Publié le 11/12/2025

Réattu Réinventé… Le musée arlésien propose une approche novatrice 

Le nouveau parcours de visite de l’exposition abandonne la lecture strictement chronologique, de l’art ancien à l’art contemporain, au profit d’une approche thématique. Celle-ci favorise le dialogue entre les époques et embrasse pleinement la diversité des collections, des genres artistiques et des imaginaires. Un musée Réattu réinventé à découvrir jusqu’au 29 mars 2026.

Jacques Reattu La Mort dAlcibiade 1796-1822 exposition reattu arles

Jacques Réattu, La Mort d’Alcibiade, 1796-1822 © Musée Réattu

Arles : Réattu réinventé, Une approche nouvelle du musée. Un accrochage spécial qui se réaffirme pour cette exposition à voir jusqu'au 29 mars 2026.

L’accrochage des oeuvres s’est mise en place depuis le 6 décembre jusqu’au 29 mars 2026, ce qui confère au musée Réattu une temporalité qui ensuite laissera place à d’autres expositions, comme celle en partenariat avec les Rencontres de la Photographie d'Arles !

Le concept est convenu dans un projet scientifique et culturel voulu par la municipalité d’Arles, son maire Patrick de Carolis, Andy Neyrotti le responsable du pôle étude-conversation et Daniel Rouvier le directeur du musée. L’abstraction prend aujourd’hui une forme singulière pour mettre en avant 100 artistes et 300 oeuvres.

Vue in situ de l'accrochage réinventé et des œuvres de Jean-Pierre Formica. ©Eric Fontaine

Réattu réinventé : le musée d’Arles adopte une approche novatrice

De l’ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem (XVI° siècle) à nos jours…

L’Ordre de Malte, depuis le contexte des croisades (XII°siècle) a recours aux chevaliers bâtisseurs qui dans le quartier de Trinquetaille créeront une commanderie et un hôpital. En 1356 les édifices sont détruits suite aux incendies et pillages, il faudra attendre 1615 pour que les commandeurs et Grands Prieurs embellissent le prieuré à Arles jusqu’à la révolution française. Par la suite les lieux sont labellisés Monuments Historiques.

Ce dialogue entre les époques se regarde un peu comme l’émission « Des Racines & des Ailes », en mettant en avant le terroir culturel et historique, avec en parallèle des oeuvres plus modernes, et faisant surgir l’art moderne, puisant ainsi son inspiration dans les formes plus anciennes de la peinture ou de la sculpture.

Cinq thèmes se déploient : L’histoire, le Portrait, le Corps, le Paysage et l’Image

C’est aussi par le biais de la photographie d’art, de la vidéo et de l’installation sonore, que l’académisme des oeuvres du musée trouve une résonance dans le collectif d’artistes innovant ainsi, avec des participations artistiques en rapport avec le patrimoine arlésien.

Plusieurs oeuvres installées dans l’antre du musée corroborent à cet idée de la transmission de l’art, presque d’une manière innée qui au final s’harmonisent de manière intemporelle.

Le musée Réattu tient beaucoup à la notion d’ornementation, que ce soit « La Mort d’Alcibiade » (Jacques Réattu) ou encore l’oeuvre originale de l’Atelier des Flandres, c’est bien le XVIII°siècle et la touche du peintre Réattu, qui a pris référence sur la tapisserie « Le Colisée de Rome » (XVI°siècle).

Représenter le corps musée Réattu Arles - Éric Fontaine

Réfléchir le portrait, un mélange des genres !

Le maitre plus connu sous le nom de Picasso est souvent venu à Arles, pour ses traditions, sa lumière, son Rhône, la corrida et pour l’Arlésienne… Dans l’une des salles, le musée mixe une statue antique et plusieurs portraits de Pablo Picasso (peinture Lee Miller), submergeant  ainsi les époques et les styles.

Réattu réinventé 

Sûrement que la lumière innove bien plus sur ces installations libres. Tendance de l’immortalité des oeuvres ou intemporalité : nos regards convergent vers une sorte d’aura des artistes qui traverse le temps sans y changer l’envergure. Le portrait dans toutes ses textures semblent faire cohabiter l’essentiel du regard des plasticiens, si les siècles préfigurent le passé, c’est bien l’originalité du placement et de l’accrochage des tableaux qui prouvent que l’art se contemple dans son alcôve originelle !

Simon Vouet 1620 - Yousuf Karsh - Ernest Hemingway 1957
©Éric Fontaine

Le but de réaliser ou créer des portraits, c’est de présenter aux élèves un genre artistique dont la pratique, profondément modifiée par la naissance de la photographie, offre une grande variété de formes et d'usages qui se déclinent selon les catégories envisagées dans les musées.

Le portrait prend alors plusieurs typologie : allégorique ou symbolique (exemple de Napoléon se faisant représenter en César pour signifier sa propre gloire), le portrait d'apparat ou portrait mondain (représentation de la position sociale évoquant ainsi le statut de la personne), le portrait « manifeste » (signe d'une profession de foi idéologique ou religieuse), le portrait dit « psychologique » (mise à jour de la personnalité du modèle), le portrait-charge (soulignant de manière ironique ou sarcastique, un trait dominant du caractère supposé du modèle).

Simon Vouet et Yousuf Karsh malgré les 337 ans entre une peinture à l’huile et un portrait d’Hemingway (noir & blanc argentique), postent là un regard parallèle évoqué dans cette grande salle du musée.

