Publié le 20/01/2022

Projection sur grand écran : La planète des Singes

Depuis les années 2000, des centaines de scientifiques tirent la sonnette d’alarme : les activités humaines, en précipitant l’effondrement de la biodiversité, ont créé les conditions d’une “épidémie de pandémies”. En 2019, le monde est frappé par un virus provenant d’un laboratoire en Chine et provoque une pandémie mondiale appelée Covid-19. Incendies, sécheresses, canicules, gel, tempêtes, précipitations intenses, érosion côtière, avalanches et fonte des glaciers s’intensifient avec le changement climatique. D’année en année, la température de la Terre augmente : c’est le réchauffement climatique. Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme, car les activités de l’homme produisent une très grosse quantité de gaz à effet de serre, très polluants. Quel est le dénominateur commun de ces événements qui touchent notre Planète ?

Film La planète des singes resume - Taylor et Nova dans la zone interdite

Le film La Planète des singes est l'adaptation au cinéma du célèbre roman éponyme de Pierre Boulle.
Pierre Boulle, né le 20 février 1912 à Avignon et mort le 31 janvier 1994 à Paris 16ᵉ, est un écrivain français. Agent de la France libre en Asie du Sud-Est pendant la Seconde Guerre mondiale, il est l’auteur du Pont de la rivière Kwai et de La Planète des singes.Ce roman de science-fiction a été publié en janvier 1963 par l'écrivain. Succès commercial, il est rapidement traduit dans de nombreuses langues.

Le mouvement littéraire de Pierre Boulle

Le roman raconte l’histoire de trois hommes qui explorent une planète lointaine similaire à la Terre, où les grands singes sont les espèces dominantes et intelligentes, alors que l'humanité est réduite à l’état animal. Le narrateur, Ulysse Mérou, est capturé par les singes et se retrouve enfermé dans un laboratoire. Prouvant son intelligence aux singes, il aide ensuite les scientifiques simiens à découvrir les origines de leur civilisation.

Satire de l'humanité, de la science et de la guerre, l'ouvrage aborde également les thèmes de l'instinct, de l'évolutionnisme et de la société humaine. La Planète des singes est l'un des romans les plus célèbres de Pierre Boulle et fait l’objet de plusieurs adaptations cinématographiques internationales. L'auteur est même contacté par les producteurs pour rédiger le scénario d'un des films.

La Planète des singes, Synopsis

L'engin spatial américain Icare, parti en 1971 avec à son bord 4 membres d'équipage, traverse l'espace à une vitesse proche de la vitesse de la lumière. Au terme d'un voyage de 18 mois, le vaisseau s'écrase le 25 novembre 39782 sur une mystérieuse planète, au coeur d'une région désertique. Les 3 survivants du crash, le capitaine George Taylor et les lieutenants John Landon et Thomas Dodge, découvrent très vite que ce monde est peuplé d'hommes primitifs dominés par une race de singes évolués.

Les origines du film La Planète des singes

La Planète des Singes - Affiche du film 1968

Les premières images sont presque pastel, et donnent au film la luminosité des clichés d'antan, époque bénie du Kodachrome, et de ses couleurs argentiques.

Charlton Heston, dans son vaisseau spatial, parlant de son voyage intersidéral, nous fait faire un bond de plus de 50 ans en arrière, le film étant sorti sur les écrans en avril 1968.
Ce film a l'aube des années 70 marquera d'autant plus une génération, qu'alors les effets spéciaux, trucages ou images de synthèse que nous connaissons aujourd'hui, n'étaient pas encore de mise. Et La Planète des singes, fut avant tout un choc visuel , car dès l'apparition à l'écran des singes, on est fasciné par ces personnages, mi hommes, mi animaux qui semblent dominer une autre espèce appelée elle même animal ? L'homme...
L'apparition première des singes lors de la scène de chasse dans les champs de maïs, restera longtemps pour moi une vision traumatique, cauchemardesque et irréelle. Elle est pour l'époque d'une violence inouïe.
Mais le film marquera surtout pour la qualité de ses maquillages et les masques de singes.

Le maquillage extraordinaire de John Chambers

Le film allait d'ailleurs devenir une référence en matière de maquillage et de trucages.
Et on doit ce maquillage extraordinaire à John Chambers, qui a obtenu d'ailleurs un Oscar d'honneur en 1969.
En effet, les visages des singes sont saisissants, ils sont tous joués par des acteurs en chair et en os, affublés de prothèses en latex, et l'on peut dire que l'effet est exceptionnel, je pense d'ailleurs avec le recul que c'est une des raisons de la réussite du film.

Roddy McDowall alias Cornelius - Acteur du film La planète des singes
Roddy McDowall alias Cornelius

La trilogie de la planète des singes ...

