sent que quelque chose d’important, d’irremplaçable, surgit de ces cimaises, quelque chose qu’il a éprouvé dans son enfance, ou qu’il éprouve encore, quelque chose qui en dit long et qui participe de l’explicitation du monde » explique Frédéric Pajak.
Place donc aux dessins sous tous ses formes
Les grandes figures de l’Art
Nous découvrons les dessins des grandes figures de l’Art notamment avec ceux de Jean Dubuffet (1901-1985) qui inventa une nouvelle pensée de l’art avec « l’Art Brut », les inclassables dessins d’Alberto Giacometti (1901-1966) à l’Espace Van Gogh, les incontournables Oskar Koskoschka (1886-1980) figure de proue de l’expressionnisme, célébré pour ses peintures et ses portraits bouleversants ; sans oublier les étonnants dessins de Joseph Beuys (1921-1986) réunis tous deux, au Musée départemental Arles Antique.
Les artistes contemporains
36 dessins au crayon sur papier,
14x14 cm - Anne Gorouben 2020 © libre de droits.
En plus, le Festival a également fait la part belle aux artistes contemporains défrichant ainsi de nombreux talents avec notamment l’inspiration virtuose de Jean-Luc Favéro (1966) qui prend sur le vif une nature débordante de sous-bois, d’arbres ou de forêts au Palais de l’Archevêché, et la talentueuse Anne Gorouben (1959) qui a entamé une lente et patiente reconstitution écrite et dessinée de son histoire familiale marquée par la déportation et le sceau du secret, ainsi qu’une très belle et ténébreuse série consacrée à Marilyn, à l’Espace Van Gogh, et qui du reste a été chaleureusement plébiscité par Lou Doillon, la Présidente d'honneur du Festival.
Nous poursuivons à la Croisière avec la très remarquable exposition consacrée au voyage, avec l’incontournable Thomas Ott (1966) privilégiant la technique de grattage au cutter sur carte noire, signant des albums immédiatement reconnaissables à leurs saisissants contrastes entre le noir et le blanc. Et bien sûr, le dessin de presse et d’humour mis à l’honneur avec l’irremplaçable Georges Wolinski (1934-2015) qui fut un dessinateur de presse très populaire, et défricheur de talents.
Artistes de toujours, artistes pour toujours, telle serait la devise de la ville d’Arles … Le rendez-vous est donc pris pour Mai 2025 !
Bref, à l’instar des prochaines Rencontres de la Photographie 2024 qui auront lieu début juillet, nous vous invitons à inscrire à vos agendas, ce prochain rendez-vous du mois de mai, devenu désormais un incontournable d’Arles.
Pour la suite, « les deux tiers de la troisième édition sont déjà complètement imaginés », confie son directeur artistique. L’artiste belge, Jean-Michel Folon devrait être à l'honneur avec le dessin d’Humour.