- Auteur Isabelle de Montfumat
- Temps de lecture 9 min
« Un certain Robert Doisneau », le maître de l’art photographique au Musée des Beaux-Arts de Pau
Le Musée des Beaux Arts de la ville de Pau présente une rétrospective des œuvres du célèbre photographe du XXe siècle, « Un certain Robert Doisneau ». L’exposition temporaire est composée de 140 photographies en noir et blanc et couleur sur des thèmes qui lui sont chers : Paris et sa banlieue, l’univers de l’enfance et des écoliers, des mondanités et les portraits des célébrités amies du photographe – artistes, écrivains, comédiens. L’expo est à voir jusqu’au 28 septembre 2025 avec une entrée gratuite .

Le baiser de l’Hôtel de ville, Paris, 1950© Atelier Robert Doisneau.
Juste après la très remarquable exposition présentée au Musée Maillol (Paris), le Musée des Beaux-Arts de la ville de Pau présente une exposition temporaire « Un certain Robert Doisneau » avec plus de 140 clichés en noir et blanc et couleur de Robert Doisneau, le représentant majeur de l’art photographique du 20ème Siècle. Une exposition gratuite à voir jusqu'au 28 septembre 2025.
Réalisée en collaboration avec l’Atelier Robert Doisneau qui compte plus de 450 000 négatifs, l’exposition « Un certain Robert Doisneau » est une rétrospective du début des années 1930 à la fin des années 1980.
Cette exposition présente des tirages originaux et les sujets emblématiques chers à Doisneau issus de la Collection du photographe : Paris et sa banlieue, l’univers de l’enfance et des écoliers, les mondanités, les portraits des célébrités et amis du photographe (artistes, écrivains, comédiens).
Exposition « Un certain Robert Doisneau », le maître de l’art photographique au Musée des Beaux-Arts de Pau

© Atelier Robert Doisneau.
Robert Doisneau, la photographie du merveilleux
L’exposition « Un certain Robert Doisneau » offre une véritable rencontre avec le photographe, montrant son foisonnant univers de travail et met en valeur son regard empreint à ce « réalisme poétique » par lequel il voit le monde tel qu’il est, mais en soulignant toujours le merveilleux.
En effet, Robert Doisneau se distingue par sa manière si singulière d’aborder la photographie en captant le monde « pris sur le vif » ; contribuant à écrire l’histoire de la photographie avec des clichés et des portraits devenus inoubliables.
Robert Doisneau, le photographe du portrait et le maître de la photographie en noir et blanc
Né le 14 avril 1912 à Gentilly, en France, et décédé en 1994, la carrière de Robert Doisneau s’étend sur plusieurs décennies et laisse derrière lui un héritage photographique riche qui porte sur le quotidien, les rues de Paris, les portraits de célébrités…. Diplômé en gravure et lithographie, il s’initie à la photographie dans l’atelier de Léon Ullmann, et se tourne entièrement vers cette nouvelle voie.
Associé souvent comme le père de la « photographe humaniste » à la suite de Henri Cartier-Bresson et Willy Ronis, dès les années 30, Robert Doisneau envisage le travail photographique en privilégiant le fond sur la forme, le réel est ainsi enregistré sans artifices techniques. La composition de ses photographies se fait dans une incomparable maîtrise du détail, du décor, du cadrage et de la lumière avec l’apport de contre-jour ou de clair-obscur.
Pour Doisneau, la photographie doit être en priorité simple, sobre, fixant sur la pellicule l’homme dans son intimité et son quotidien, orchestrée dans « une mise en scène » relevant d’un imaginaire fécond et savamment soigné.
« Le Baiser de l’hôtel de Ville » à Paris
La photographie la plus célèbre de Robert Doisneau
Robert Doisneau est sans doute l’un des photographes français les plus connus dans le monde entier, notamment grâce à l'une de ses plus célèbres photographies « le Baiser de l’hôtel de Ville » prise en 1950 à proximité de l'hôtel de ville de Paris. Ce baiser le plus célèbre de l’Histoire de la photographie reste l’un des clichés mythiques de Robert Doisneau et aussi, l’un des plus emblématiques de l’histoire du portrait.
Photographe des instants du quotidien, Robert Doisneau a fait entrer dans la légende Le Baiser de l’Hôtel de Ville, avec plus 410 000 exemplaires d'un tirage en format affiche en 1986.

Robert Doisneau… Une destinée… Des clichés de rue et des célébrités…
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, Robert Doisneau a connu de son vivant une célébrité très inhabituelle. Certes le marché de la photographie n’était pas celui d’aujourd’hui, mais Robert Doisneau est entré, pour l’époque, dans le cercle très restreint du patrimoine vivant et a connu ses heures de gloire.
Célèbre par ses clichés des rues de Paris
Robert Doisneau passe son temps libre à arpenter les rues de Paris… Ces nombreuses photographies en noir et blanc, technique qui caractérise le travail de l’artiste, des rues de Paris d'après-guerre, de sa banlieue et de photos d'écoliers ont fait très vite sa renommée.
Bien sûr, parmi les rencontres décisives pour le photographe, il faut citer Jacques Prévert avec lequel il arpente Paris, partage avec lui le goût du pittoresque, qui influencera fortement son travail.