Sans vouloir trop vous décevoir, l'occasion pour moi de revoir "La Planète des Singes", première adaptation du roman de Pierre Boule, qui aura généré (pour l’instant) pas moins de neuf films et deux séries, fut de me dire que le film avait pris comme on dit "un petit coup de vieux".. n'oublions pas que le film a quand même 53 ans au compteur !
Même si les décors naturels sont splendides, les gros plans soudains sur les acteurs donnent parfois à ce film l'allure d'une série B ou d'un téléfilm. Le rythme est lent, les scènes d'action sont limitées et ne valent que par la présence physique de Charlton Heston...c'est marrant de le voir ainsi torse nu, j'ai toujours l'impression de voir Ben-Hur !? Quant à la mise en scène, elle est minimaliste, mais je pense que ce n'était pas la préoccupation principale du réalisateur Franklin J.Schaffner. L'essence de ce film est plus véhiculée dans ses messages assez forts pour l'époque, que dans l'action proprement dite.

La Planète des singes, film de 1968 - Parabole

Quand fut produit ce premier film, en 1968, les auteurs en ont fait une parabole sur le racisme qui rongeait les Etats-Unis et la peur de la menace nucléaire pendant la Guerre Froide. Lorsqu’on regarde le film aujourd’hui, la dénonciation du racisme est toujours d’actualité et la responsabilité de l’homme envers la planète, la nature et l’avenir de l’humanité encore plus, et c'est bien là l'intérêt principal du film.
Le film est une satire de l'intolérance et du fanatisme religieux. Il aborde de manière métaphorique le mouvement afro-américain des droits civiques, la domination relative de l'homme sur la nature et la peur des conséquences d'un conflit nucléaire.
Le film est très tôt vu comme une évocation du racisme, ainsi dès sa sortie l'artiste Sammy Davis, Jr. l'affirme publiquement en indiquant que c'est « le meilleur film sur les relations entre blanc et noir que j'ai jamais vu ».

La Planète des singes au box office

Le film La Planète des singes fut un succès commercial avec 32 589 000 dollars de recettes en Amérique du Nord pour un budget de 5 800 000 dollars. Il est l'un des plus gros succès de l'année. En France avec 1 715 000 entrées, le film se classe en vingt-huitième position du box-office de l’année 1968 loin derrière 2001, l'Odyssée de l'espace (7e) mais devant Barbarella (54e), les deux autres films de science-fiction de l'année.
On est à l'aube d'une des premières franchises du cinéma bien avant Stars War.

La Planète des singes par chapitre

Le succès de La Planète des singes engendrera également une saga de films composée de

Le Secret de la Planète des singes (Beneath the Planet of the Apes) en 1970
Les Évadés de la Planète des singes (Escape From the Planet of the Apes) en 1971
La Conquête de la Planète des singes (Conquest of the Planet of the Apes) en 1972
La Bataille de la Planète des singes (Battle for the Planet of the Apes) en 1973,
La Planète des singes (Planet of the Apes) en 2001
La Planète des singes : Les Origines (Rise of the Planet of the Apes) en 2011
La Planète des singes : L'Affrontement (Dawn of the Planet of the Apes) en 2014
La Planète des singes : Suprématie (War for the Planet of the Apes) en 2017.

Pour la télévision, la saga est également adaptée en série télévisée en 1974 et en série d'animation en 1975.

Anecdote

Durant la scène du tribunal, alors que Taylor explique d'où il vient, les trois juges adoptent la posture des singes de la sagesse. Maximus se couvre les yeux, le président se bouche les oreilles et Zaïus masque sa bouche. Cette allusion n'est pas prévue par le scénario. C'est le réalisateur Franklin Schaffner et l'acteur Charlton Heston qui en ont l'idée durant le tournage, d'abord pour s'amuser, puis ils la proposent aux producteurs qui acceptent de l'inclure.

Épilogue : "Dont Look up, déni cosmique"

Ou cela nous mènera t'il ? Taylor a la réponse au dernier plan mythique du film... Cette image culte doit nous faire réfléchir au sombre message laisse par son final : peu importe ce qu'il affronte, l'homme restera toujours son pire ennemi, artisan annoncé de son propre anéantissement.

Précisons au passage que ce dernier coup de théâtre (un des premiers twists ?) demeurera longtemps l'un des dénouements les plus mémorables de toute l'histoire du cinéma... je ne le dévoilerai pas pour les générations qui n'ont pas vu le film.
Puisse enfin la re lecture de ce film nous faire réfléchir à ce que sera demain...car le constat est sans appel : la destruction des écosystèmes par la déforestation, l’urbanisation, l’agriculture industrielle et la globalisation économique menace directement la santé planétaire.

Et pour illustrer mes derniers propos et coller à l'actualité, je vous conseille de regarder le dernier film qui cartonne sur Netflix " Don't Look Up, Déni cosmique", d'Adam McKay, qui avec plus 152 millions d'heures de visionnage pour 94 pays, fait un carton interstellaire.

Et si le réchauffement climatique n'est pas toujours perçu par tous, attention de ne pas nous réveiller comme Taylor face à l'inéluctable.
Hollywood ne s'y ait pas trompé dans ce dernier film, et l'Happy End traditionnel vous surprendra.

Enfin on laissera le dernier mot à John Landis, célèbre réalisateur américain, et qui est fan de la saga de la Planète des Singes :
" Défiez vous de cette bête qu'est l'Homme...".