- Auteur Éric Fontaine
- Temps de lecture 6 min
Sète : Yvonne Rainer « A Reader » une rétrospective au Crac Occitanie
Le CRAC Occitanie, à Sète, propose une rétrospective sur Yvonne Rainer, pionnière de la danse postmoderne et figure majeure du cinéma féministe et expérimental. Une exposition gratuite à voir jusqu’au 15 février 2026.

La chorégraphe et cinéaste américaine âgée de 91 ans est mise à l’honneur au Centre Régional d’Art Contemporain (CRAC Occitanie). Une exposition gratuite à voir à Sète jusqu’au 15 février 2026.
Commissariat : Arlène Berceliot Courtin
Pour celle que l’on désigne comme une pionnière dans le cinéma expérimental des États-Unis, est surtout une figure emblématique de la post-moderne danse américaine. À ce titre cette rétrospective s’inscrit totalement dans la politique culturelle de la région Occitanie qui prône la liberté de créativité des artistes, tant sur le plan du mouvement du corps, de l’image, de la peinture ou de la sculpture.

Exposition à Sète, Yvonne Rainer : A Reader - Crac Occitanie
La Californie et New-York comme lieux d’inventivité de la chorégraphe américaine !
Yvonne Rainer, s’accorde à faire émerger une nouvelle image du danseur, en rejetant la virtuosité et l’expressivité du corps, dans sa matière la plus simple, où les mouvements de la personne peuvent suivre un élément apporté comme une balle par exemple. Durant ses apprentissages en atelier de danse, elle participe aux collectifs The Judson Dance Theater et The Grand Union, mêlant ainsi l’expression vocale au narratif, explorant de la sorte l’actoring ou jeu de l’acteur.
Yvonne Raider, avant de se consacrer au cinéma expérimental en 1972, libère ainsi toutes les possibilités créatives aux danseurs comédiens, qui en plus de jouer un rôle, augmentent leur champ de possibilités dans le théâtre de situation, labellisé « Happening ».
En 1956, elle est mariée au peintre expressionniste abstrait Al Held, elle participe en tant que muse et danseuse aux interventions artistiques des plasticiens et rencontre notamment Robert Morris, Robert Rauschenberg et Alex Hay.

Intuitive et en demande de technique, en 1957, elle prend ses premiers cours de danse, avec Edith Stephen, elle a vingt-trois ans. Ce n’est que dans l’année de 1959, qu’elle suit l’enseignement de Martha Graham et de Merce Cunningham, elle se forme également en pratique académique de la danse classique, et choisit de se consacrer à la performance scénique où l’interprétation doit aussi laisser place à l’inspiration du moment.
Au début des années 60, elle participe à un atelier dirigé par Anna Halprin en Californie, et, de retour à New York, suit le cours de composition de Robert Dunn. Ces deux artistes sont pour elle, la voie de l’exploration et elle élargit le champ des pratiques expérimentales, aidant à compléter son savoir sur l’ approche de la chorégraphie. Anna Halprin insiste sur la notion du regard, et de l’attention portée à l’action. Combinant le réel et l’instantané, son art s’initie souvent au geste, même si il est accompagné d’un ustensile ou objet de diversion artistique.
Robert Elis Dunn en musique avec Yvonne Rainer, réinventa le concept de la danse à partir d’une donnée simple ou de procédés aléatoires, dans la pratique de l’improvisation le binôme engagea la nouvelle façon de danser plus instinctive.

Yvonne Rainer - Crac Occitanie
Le minimalisme des années 60 à l’esthétisme de la danse moderne
Yvonne Rainer est à découvrir dans cette exposition baptisée « reader » que l’on peut symboliser par un ensemble de textes, de mots et de formats inédits. Prendre du temps à regarder les témoignages sous la forme de formats vidéos, c’est comprendre une époque qui a accompagné la chorégraphe tout au long de sa carrière.
Dans la première salle la chorégraphe en 1978 a collaboré pendant plusieurs mois sur le spectacle « Trio A ». Les séquences consistaient par mettre en mouvement de 5 minutes les gymnastiques du corps. Rappelant son travail sur la métamorphose des silhouettes en action on retrouve aussi « Convalescent Dance » (1967) ou en 1970 son happening politique avec les membres du Grand Union. Ce qui d’’ailleurs a fait la une des journaux et des médias de l’époque, où la nudité en partie recouverte des drapeaux américains firent le scandale, Yvonne Rainer proclamant les USA d’états-uniens…
Si son travail foisonnant élabore une multitude de pistes, on notera son travail de vidéaste sur le vieillissement des personnes, sachant que l’artiste entretient facilement un look androgyne afin de revendiquer une liberté créatrice. Lors de différents interviews, elle indique qu’elle recherche dans l’esthétisme la féminité chez l’homme, mais également un certain pouvoir masculin dans les mouvements de danse peut être plus chez les femmes artistes.
Yvonne Rainer s’est aussi investie dans l’univers des antimilitaristes ou activistes féminines, ce qui fait de ses choix personnels un véritable combat pour combattre le racisme partout où elle a séjourné.

Les événements autour de cette retrospective Sétoise - Crac Occitanie
« Splach » le jeudi 4 décembre à 18 h 30, au CRAC la rencontre sera l’occasion autour du livre d’Hélène Giannecchini de parler des vies autour des forces politiques, en collaboration avec l’école des beaux-arts de Sète.
« I’m coming out » le tube planétaire propulsé par Diana Ross en 1980, il sera un tremplin artistique pour la chorégraphe Lenio Kaklea ce mercredi 28 janvier 2026 à 18 h (30 mn au CRAC).
« Delicate people » de Cécile Bouffard et Ruth Childs ce jeudi 5 février 2026 où la danse et le geste vont se marier parfaitement avec le public du CRAC.
Informations pratiques, exposition Yvonne Rainer - Crac Occitanie
CRAC Occitanie
26, quai Aspirant Herber
34200 Sète
Pour les facilités d’accès : Le centre régional d’art contemporain Occitanie est gratuit d’accès ouvert tous les jours de 12 h 30 à 19 h (fermé le mardi) et le week-end de 14 h à 19 h.