Le corps dans sa représentation la plus noble

Au musée Réattu l’art académique a une grande place. Si la copie permet à l’artiste de maitriser les proportions, il en demeure un souhait des conservateurs de charger le plasticien de sortir d’un certain académisme, avec en autre l’étude de la nudité et des corps dans son expression charnelle la plus sensée, offrant une certaine vérité.

On évolue au début du XX°siècle avec en support, certaines créations qui évoquent la représentation du Christ décharné, tel un être torturé et mis dans sa nature la plus vraie, évoquant ou symbolisant la souffrance éternelle. « La vision de Jacob-1792 » oeuvre inscrite au patrimoine de Réattu (Jacques) se ré-équilibre en binôme par l’oeuvre de Javier Pérez « Odal » datant de 2008 présentée par la galerie Papillon.

Jacques Réattu, La Vision de Jacob, 1792 © Musée Réattu

Cette manière de montrer les corps ne nous laisse t’elle pas penser que celui-ci en art se fait alors sujet, objet, support, mesure et matière. L’artiste, évoque à sa guise, il nous questionne, sublime ou tourne en dérision son sujet sans toutefois ne jamais dénaturer la fibre originale du sujet, qui doit être respecté. C'est parce qu'il représente son corps ou celui d'autrui que l'Homme a une image de soi, et une place au sein des différentes sociétés, qui dès le siècle dernier a ainsi inventé la notion de statut de la personne.

Le paysage cher à l’illustre Van Gogh évoqué à Arles capitale de la Camargue 

Caroline Duchatelet, invitée à rencontrer le public de cette première visite au musée Réattu, était présente. Elle évoque son travail de l’image et surtout son choix de vouloir capter le clair-obscur à travers la tombée des jours.
« J’utilise la vidéo ou la photographie pour saisir l’instantané, d’un moment particulier de la journée » évoque t’elle. Son travail  « Entre chien et loup » est une expression très ancienne, qui remonte au 13ème siècle, évoquant chez les fermiers ce temps entre deux moments de la journée. 

Elle désigne la période de fin du jour, où la clarté est telle qu'on a du mal à distinguer un chien d'un loup. Lorsque la nuit tombe en fin d'après-midi, en ville, les piétons et les cyclistes doivent être visibles aujourd’hui dans notre société. Dans l’univers des paysans, c’est l’heure ou on doit rentrer les poules pour éviter les attaques nocturnes. L’heure de s’éclairer à la bougie pour les époques d’antan !

Caroline Duchatelet à 61 ans est une passionnée de voyages et de rencontres, offrant un panorama moderne de cette lumière. Ancienne pensionnaire de la villa Médicis en 2009, son travail est en résonance avec les paysages, étrangeté du temps qui entre brouillard ou brume de montage, semble rendre prisonnière toute idée du temps qui cependant n’est pas figé. Un point de vue que Vincent Van Gogh s’attribuait lors de ses correspondances avec Théo.

Picasso et intemporalité des oeuvres à Réattu ©Éric Fontaine

La photographie comme vecteur culturel

Si Lucien Clergue est à la photo ce que Picasso est à la peinture, le musée Réattu a été le 1er musée d’art en France, a consacrer une place primordiale à l’image. 1965 marque le début d’une aire culturelle dont la photographie présente, au sein du musée une riche collection de donateurs. Si en métropole, la bibliothèque nationale est la seule garante des tirages photographiques et les expose ou prête, Arles conserve un leadership dans l’acquisition des clichés. D’ailleurs avec la fondation LUMA (lieu privé), la ville oeuvre aussi pour la conservation en rassemblant plus de 10 000 tirages dans les réserves du musée Réattu.

Réattu réinventé : un nouveau regard pour le musée arlésien

Dans l’esprit d’un nouvel accrochage, c’est une sélection d’images revendiquant une approche expérimentale ou conceptuelle de la photographie qui est présentée…Que ce soit le travail de Véronique Ellena (Clairs-Obscurs) ou les Anges de Graziano Arici (Arlésien depuis plusieurs années), on retrouve une alchimie dans les techniques employées dont les Polaroïds transférés sur tissu par Paolo Gioli.

Jean-Pierre Formica et Katerina Jebb deux artistes deux sensibilités

Katerina Jebb ©Éric Fontaine

Jean-Pierre Formica qui travaille entre Paris et Arles continue à se captiver pour les oeuvres à base de terre. Dans l’installation « in-situ » baptisée « Traverser » le plasticien puise une inspiration dans le patrimoine antique de la ville, les couleurs la puissance de la terre, pour créer des édifices, mais aussi pour établir un lien entre passé et présent. Ces fragments on les retrouvent dans le travail méticuleux chez l’artiste photographe Katerina Jebb, qui explore l’univers des Arlésiennes (les miss d’Arles).

La photographe innove avec sa série « Untiled Nudes », ses corps nus en fractions placées au gré d’un savant calcul, vis à vis du modèle, de son attitude et de la lumière du studio. Katerina Jebb à l’aide d’un scanner puise dans les reflets de l’image, et confectionne son univers photographique sur des grands formats en cohérence avec les voutes du musée. Illusionniste de ses modèles féminins Katerina offre aux visiteurs une oeuvre cohérente qui s’inscrit complètement dans l’approche du musée.

Informations pratiques Exposition Réattu réinventé

Musée Réattu

10, rue du Grand Prieuré
13200 Arles - France

Tél : 04 90 49 37 58

 Horaires d'ouverture :

Ouvert du mardi au dimanche
Du 02 novembre au 28 février : 10h-17h (entrée jusqu'à 16h30)
Du 1er mars au 31 octobre : 10h-18h (entrée jusqu'à 17h30)

Fermé le lundi. Fermé les 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre.

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