Publié le 02/02/2024

Opéra Grand Avignon, Carmen parcourt l’agglo en toute intimité

Une Carmen Intime en tournée du 3 au 9 février dans les communes de l’agglomération du Grand Avignon. Rencontre avec Frédéric Roels, directeur de l’Opéra Grand Avignon et metteur en scène, qui propose une version de Carmen en toute intimité avec 4 voix et 1 violoncelle à capella.

Carmen intime opera grand avignon

Au programme de la saison 2024 de l'Opéra Grand Avignon, l’Opéra de chambre Carmen Intime pour 4 voix et 1 violoncelle d’après Carmen de Georges Bizet sera en tournée dans 5 salles du Grand Avignon dès ce samedi. Adapté et mis en scène par le directeur de l’Opéra Grand Avignon Frédéric Roels, qui a également conçu les décors, les lumières et les costumes est une grande première dans sa forme et sa conception. Cette version ne laissera pas indifférent le public fan de l’œuvre de Bizet. Frédéric Roels raconte cette aventure.

Carmen intime - Opéra Grand Avignon

Rencontre avec Frédéric Roels, metteur en scène

Frédéric Roels directeur de l'Opéra Grand Avignon et metteur en scène de Carmen Intime - ©Jacques Jarmasson

Après le succès des opéras participatifs, cette adaptation de Carmen et sa tournée dans les villages du Grand Avignon est une innovation

Frédéric Roels : C’est vrai que s’il y avait eu quelques antécédents, la formule de l’opéra participatif s’est installée cette année à l’opéra Grand Avignon avec plus de 3700 spectateurs (confondu tous publics et représentations scolaires).  La production de  Carmen Intime dans 5 salles du Grand Avignon constitue une véritable tournée au sein de l’intercommunalité. Ce sont  tour à tour les communes de Vedène, Caumont-sur-Durance, Rochefort-du-Gard, Sauveterre et Saint-Saturnin-lès-Avignon et encore 6 autres début juillet, qui vont accueillir ce spectacle qui est effectivement une première dans sa forme scénique. Ce projet  a été vraiment conçu pour pouvoir tourner, être joué même dans des salles qui ne sont pas à priori des salles de spectacles. Le dispositif est à peu près autonome. De plus, en juillet c’est en plein air comme à Villeneuve-lez-Avignon dans les jardins de l’Abbaye qui reçoit Carmen Intime.

Vous assurez la mise en scène, les décors, les lumières et les costumes

Frédéric Roels : J’ai tout signé parce que c’est une petite forme. Une volonté à la fois artistique, c’est un « petit spectacle » pour lequel je peux maîtriser un peu tous les éléments. La lumière, j’ai souvent fait, c’est un domaine que je connais bien, les décors et costumes j’ai un peu moins d’expérience dans ces domaines, mais je peux gérer sur un petit dispositif avec 4 chanteurs. Il y avait aussi une volonté de proposer un spectacle dont l’économie est maîtrisée en termes de coût de production qui, de fait, est très raisonnable.

©Carmen intime - production de l'Opéra de Rouen

Qui dit adaptation dit souvent transposition

Frédéric Roels : Mon adaptation est très respectueuse de l’œuvre de Bizet. Je n’ai rien rajouté ou modifié de l’œuvre originale. C’est uniquement un travail de découpages, de concentration, aucune volonté de raconter une autre histoire que celle des 4 personnages principaux Carmen, Micaëla, Don José et Escamillo, avec une volonté de parler d’aujourd’hui, avec des costumes contemporains, mais l’histoire  n’est en rien trahie.

C’est important qu’un directeur d’opéra soit aussi un artiste ?

