Publié le 11/01/2020

Kharmohra : L’Afghanistan au risque de l’art, une exposition au Mucem pour rappeler la mémoire

Kharmohra L'Afghanistan au risque de l'art - Exposition Mucem

Kharmohra : L'Afghanistan au risque de l'art - Rappeler la mémoire .
Une exposition à voir au Mucem jusqu'au 1er Mars 2020 -

"Cette jeune femme a été lapidée, le mouvement s'est emplit, la folie des hommes s'est exprimée ... C'est ça l'un des thèmes de cette exposition au Mucem, cette révolte sourde qu'il y a" ...
Guilda Chahverdi, coordinatrice de projets culturels et artistiques, directrice de l’Institut français d’Afghanistan (2010-2013)

Kharmohra : L'Afghanistan au risque de l'art

Une nouvelle génération de la création contemporaine afghane expose au Mucem

Kharmohra est une exposition qui met avant tout en lumière,  la jeune création contemporaine en Afghanistan qui a vu le jour à la chute des Talibans en 2001.
À ce moment là, il y a eu une ouverture sur le pays : des interventions internationales, des projets de développement, des projets de formations artistiques, la reprise de l'éducation pour tous .
Il y a eu un retour de l'économie de la culture, qui a profité au travail et à la création.  La scène culturelle et artistique a connu un véritable bond, en moins de quinze années . Mais malgré tout, il est fort de constater que la paix n'était pas instaurée pour autant . La sécurité était très fragile .

En 2004, 2005, les Talibans se sont emparés des Provinces, et très vite, ont instauré un mode d'attaque, cet outil de guerre privilégié. Ces attaques surviennent dans la ville et font des centaines de morts, et peuvent surgir à tout moment et toucher n'importe qui .

La sécurité a suscité beaucoup d'espoir dans la population afghane. Un espoir de jour meilleur, de construction, de possible. Or malgré des milliards de dollars dépensés, la sécurité n'est jamais arrivée.

Kharmohra : raconter une histoire

Les artistes tentent de raconter une histoire qui est nourrie de leur histoire. Ils ne croient plus à la sécurité . Ils ne croient plus à un avenir meilleur, ou une action venue de l'extérieur. Ils ont pris une distance. Ils avaient besoin de se recueillir, pour comprendre et écouter. Il souhaitent exprimer ce qui échappe à cette terre.

La ville gobe la mémoire.
Et pour les artistes, c'est important de rappeler cette mémoire là.

Cette terre, c'est comme si c'était quelque chose qui avalait l'existence, comme si rien n'était voué à rester . Les morts non plus, n'ont pas leur place. Ils sont effacés. Dès qu'il y a un attentat qui se passe, la ville est nettoyée comme si de rien n'était, parce que cela suscite la peur. La ville gobe la mémoire.
Et pour les artistes, c'est important de rappeler cette mémoire là, de rappeler cette existence, de sentir les différentes nuances de cette Société.

Pourquoi quelqu'un est Taleb?
Il ne s'agit pas ici d'être manichéen ...de porter un jugement . Mais de comprendre pourquoi, des questions profondes qui amènent le pays dans cette situation là.  Pourquoi cette personne est un ennemi à un moment donné, ou se range aux côtés de l'ennemi ?

Guilda Chahverdi (Commissaire de l'Exposition Kharmohra : L'Afghanistan au risque de l'art )

Les artistes de l'exposition Kharmohra : L'Afghanistan au risque de l'art

M.Mahdi Hamed Hassanzada (né en 1978)
Kubra Khademi (née en 1989)
Kaveh Ayreek (né en 1981)
Abdul Wahab Mohmand (né en 1982)
Aziz Hazara (né en 1992)
Mohsin Taasha (né en 1991)
Farzana Wahidy ( née en 1984)
Latif Eshraq (né en 1970)
Mortez Herati (né en 1985)
Asar Laiq (né en 1964)
Zolaykha Sherdad (née en 1967)

Tous n'étaient pas présents lors de la présentation de l'exposition à la presse . Trois parmi eux sont exilés en Europe et aux États-Unis depuis la guerre. D'autres n'ont pu venir jusqu'à Marseille, n'ayant pu obtenir leur visa.

Commissariat : Guilda Chahverdi, coordinatrice de projets culturels et artistiques, directrice de l’Institut français d’Afghanistan (2010-2013)
Conseil scientifique : Agnès Devictor, maître de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, chercheuse à l'HICSA (Histoire culturelle et sociale de l'art)
Scénographie : Anaïde Nayebzadeh

À voir jusqu'au 1er Mars au Mucem - Marseille
www.mucem.org