© Atelier Robert Doisneau
Avec son appareil Rolleiflex ou son Leïca, Doisneau se fond dans la masse, ce qui lui permet de travailler discrètement, capturant des moments spontanés sans attirer l'attention.
Il accumule les images qui feront son succès, déambulant « là où il n’y a rien à voir » composant et capturant les scènes cocasses, les bonheurs minuscules, les gens de peu… Il guette l’anecdote, la petite histoire, chaque instant de vie : artisans, bistrots, clochards, gamins de rues…
Il émane de ces images une douce complicité qui ne se démentira jamais avec ces enfants qu’il aimait tant photographier et avec lesquels il partageait un profond goût du jeu et de la liberté.
Ici, tout l’Œuvre se déploie dans les différentes salles du musée. On voit l’évolution de son esthétisme des premières années, qui se poursuit, s’affine, se déplace vers d’autres sujets. Nous sommes touchés par sa modestie, le calibrage des images, le travail précis et incessant, comme une mise en tension de l’attente, porteur d’un nouveau langage, livrant sa vision la plus intime.
L’autre facette de Robert Doisneau…probablement la moins connue….
Le portrait au firmament de son art
Dans les années 1950, Doisneau pour gagner sa vie travaille pour les magazines et la presse : Regards, Point de vue, Life Magazine, Paris-Match et Vogue avec lequel il aura du reste, un contrat d’exclusivité de 1924 à 1954, porteur d’une longue collaboration.
Cette fidélité, on la retrouve également avec le choix de son agence. Robert Doisneau est en effet l’homme d’une seule agence, Rapho, à laquelle il restera fidèle des premières photos publiées juste avant la guerre, aux dernières réalisées peu avant sa disparition en 1994.
Ces clichés proposés sous forme de reportages et portraits mondains seront édités. Devenus mythiques, ils feront également la gloire du photographe.
Tout au long de sa carrière, Robert Doisneau, passionné de peinture et de littérature, réalise les portraits d’écrivains, intellectuels et artistes célèbres. L’œil du photographe saisit ses modèles sur le vif ou les met en scène avec leur complicité. Certains des amis, d’autres le deviendront. Ces clichés constituent un panorama unique de l’art du 20ème Siècle.

( SA Princesse Charles de Ligne,
Madame Bertrand de la Haye Jousselin,
SA Princesse Armnd d’Aramberg)
© Atelier Robert Doisneau
C’est ainsi que le photographe réalisera plus de deux cent cinquante portraits d’artistes, peintres renommés, dont Pablo Picasso, « un des meilleurs modèles qu’il ait eu devant son objectif », disait-il et qu’il aimait..
La célèbre photographie - diadèmes chez le Comte Etienne de Beaumont (Paris, 1950) montre la virtuosité de ce photographe hors pair. La mise en abîme du regard de ces trois princesses, proposée comme une sorte de face à face inédit donne lieu à un portrait singulier. Il cherche à capter un moment, mais il le fait toujours avec cette même idée, de la mise en scène, du détail qui soulève l'imaginaire.
Chez Doisneau, la photographie prend une nouvelle dimension : celui de l’instant, capté par l’œil expert, rendant compte de moments d’exceptions. Le visiteur ressent cette acuité du photographe. Il est happé par cette intensité qui se fera présente presque et inexorablement sur tous les clichés.
Autre aspect la photographie, Doisneau et la couleur…
Assez peu connu du grand public, dans les années 60, Doisneau arbore, pour la première fois, l’usage de la photographie couleur qui était alors peu développée, car très coûteuse. Elle ne pouvait faire l’objet que de reportages de commandes dont le financement était assuré. De plus, la pellicule couleur étant une innovation récente, elle ne présentait aucune assurance de pérennité.
Il réalisera également quelques reportages à l’étranger : 1960 - Voyage aux États-Unis (New York, Hollywood et Palm Springs), 1966 - Voyage au Canada, 1967 - Reportage en URSS.. pour n’en citer que quelques-uns.
Toutefois, Robert Doisneau travaillait sur un projet personnel tout en couleur la série « les petites boutiques » (1960) qui est présentée au sein de l’exposition.
« Un certain Robert Doisneau », une magie éternelle
Enregistrant ainsi une époque, la sienne, le maître de la photographie argentique, a reçu de son vivant, le prix Niépce en 1956 et fut lauréat du grand prix National de la photographie en 1983, marquant sa carrière et le génie de ce grand photographe. Et bien sûr, son travail sera présenté à travers de nombreuses expositions, au niveau international.
L’exposition « Un certain Robert Doisneau » rend compte de cette atmosphère de légèreté et de gravité que convoque volontiers le photographe, nous invite à une promenade à travers le temps et nous livre toute l’étendue artistique du photographe.
Reconnue à travers le monde, le public ne peut se dédire de ce rendez-vous. Là, où la photographie se fait emblématique, libre, intime et rieuse. Robert Doisneau crée à nouveau l’étincelle, porteuse d’une magie éternelle !
Informations pratiques Exposition Robert Doisneau
Musée des Beaux-Arts
1 rue Matthieu-Lalanne
64000 Pau
Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h. Fermeture le lundi.