Publié le 06/02/2024

Shani Diluka : « Une infinie quête de sens et de beauté »

La pianiste Shani Diluka donnera un récital exceptionnel ce vendredi 9 février à 20 h 30 à La Scène 55 de Mougins. Rencontre avec l’artiste considérée comme l’une des plus grandes pianistes de sa génération. Elle a été distinguée cette année comme l’une des « 100 femmes de culture » en France.

Shani Diluka concert pianiste monaco

Shani Diluka ©Sandrine Explilly

La pianiste Shani Diluka, sera en concert le 9 février 2024, à la Scène 55 à Mougins. Au programme figureront Arietta, Au Printemps, Notturno et Marche des Trolls, extraits des pièces lyriques d'Edvard Grieg, la Sonate Pathétique op.13 et la sonate Clair de lune op.27 de Beethoven et "Standchen Auf dem Wasser zu singen" de  Schubert/ Liszt.

Shani Diluka est considérée comme l’une des plus grandes pianistes de sa génération. Au-delà de ses qualités de pianiste, sa technique éblouissante et sa compréhension musicale se doublent d’une rare culture qui nourrit ses interprétations.
La pianiste virtuose a notamment revisité avec son dernier album Pulse des extraits d'Etudes de Philip Glass : Be My Love de Keith Jarrett ; Dream de John Cage ; Veridis Quo et Giorgio by Moroder des Daft Punk ; The Philosopher's Hand de Terry Riley ou encore Danny Boy de Bill Evans.

Que de chemin parcouru depuis l’âge de 6 ans où elle fut révélée pour son talent exceptionnel par un programme initié par SAS la Princesse Grace de Monaco !  

Shani Diluka ©Balacz Borocz

Shani Diluka, considérée comme l’une des plus grandes pianistes de sa génération

Née à Monaco de parents srilankais, diplômée du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, sélectionnée au sein de la prestigieuse Académie internationale de piano du lac de Côme, elle obtient des récompenses majeures pour ses enregistrements, puis intègre le prestigieux label Warner Classics à la suite des légendes comme Maria Callas, Mstislav Rostropovitch, Yehudi Menuhin, Martha Argerich ou Daniel Barenboïm, son parcours se nourrit de collaborations avec Natalie Dessay, Michel Portal, les compositeurs Rhim, Beffa, Mantovani, et de grands noms du cinéma : Sophie Marceau, Guillaume Gallienne, Charles Berling. Passionnée de musique de chambre, Shani est la partenaire régulière des quatuors Ébène, Ysaÿe, Prazak, Modigliani, Belcea. Elle joue au Festival de Verbier, à la Philharmonie de Paris, au Concertgebouw d’Amsterdam, au Forum de Tokyo, à La Fenice de Venise, à La Sala de Sao Paulo, ou encore au Konzerthaus de Vienne, et est l’invitée d’éminents orchestres. Artiste de culture, elle est aussi poétesse et écrivaine (son recueil de poésie "Canopées" a été primé l’Académie Française 2019), Shani Diluka cultive aussi par son écriture les liens essentiels entre la musique et la littérature. Elle a été distinguée cette année comme l’une des « 100 femmes de culture » en France.

Shani Deluka et notre journaliste Philippe Depetris

Rencontre ! 

Comment avez-vous composé votre programme ? 

Shani Diluka : Je suis particulièrement inspirée par la relation entre terre et ciel qui a nourri les grands compositeurs. Ainsi les pièces lyriques de Grieg, baignées de l'atmosphère des esprits et des trolls que j'ai eu la chance d'enregistrer sur son piano dans sa maison au milieu des fjords mais aussi les sonates de Beethoven qui relie ses conflits intérieurs à un amour très fort de la nature. Ce sera le fil conducteur de mon programme.

C’est une thématique qui vous tient à cœur ?

Shani Diluka : C’est une dimension essentielle qui est au centre de ma quête artistique et de mes choix de répertoire au concert et pour mes enregistrements. L’homme est un être doué de raison certes, mais il est avant tout un être spirituel. Ce qui le rend unique. Il sait insuffler des ponts vers l’invisible, vers le divin, vers l’élévation. Les religions existent et résonnent en cela, mais la musique en est un chemin privilégié. Cela lui permet de se transcender, d’être en lien avec l’autre, jusqu’au Divin, et la musique notamment en étant une compagne de route intime permet cette élévation.

Ce sont ces sentiments que vous exprimez avec votre piano ?