Frédéric Roels : Oui, en fait depuis que je fais ce métier, je considère qu’il est important d’être ici à la fois comme artiste et comme directeur de la maison, parce que le centre de la vie d’une maison comme la nôtre c'est l’artistique. Etant artiste, je suis en contact très direct avec tous les membres de l’équipe. Je comprends les problématiques des équipes techniques, je sais comment tout cela fonctionne, je comprends la production, c’est un atout. Et réciproquement, en tant qu’artiste je suis très au courant des contraintes administratives. Les deux sont pour moi indissociables.

La distribution de Carmen intime est tournée vers la jeunesse

Frédéric Roels : Nous avons 4 chanteurs et un violoncelliste. Le rôle d’Escamillo est assuré par Aimery Lefèvre, un baryton avec lequel j’avais déjà travaillé plusieurs fois dans le passé, et qui a une forte expérience. Les trois autres interprètes sont de très jeunes artistes, sortis depuis peu du conservatoire. Lauréate du concours Raymond Duffaut catégorie « Jeunes espoirs », Axelle Saint-Cirel endosse le rôle-titre. Lyriel Benameur (Micaëla)  a remporté le concours de la mélodie de Gordes. Enfin, Etienne de Bénazé (Don José) est sorti du Conservatoire Supérieur de Paris il y a peu de temps. Pour aider les jeunes artistes, je m’inscris vraiment dans la tradition d’Avignon, qui, avec Raymond Duffaut est depuis toujours très attentive à l’accompagnement des jeunes. Le projet est en parfaite adéquation avec cette ambition.

©Carmen intime - production de l'Opéra de Rouen

Côté musique, l’orchestre est assuré par un violoncelle à cappella …

Frédéric Roels : Peut-être la plus grande infidélité à l’œuvre de Bizet consiste en la réduction de la partie instrumentale à un seul violoncelle. L’idée m’est venue quand je cherchais à faire ce Carmen avec le moins d’intervenants possible, je me suis posé la question de l’accompagnement. Au piano eut été trop classique et trop standard. C’est en pensant à l’habanera, sûrement l’air le plus connu, qui commence avec les violoncelles, que l’idée m’est venue. Et si l’essence de Carmen était ça : le violoncelle ? Instrument qui possède de la féminité, de la sensualité. J’en ai parlé au compositeur Jacques Petit, qui a accepté de relever ce gros défi. Bien évidemment, la partition est très virtuose pour le violoncelle, elle est assurée par le violoncelliste solo de l’orchestre de l’opéra de Rouen Florent Audibert.

Comment voyez-vous l’avenir de l’opéra en France ?

Frédéric Roels : Je pense que la situation nous oblige à être inventifs et créatifs. Il est vrai que nous sommes dans une situation de fragilité, aussi nous devons chercher des formes qui touchent des publics différents et trouver certains modèles économiques qui sont plus vertueux, à la fois sur de petites formes comme celle de Carmen Intime et aussi sur les grandes formes grâce à des collaborations avec d’autres institutions et des coproductions, comme Rusalka que nous avons faite en début de saison avec les 4 maisons d’opéras du Sud. Nous n’aurions jamais pu la monter seuls. Avignon est une agglomération de moins de 200 000 habitants et c’est la plus petite ville en France à disposer d’un opéra avec une vraie programmation, un ballet, un chœur permanent, il n’y en a pas d’autres de cette taille-là. Et Avignon perpétue l’art lyrique depuis des siècles.

Renseignements, Réservations, Billetterie Carmen Intime Opéra Grand Avignon

Samedi 3 février 20h et Dimanche 4 février 2024 : 16h L’Autre Scène  (Vedène)
Mardi 6 février  20h : Salle Roger Orlando (Caumont-sur-Durance)
Mercredi 7 février 20h30 : Salle Jean Galia  (Rochefort-du-Gard)
Jeudi 8 février 20h30 : Pôle culturel Jean Ferrat (Sauveterre)
Vendredi 9 février  20h : La Pastourelle  (Saint-Saturnin-lès-Avignon)

Billetterie : operagrandavignon.fr
Tel :  04 90 14 26 40 Tarifs de 6 à 12 euros