Shani Diluka : Pour moi le piano est un vecteur universel et privilégié de sentiments et d’émotions. Les grands compositeurs ont perçu de tout temps, dans cet instrument aussi bien orchestral qu’intime, sa vocation à créer un triangle suprême : un lien avec l’âme du compositeur, en dialogue avec l’âme de l’interprète seul sur scène, et  avec l’âme du public représentant le monde. Il peut alors arriver un moment de grâce, de communion unique à l’écoute d’un prélude de Bach, d’un mouvement lent de Beethoven, d’un silence chez Schubert, d’un scintillement chez Messiaen, d’un soupir chez Chopin, d’un point d’orgue chez  Mozart… Tous ces instants peuvent donner lieu à la solitude « universelle » du piano en communion avec soi-même mais aussi avec le public...Car l’essentiel reste la rencontre et le partage.

Que représente la musique pour vous ?

Shani Diluka : La musique est pour moi le miroir de l'humanité. Je suis passionnée par cette exploration de l'âme humaine et ses questionnements existentiels ainsi que par le dialogue entre les arts. Je me suis donnée pour mission à travers mes enregistrements et mes récitals d'ouvrir mes contemporains à l'émotion et à la beauté. C’est le sens de ma vie !

Vos interprétations sont entièrement ouvertes vers la réflexion, la poésie et l'humanisme. Ces nourritures vous sont indispensables pour transcender votre art?  

Shani Diluka : Dans ce monde qui va toujours trop vite, la place à la réflexion est d’autant plus indispensable. La course effrénée entre les concerts, les divers lieux, les rencontres foisonnantes, les voyages, les avions, m’obligent à me ressourcer et à puiser dans les profondeurs de l’Art toute sa richesse pour mieux la faire partager. C’est dans ces moments-là que j’écris. La poésie est très présente dans ma vie depuis toujours, j’en écris et je la lis, mais tous les arts me nourrissent au quotidien, comme c’est le cas de tous les compositeurs, de Mozart à Ravel, de Chopin à Stravinsky, de Schubert à Boulez... Tous sont nourris de cette quête de sens et de beauté qui élève l’esprit et le coeur, qui ouvre l’imagination et nourrit l’âme, qui rassemble l’humanité sous un même toit. 

Vous sentez-vous guidée par "les forces de l'esprit"?

Shani Diluka : Je crois en ces forces en tout cas. Je crois que l’Homme a un pouvoir de transcendance et d’élévation exceptionnel et qu’il sera toujours en lien avec l’invisible s’il sait se laisser porter par l’être spirituel qu’il est, donc par les forces de l’esprit. Cela peut et doit coexister avec le matériel et le pragmatisme que la société nous impose, mais cela apporte aussi un regard sur la vie qui permet d’accepter les douleurs et de les transcender. 

L’Homme par les forces de l’esprit, quelles qu’elles soient, peut transformer ses souffrances en beauté, voir en élévation et force, l’Art en est le plus bel exemple.

Comment parvenez-vous à doser harmonieusement cette quête spirituelle et le côté "charnel", "physique" inhérent à toute exécution musicale?

Shani Diluka : La musique s’incarne avant tout par le corps et la vibration qui crée le son; du piano au violon en passant par le chant tout interprète doit composer entre l’exécution qui demande une maitrise sans faille, un rapport charnel à l’instrument abouti et la connaissance de l’oeuvre « par coeur »  et « venant du coeur ». La partition est aussi un support « matériel » qui va donner vie à une matière invisible et éphémère. Ainsi la connaissance du clavier, de la technique, du texte et du corps sont les vecteurs essentiels à la réalisation d’une exécution musicale accomplie. C’est un équilibre subtil et fragile où toutes les dimensions doivent être respectées, résonner entre elles. Le corps et l’esprit deviennent ainsi le socle de toute expérience artistique. Ainsi, tout ce cheminement ne vient pas uniquement de l’esprit mais consiste après des heures de travail au piano, de réflexions, de remise en question, à trouver, à découvrir le sens caché de ces monuments tel un archéologue, jusqu’au moment où « Le Temple sacré » sera révélé au public…

Quels sont vos projets ? 

Shani Diluka : Au-delà des concerts et des récitals, après avoir consacré un disque aux minimalistes américains dans lequel j’explore à travers des compositeurs tels que Adams, Cage ou Glass, les battements de cœur du monde  et ce mouvement quasi hypnotique qui anime notre planète, mon prochain enregistrement chez Warner Classics sera voué à la musique de la Renaissance et son héritage. Gesualdo, Scarlatti, Haendel et Jean-Sébastien Bach en seront les points d’attache. 

J’ai l’immense chance de pouvoir laisser de côté les projets qui ne me parlent pas et de pouvoir choisir ceux qui me passionnent ! 

Et c’est une formidable liberté !  

Renseignements, Réservations, billetterie récital Shani Diluka à Mougins

Scène 55

55, chemin de Faissole - Mougins

Tel. : 04 92 92 55 67 - www.scene55.fr - contact@scene55.fr ou reservation@scene55.fr
(Parking gratuits)